Tuesday, May 22, 2012

Oaxaca ou la fête permanante

Si nous l'avons vu essentiellement sous la pluie, cela ne nous a pas empeché de remarquer qu'on y fait en permanance la fête.

En effet, à 17h, nous croisons une procession de jeunes et de moins jeunes et accoutrement traditionnel, colleretes de dentelles pour les femmes et cierge fleuri pour les messieurs, qui se dirige vers l'église Santo Domingo. Plusieurs jeunes filles portent des écharpes avec des noms à la consonnace locale, et une à même une couronne à paillettes. Devant l'église s'en suite une dance traditionnelle. Nous demandons à une dame en costume s'il s'agit d'un concours de Miss local, mais il semblerait qu'elle ne soit pas bien sure de l'occasion spécifique de cette procession (on en déduit qu'il doit y en avoir beaucoup).

Un peu plus loin, derrière l'église, une estrade à été montée, et en passant on assiste à une représentation de danse contemporaine, aux accents mexicains, assez réussie. Malgré les premières gouttes de pluie, le public apprécie et reste.

Nous prenons le chemin du zocalo, la place principale de la ville, et là, devant la cathédrale, un groupe de quatre musiciens chante des balades sous la pluie, devant un public de familles et de jeunes, dont certains dansent, réfugiés sous les arbres de la place, juste en face.


Nous continuons notre promenade dans la ville (sous la pluie) et arrivons sur une autre place, où une plus grande estrade, avec un orchestre au complet, nous attend. Un jeune rappeur entame le concert (nous constatons qu'à part le mot lexique, il n'y a pas grand chose qui ryme avec mexique) et passe assez vite la main à une diva qui roucoule des tubes mexicains d'antan, tandis que le public, dans des gradins sous la pluie, se delecte.

Affamés, nous dénichons un restaurant sur le zocalo , à l'étage, avec vue sur la cathédrale. Nous avons à peine le temps de commander la spécialité locale, le mole oaxacan aux 100 épices (dont du cacao), qu'éclate un feu d'artifice juste dans l'encadrement de notre fenetre. On demande au serveur l'occasion de ce spectacle, mais il n'a pas non plus l'air de savoir. Puis, un petit quart d'heure plus tard, nous entendons du bruit en contrebas. En nous penchant un peu par la fenetre, nous apercevons un cortege : une camionette transporte un Jésus encadré de deux enfants déguisés en saints (marie et joseph? Nous ne les voyons pas très bien) et est suivie par un cortege a pied composé de plusieurs poupées géantes plus grandes que des hommes, quelques trompettes et trombonnes, et des gens qui chantent. Ils font le tour de la place puis continuent leur chemin.

Monday, May 21, 2012

Clem et Stan autour du monde ft. Anà Ebrard

Une fois n'est pas coutume, nous sommes ravis d'accueillir une guest-star sur notre blog : Anne !

before

A quoi faut-il se préparer quand on rejoint Stan et Clem au Mexique ?

En m'incrustant 12 jours sur le tour du monde de Clem et Stan, je m'attendais à les retrouver tous les 2 dans un état avancé de clochardisation ; mais en fait non, ils sont juste super bronzés et c'est écoeurant.

Les 10 commandements pour survivre au voyage de Clem et Stan : 

1. être prêt à ne jamais dormir plus de deux nuits d'affilé au même endroit.
2. ne pas commencer un concours de photo avec Stan, il gagnera.
3. se préparer à beaucoup marcher.
4. aimer le bus (vraiment).
5. les laisser gérer toute la logistique/paperasse/enguelade avec les administrations etc (surtout quand ils parlent la lanque et pas vous).
6. ils trouvent des amis d'amis d'amis partout, ou bien s'en font en route.
7. ne jamais suivre Clem quand elle ajoute des sauces pimentées : ses papilles gustatives sont en béton, vous finirez en pleurs.
8. ne pas prendre de médicaments, Clem est une trousse à pharmacie ambulante, et a de l'anti-moustiques-fetichistes.
9. ne jamais jamais jamais aborder l'épineux sujet capilaire, même pour la blague, et encore moins prendre parti.
10. SURTOUT ammener un saucisson !


Les 10 commandements pour survivre au Mexique

1. avoir une forte capacité à abandonner un rythme de repas normal pour un français (ici c'est plutôt déjeuner à 16h et café à 21h...).
2. le guacamole compense parce que c'est trop bon le guacamole (guacamole.... guacamole....) et puis c'est vert donc ça ne fait pas grossir.
3. ne pas se lasser quand on vous passe le même navet américain pour la troisième fois dans le bus (toujours en espagnol, pourquoi ais-je fait allemand ??).
4. être prêt à être incarcéré dans un hopital.
5. aimer les églises, une par pâté de maison, ce qui permet aux pratiquants de trouver facilement une messe, et empeche les non pratiquants de visiter les églises.
6. si vous savez jouer de la trompette/saxophone/tuba/trombone à coulisses/tambour, apportez votre instrument, vous pourrez toujours rejoindre une procession/manifestation/concert de rue/parade/des militaires/des grosses poupées. Globalement si vous aimez la fête, le Mexique est fait pour vous. Sur toutes les places que nous avons traversé, du zocalo de Oaxaca, au parking de l'hopital, il y avait des parades dans tous les sens.
7. Prendre des anti-histaminiques si vous avez un terrain allergique. On a passé notre temps à Mexico à éternuer, alors qu'aucun de nous 3 n'a d'allergies.
8. Prendre un déo à bille, le résultat avec l'altitude est inattendu.
9. Se muscler les jambes : Aztecs, Mayas, Zapotecs, Olmecs and co se sont acharnés à faire des marches hautes comme 12 pommes.
10. avoir une très bonne mémoire pour les noms de villes qui se ressemblent : Tenochtitlan, Teotihuacan, Tecolutla, Tacolula, etc...

after

Sinon le Mexique c'est aussi : des margaritas, des hommes avec des capes, des souterains secrets entre les temples et dans les villes, du beau temps (la plupart du temps), des temples de ouf, des tortues, du guacamole, des gens super accueillants, et plein de bon souvenirs.

Ayant perdu mes lunettes dans notre accident de bus, je ne cautionne pas les fautes d'orthographe dans ce post tappé par Clem.

Sunday, May 20, 2012

Les religions au Brésil

Il y a au Brésil surtout des chrétiens. Beaucoup d'églises ou sectes évangéliques (des business pour la plupart), et des catholiques. L'Eglise catholique y est jeune, dynamique, engagée, même si ses fidèles mélangent parfois un peu foi et superstition ou cultes africains dans certaines régions. Nous avons aussi eu la chance de rencontrer des communautés religieuses à l'oeuvre sur le terrain, dans des endroits et sur des problématiques oubliés, faisant un travail magnifique.

Evangéliques
Nous avons été impressionnés par la place des églises évangéliques au Brésil. Les dénominations paraissent rocambolesques et peuvent faire sourire - “église mondiale du pouvoir de Dieu”, “église universelle du règne de Dieu”, “église quadrangulaire”, “assemblée de Dieu”, “église internationale de la grâce de Dieu” ou encore “église apostolique cellulaire” -, mais l'importance de ces églises étonne. A Bélem nous passons dans la rue de l'église catholique Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, et comptons ensuite 7 églises -ou garages- de différentes dénominations évangéliques. En plein centre de Salvador, devant la gare de bus et devant le grand centre commercial Iguatemi - principal de la ville -, trône un énorme édifice de l'église universelle du règne de Dieu, tout neuf, tout éclairé la nuit.

Ce qu'on appelle les évangéliques regroupe beaucoup de choses différentes : au départ un mouvement de protestants se voulant plus charismatiques, il s'agit aujourd'hui de groupes religieux se référant au Christ mais qui peuvent aller d'un petit groupe informel à une grande organisation. Il y a de tout : des groupes de bonne foi, d'autres sans doute moins, jusqu'à de véritables sectes. Tout dépend du pasteur (ou fondateur) et de son interprétation. Les gens viennent y chercher un contact humain, un sentiment d'appartenance, des réponses spirituelles, superstitieuses ou même matérielles...
Au Brésil, en revanche, nous comprenons, lisons et entendons que les “églises” évangéliques se rangent surtout dans la catégorie business : commencées souvent dans un simple garage par un “pasteur”, qui attire les gens en parlant de réussite, les gens semblent y venir en priorité par calcul financier plus que par recherche spirituelle (ce qui ne veut pas dire qu'ils sont tous de mauvaise foi ou qu'ils ne recherchent pas aussi un contact humain, un sentiment d'appartenance à une comunauté ou du spirituel). C'est cet angle que les pasteurs, souvent en costumes cravates, privilégient : dans le magazine édité par “l'église de la grâce de Dieu”, un vieil homme témoigne qu'il avait beaucoup de problèmes financiers, jusqu'à ce qu'il décide de faire une donation pour le “show de la foi” - la chaîne de télévision appartenant à cette église -, moment à partir duquel ses problèmes financiers ont été “miraculeusement” résolus.
A Recife nous nous promenons un samedi soir avec notre ami Aurélien et en voyant la quantité de gens dans les rues piétonnes du centre il nous assure qu'il y a certainement une star de rock internationale en concert. En fait il s'agit d'un meeting évangélique qui rassemble des milliers de personnes de toutes les générations, de toutes la région. Le pasteur parle, longtemps, avec un air savant, mais aussi avec beaucoup d'agressivité et de populisme. L'affiche promet une “vie victorieuse pour toi”.

Nous lisons que ces églises demandent en général à leur fidèles de donner 10% de leur revenus. Les pasteurs ont un marketing très agressif destinés aux plus crédules, en leur faisant miroiter un gain futur. Ce n'est pas grave qu'ils soient pauvres, tant qu'ils sont nombreux et donnent ce qu'ils peuvent. En effet si une église – montée dans un simple garage au départ - “prend” (souvent par rumeur, bouche à oreille et marketing intensif) et que les fidèles affluent, le fondateur fait grossir son organisation, investit pour monter des succursales un peu partout et peut devenir très riche. C'est apparemment le cas du fondateur de l'église universelle du règne de Dieu (appelée par certains “la pieuvre”, une organisation fondée il y a 30 ans, suivie aujourd'hui par au moins 15 millions de personnes et contrôlant 23 chaînes de TV et 40 de radio, ou le double de tout cela selon d'autres sources), Edir Macedo, enrichi en promouvant le concept de "théologie de la prospérité", et qui a des problèmes avec la justice notamment en ce moment pour blanchiment d'argent (il a aussi été en prison pour fraude et charlatanisme en 1992). En revanche le déclin peut venir aussi vite que l'ascension, puisqu'il s'agit quasiment d'un effet de mode, et que la concurrence est rude. Nous croisons ainsi sur les bords de l'amazone, dans des villages insignifiants, des édifices évangéliques abandonnés ou même pas terminés, l'organisation correspondante ayant probablement dû revoir ses “investissements”.
Autres religions
Parmi les religions présentes au Brésil on nous mentionne l'islam, mais très peu présent - notamment à foz de iguaçu et à manaus -, et le judaïsme avec une communauté importante à sao paolo. Nous entendons également parler des influences de spiritualité africaine : l'état de Bahia est célèbre pour le “Candomblé”, sorte de culte vaudou venu d'Afrique avec les esclaves. Mais en discutant on nous explique que c'est mis en avant pour les touristes, mais que cela ne représente en réalité que très peu de gens (moins de 1% de la population s'en réclame). En revanche il est vrai que les brésiliens sont souvent assez superstitieux, et dans beaucoup de domaines – notamment le foot -. Cela peut aussi se traduire par une certaine démesure dans l'expression de la foi, et un mélange d'influences dans le culte (pouvant alors justement mélanger une croyance héritée du Candomblé avec le catholicisme).
Une église catholique très engagée
Le catholicisme est quant à lui très important au Brésil (le premier pays catholique au monde). Au départ, les jésuites sont venus fonder des missions à partir du 16ème siècle -Sao Paolo comme une grande partie des villes brésiliennes, était une mission jésuite -, et ils se sont vite engagés pour défendre les indiens de la convoitise des colons qui voulaient les esclavagiser (par exemple Jose Anchieta et Manuel da Nobrega). Aujourd'hui l'église catholique brésilienne est encore très engagée : cette année pour le Carême, il y avait une grande campagne de solidarité et de lobbying montée par la conférence des évêques brésiliens pour militer en faveur d'une sécurité sociale digne de ce nom dans le pays. Un prêtre français nous dit : “On pense souvent que les évêques brésiliens sont communistes, qu'ils font de la politique. Mais il y a tellement de social à faire, que c'est inévitablement aussi faire de la politique”.
De la même manière, lors de la messe du dimanche de Pâques, à Santarem en plein Amazonie, le prêtre métis mentionne aussi dans son sermon qu'il est irresponsable de manger du boeuf et du soja ici, car ce sont ces activités qui dévastent la forêt et l'environnement.
Nous avons eu la chance d'entrapercevoir un peu la diversité de l'église au Brésil : nous avons assisté à des messes plus traditionnelles et “rangées” -comme à l'église de la Gloria de Outeiro à Rio- ou plus modernes et “envolées” – comme à Ipanema où le prêtre, qui avait une belle voix, chantait comme un rocker au milieu de la nef alors que les fidèles levaient les mains au ciel -. L'église est multiple au Brésil, bien sûr, et elle a des aspects novateurs qui sont peut-être en partie dûs à la concurrence des évangéliques : nous lisons, comme sur d'autres pays, que les évangéliques par leurs méthodes de marketing agressif ou tout simplement par leur accent sur l'expression personnelle, sur la communauté et par leur formes de culte très variées, influencent les catholiques depuis des années – notamment les charismatiques, et par exemple le père Marcello Rossi qui danse et chante apparemment dans ses messes diffusées à la télévision, qui a vendu plus de 12 millions de CD dans sa carrière, et dont nous avons vu partout le dernier livre "agape" - : ces charismatiques retrouvent la valeur d'une communication plus explicite et assumée, avec des moyens modernes, et une plus grande proximité des gens par exemple à travers des chants plus dynamiques et adaptés. En réalité ce sont sans doute plutôt les évangéliques américains, plus “honnêtes” en général que les business brésiliens, qui ont inspirés ces courant dans l'Eglise Catholique, mais la concurrence rude des évangéliques au Brésil rend sans doute ce genre d'évolution d'autant plus pertinente et rapide dans l'Eglise Catholique.
Congrégations religieuses, et “O Caminho”
Nous avons aussi eu la chance de rencontrer des religieux de jeunes congrégations charismatiques religieuses français - des communautés du Chemin Neuf et de l'Emmanuel -, qui font un très beau travail dans les paroisses qui leur ont été confiées. Et nous avons aussi beaucoup apprécié la vitalité d'une jeune et belle congrégation brésilienne : O Caminho.


O Caminho est une congrégation religieuse qui a 10 ans, inspirée entre autres des Franciscains et des Missionnaires de la Charité de Mère Teresa, qui se dédie à l'assistance aux pauvres et aux drogués. Nous avons rendu visite à des soeurs d'O Caminho installées depuis 2 ans dans une favela gérée par des narco-trafficants. En arrivant nous devons les suivre pour être identifiés comme “non-flic” par les gardiens de la favela qui par un signal alerteraient les traficants. Un des buts des soeurs est de s'approcher des drogués – qui viennent s'approvisionner en drogue à 50 mètres de chez elles – par le moyen de cafés gratuits, d'assistance et d'écoute, afin de faire partir ceux qui le souhaitent dans des maisons de désintoxication. Le drogué le plus jeune dont elles s'occupent a 10 ans. Elles jouent aussi un rôle de présence dans un coin abandonné de tous, où les gens ont des histoires terribles. Les familles de la favela, les trafiquants, les drogués, les anciennes prostituées, ont salué leur arrivée en disant : “pour nous vous ne pourrez rien faire, mais pour nos enfants peut-être...” Et la favela a déja un peu évolué : par respect pour ces filles de 18 à 25 ans en robe de bure il n'y a plus de règlement de compte sur la place face à leur maison. Ces soeurs ne vivent de rien, que de la providence. Elles ne veulent même pas peser sur le diocèse. Alors elles expérimentent ce qu'elles appellent la “providence exagérée” : elles comptent sur les aides spontanées et reçoivent finalement en surabondance du lait d'un marchand de la ville toutes les semaines, des gens du coin qui leur donnent des plats... Elles nous invitent à une petite fête chez elles pour fêter les 2 ans de leurs maisons. La porte sonne toutes les 3 minutes, pour un besoin ou un autre, souvent de nourriture. Inlassablement, avec gentillesse, elles donnent ce qu'elles ont reçu.
Nous visitons une autre maison de ces soeurs dans une autre ville, les croisant complètement par hasard et nous faisant inviter à déjeuner chez elles pour le dimanche des Rameaux : ici elles s'occupent plus des pauvres en général que des drogués en particulier, les accueillant tous les jours. Et une fois par mois, elles dorment dans la rue, car pour travailler avec les pauvres il faut d'après elles “comprendre le pauvre et sa vie”. Cette congrégation magnifique, qui compte plus de 200 soeurs, des frères et des laïcs qui donnent leur vie pour un travail de fourmi silencieux mais si beau, nous a beaucoup touché. Il y avait chez tous ces jeunes rayonnantes une ferveur et un don de soi impressionnants.
Ferveur et jeunesse
Il y a d'ailleurs en général au Brésil une grande ferveur. Les grands lieux de pélérinage brassent des millions de personnes, comme “Nosso Senhor de Bonfim” à Salvador, ou “Nossa Senhora de Nazaré” à Belem (il y a plus de 2 millions de pélerins pour le jour du “Cirio de Nazaré" en octobre, et des moyens de communications considérables -tv, radio, jouraux – pour ce seul sanctuaire). Comme déja mentionné, il y aussi souvent en apparence une grande superstition. Mais les gens semblent en général entiers, prêts à se donner avec générosité - les vocations religieuses sont d'ailleurs nombreuses au Brésil -. A un rassemblement de jeunes à Bélèm en préparation des JMJ, nous sentons un enthousiasme et une joie de vivre magnifiques. L'archevêque en tenue regarde avec bienveillance les saynettes préparées par des jeunes en jeans, qui hurlent de joie quand on leur dit que l'Eglise a besoin de saints contemporains, en t-shirt qui mangent des pizzas avec leurs amis : cela ressemble sans doute à des événements français comme le FRAT, mais nous n'y avons jamais été. Il y a certainement aussi au Brésil les qualités humaines des brésiliens qui rendent cette église d'autant plus accueillante et vive. 


Décidément, revenir à Rio l'année prochaine pour les JMJ serait une expérience enthousiasmante, dans ce pays si chaleureux, à l'église jeune, dynamique et engagée !

Saturday, May 19, 2012

Recette : mole mexicano

Le “mole” (prononcer mau-lé) est la sauce accompagnante qu'on trouve sur toutes les tables mexicaines à tous les repas. Tout restaurant qui se respecte en proposera un ou deux fait maison. C'est Letizia, cuisinière de Zandra la tante de Benjamin, qui nous a donné sa recette.

Ingrédients :
8 tomates rouges
2 à 5 petits piments (selon votre goût)
1 tête d'ail
une pincée de sel


il y a deux façons de procéder : nous avons choisi la plus traditionnelle : mortier et pilon en pierre, mais pour plus de simplicité, on peut aussi utiliser un blender.

  1. Faire cuire à feu doux les tomates et piments entiers, en les posant dans une poêle, sans huile, sur un feu doux pendant 20 minutes environ, en prenant soin de les tourner régulièrement pour que la cuisson soit homogène. Ce n'est pas grave si la peau est un peu brûlée par endroits, car la retire avant l'étape suivante.
  2. Dans le mortier, mettre la tête d'ail, les piments, et le sel, et à l'aide du pilon, broyer le tout jusqu'à ce qu'il ne reste plus que la pulpe. Y rajouter un fond de verre d'eau. (si vous utilisez un blender, mettez un fond d'eau dès le début)
  3. Piquer une fourchette dans la tête de la tomate (l'endroit où se trouvait la tige) et avec le pilon, écrasez la tomate dans le mortier, en prenant soin de retirer la tête. Répéter avec toutes les tomates. (Si vous utilisez le blender, retirer la tête des tomates avant de les mixer)
  4. Broyez bien le tout, et servez le avec vos plats mexicains préférés : tacos, fajitas, etc, ou bien tout simplement avec une escalope de poulet ou tout autre plat qui vous chante !!

 Observation : on trouve aussi au Mexique des tomates vertes, plus petites et poussant dans un cosse. On s'en sert pour faire du mole vert. Pour cette recette, on ne se fatigue pas à enlever la peau des tomates, et on rajoute des feuilles de coriandre en début de recette, avec l'ail et les piments. On peut utiliser toutes sortes de piments, qui selon l'espèce n'ont pas le même goût ni la même force (la règle générale étant “plus il est petit, plus il pique”).


Buen provecho !

Sunday, May 13, 2012

En terre Maya

La grande pyramide de Chichen Itza
Leur civilisation à plus de 4000 ans, avec son apogée entre 300 et 900 apres JC (appelée période classique en jargon d'archéologue). Ils n'avaient pas d'animaux de trait et n'utilisaient pas la roue, mais ils ont construit des pyramides vertigineuses et avaient une connaissance des cieux bien plus poussée qu'aucune autre civilisation à cette époque. Ils étaient répartis sur de nombreuses cité-états (Palenque, Tikal, Chakmul, Uxmal, Coba, Tulum, Chichen Itza...), qui guerroyaient entre elles pour conquérir ressources agricoles et esclaves, et étaient adeptes des sacrifices humains (mais pas autant que leurs cousins les Aztecs).



Coba
fascination pour la mort, et rites sacrificiels ...
le fameux "jeu de balle" dont on de sait si c'étaient les
 vainqueurs ou les vaincus qui étaient offerts en sacrifices
aux dieux

Et puis aux alentours du 10ème siècle, la plupart de ces cité-états sont entrées en déclin, sans qu'on ne sache précisément pourquoi. Certains archéologues pensent qu'une trop forte expansion des villes, pouvant héberger jusqu'à 100 000 habitants, à mené à une surexploitation des ressources naturelles, puis à une famine, et enfin à une sorte d'exode urbain. D'autres, constatant que certaines villes portent des traces d'incendies sur des bâtiments administratifs, pensent qu'il s'agit de conflits sociaux qui auraient mis fin à l'ordre établi. Tous sont plus ou moins d'accord pour dire que les Mayas n'ont pas disparus, ils ont tout simplement arrêté de construire des temples, et plus ou moins abandonné leurs grandes cités pour retourner à leurs champs. 

Tulum, ville forte en bord de mer
Avec le temps, les cités abandonnées se sont recouvertes de végétation, et ont été dissimulées par la jungle. C'est justement ce qui nous permet de les admirer aujourd'hui. Car lors de l'arrivée des espagnols, au début du 16ème siècle, les Aztecs étaient au sommet de leur splendeur, et les colons, dans leur zèle de conquête et de conversion, ont détruit les palais et pyramides de la formidable capitale Azteque de Tenochtitlan pour reconstruire des églises et forts avec les mêmes pierres, souvent sur les mêmes emplacements. Les Mayas, passés sous le radar, furent convertis, mais leurs cités oubliées.
Aujourd'hui, dans la péninsule du Yucatan, au sud-est du Méxique, et jusqu'au Guatemala et au Bélize au sud, on peut admirer certaines de ces magnifiques ruines, qui nous laissent entrevoir ce qu'à pu être cette civilisation au sommet de sa gloire. 

Palenque, le palais et la tour de l'observatoire

Wednesday, May 2, 2012

Manitos Creciendo

En 2007, Clem passait quelques mois au sein d'une association péruvienne, basée dans la ville de Piura, dans le nord du pays. Comme nous étions dans la région, nous en avons profité pour aller rendre visite à ses amis là bas, 5 ans plus tard.

CANAT, c'est à dire le Centre pour le Soutien aux Enfants et Adolescents qui Travaillent, à été crée à la fin des année 1990 à l'initiative d'un jésuite, avec pour but d'aider les très nombreux enfants qui sont obligés de travailler pour aider à nourrir leur famille. CANAT à deux programmes principaux :

  • Manitos Trabajando (les petites mains qui travaillent) qui vient en aide aux enfants jeunes, qui sont encore scolarisés, en leur donnant un endroit près du marché de la ville (où ils sont nombreux à travailler) où ils peuvent prendre une douche, un repas chaud, et avoir de l'aide pour faire leur devoirs. 
  • L'autre programme, Manitos Creciendo (les petites mains qui grandissent), celui où Clem avait travaillé, vient en aide aux adolescents, qui sont déjà de-scolarisés, et leur propose de suivre une formation technique qui leur permettra d'être plus qualifiés et de mieux gagner leur vie. Les 4 formations proposées sont : couture, coiffure, cuisine, et mécanique. Après leurs 12 ou 24 mois de formation, ils auront fait un stage et sont d'ailleurs assez demandés par les restaurants, ateliers de couture, salons de coiffure et garages de la ville, tant la formation est réputée bonne.
  • cours de cuisine
coiffure : les élèves apprennent en coiffant
gratuitement les personnes du quartier
cours de couture
Les contextes sociaux et familiaux de ces enfants sont souvent très durs : familles victimes de l'exode rural, vivant dans une pauvreté extrême, familles mono-parentales, parents ou grands frères ou sœurs en prison pour trafique de drogue ou vol à main armée, abus sexuels dans un contexte ou les filles ont peu de valeur et sont les premières dé-scolarisées ... Ces familles vivent souvent dans des terrains vagues sur lesquels on a érigé rapidement quatre piquets entre lesquels on a tendu des pans de paille tressée, le tout couronné d'une bâche (il pleut peu dans la région). Peu ont électricité et encore moins de l'eau courante (d'où l'intérêt de proposer aux enfants une douche quotidienne). Le repas proposé aux enfants incite les parents à les laisser se rendre à Manitos : même si pendant le temps où ils font leurs devoirs ils ne rapportent pas d'argent au foyer, il y aura un repas en moins à leur fournir. La formation des adolescents ne leur prend que quelques heures l'après-midi, ce qui ne les empêche pas de continuer à travailler pour leur famille en attendant d'exercer leur nouveau métier qui rapportera plus. CANAT fait tout pour que les enfants et adolescents soient gagnants sur le long terme, sans que les familles y perdent sur le court terme.
un repas chaud chaque jour
Dans les deux programmes, les enfants et adolescents sont suivis par un psychologue, ont plusieurs fois par an des ateliers sur des thèmes qui les touchent de près : non-violence, VIH-SIDA, confiance en soi, éducation sexuelle... Car finalement, c'est à travers ces enfants et adolescents qu'on peut aussi toucher le reste de la famille.
une ancienne élève de Manitos travaille dans un atelier de couture sur le marché de Piura
En conclusions je dirais que durant notre voyage nous avons pu rendre visite à un certain nombre d'associations, et que nous sommes de plus en plus convaincus que celles qui valent vraiment la peine d'être soutenues sont celles gérées avec rigueur, mais par des locaux, qui connaissent mieux que des étrangers les besoins les plus urgents, et la meilleure façon d'y faire face. CANAT est exemplaire de ce point de vue. C'est Gaby, une femme aussi petite que remarquable, qui est à la tête de l'institution, épaulée par toute une équipe de péruviennes, dont certaines anciennes élèves devenues professeurs ou chargées de programme, et aidée par des volontaires étrangers (pour la plupart espagnols, français, ou allemands) qui viennent pour quelques mois ou quelques ans.

CANAT a deux besoins à présent :
  • un besoin de financement, car face à la crise, certains de ses donateurs habituels (notamment en Espagne) ont du mal à renouvellement leur dons. Si vous souhaitez faire un don, vous pouvez le faire à travers l'association loi 1901 Une Main Tendue Vers le Pérou qui vous enverra un reçu donnant droit à une réduction d'impôts.
  • Un besoin de volontaires : il y a une petite dizaine de volontaires actuellement répartis entre les différentes œuvres de CANAT, mais tous seront partis d'ici la fin du mois d'août. Les pré-requis pour être volontaires : parler espagnol (pas forcement parfaitement), aimer travailler avec les enfants ou les jeunes, être humble et accepter le mode de fonctionnement sur place. Si vous connaissez des jeunes qui souhaitent donnez quelques mois (ou plus!) de leur vie et que cette expérience intéresseraient, écrivez-nous et nous vous mettrons en contacte avec Gaby !
    une volontaire aide une jeune élève lors du soutien scolaire
    Et voici un album avec quelques visages de Piura : https://picasaweb.google.com/111032676319290923536/VisagesDePiura

Quelques réflexions en quittant le Brésil

Gentillesse
La première chose que nous retiendrons du Brésil, c'est la gentillesse des brésiliens et leur accueil chaleureux. Rarement comme au Brésil nous aurons été autant été invités chez des gens que nous connaissions à peine, en toute simplicité. Dans l'ensemble les brésiliens sont souriants, chaleureux, et peu stressés. Même à Sao Paolo, alors qu'un jour dans le métro à l'heure de pointe les portes ne s'ouvrent plus pendant quelques stations et que certaines personnes ont certainement raté leur arrêt, les gens rigolent. Nous avons de la chance, elles recommencent à s'ouvrir à la station où nous descendons. Surtout, nous nous disons qu'à Paris l'attitude des passagers n'aurait pas été la même.
Cultures
La culture brésilienne est multiple : nourrie de racines indigènes, d'Afrique, d'Europe, et même d'Asie (il y a par exemple beaucoup de japonais à Sao Paolo) elle diffère beaucoup selon les régions - avec par exemple des cuisines proche de l'Argentine au sud, de l'Afrique à Bahia, amazonienne au Nord...-, mais est toujours dynamique et riche. Surtout, les brésiliens se retrouvent tous pour une chose : la musique (et tout ce qui y est associé : la danse et la fête). Jamais nous n'avons entendu autant de musique qu'au Brésil, de tous les styles imaginables (étonnemment d'ailleurs, nous n'avons jamais autant entendu les Beatles qui y sont encore ultra populaires).
Mixité
Le Brésil, en général, c'est une grande salade. La cuisine aux influences les plus diverses reflète bien la société : on prend ce qu'on a, on mélange des choses très variées et on voit ce que ça donne. On est pas inquiet, ça ne peut pas être mal. Il y a au Brésil des gens de toutes les cultures, et de toutes les couleurs. Pourtant le cliché d'une société harmonieuse sans racisme n'est pas tout à fait vrai. Comme à beaucoup d'endroits, plus la peau est foncée, moins on est riche, et moins on est valorisé. On nous raconte ainsi l'histoire de la mère de Ronaldo – qui a la peau foncée- qui s'est vue dire qu'elle devait prendre l'ascenseur "de service" et non l'ascenseur "social" (c'est ainsi qu'on appelle l'ascenseur principal au Brésil).
Insécurité
Une autre idée qui nous a parue exagérée est celle de la dangerosité du pays. Bien sûr, comme partout, on ne va pas n'importe où à n'importe quelle heure sans se renseigner. Et le Brésil a des statistiques particulièrement effrayantes (25 homicides par an pour 100 000 habitants contre 1 en France). Mais tout Rio n'est pas un immense coupe-gorge comme on pourrait en avoir l'impression quand on entend parler du Brésil de loin. Tout comme Salvador n'est pas un immense coupe-gorge comme certains paolistas (habitants de Sao Paolo) ou cariocas (habitants de Rio) aisés peuvent parfois le sous-entendre. Comme bien souvent, l'insécurité concerne dans la grande majorité des cas des zones défavorisées. De la même manière le terme de “favela” s'applique à un endroit où les logements sont informels : il y a des favelas dangereuses, d'autres moins, et certaines pas du tout. Il ne faut pas généraliser et ostraciser, il faut, comme partout, se renseigner. Et comme nous a dit notre hôtesse à Bélem quand nous lui avons demandé par quelle rues nous pouvions rentrer la nuit : “Soyez juste attentifs, et si une rue est vide ou mal éclairée et que vous ne la sentez pas, contournez-la”. 
Eldorado
L'image d'Eldorado du Brésil ne nous a pas non plus convaincue. Il est vrai que nous avions de grandes attentes, et que nous imaginions un développement impressionnant, efficace et sans entrave. Mais nous avons senti quelque chose de “bancal” dans la manière dont fonctionne ce pays, auquel nous ne nous attendions pas. Et ce n'est pas uniquement notre impression mais bien aussi celle de gens rencontrés, qui y vivent depuis longtemps. 


Le Brésil est tout d'abord un pays très très cher. Les prix sont quasiment les mêmes qu'en Europe, mais pas forcément pour la même qualité. Cela s'explique par un système de taxe vertigineux : il existe des taxes d'importation très importantes qui ferment le pays aux produits étrangers, ou les renchérissent considérablement, mais il existe aussi des taxes à la production énormes. Les prix étant très élevés, les inégalités se font d'autant plus sentir. Il y a au Brésil des gens très très riches – les hélicoptères à Sao Paolo sont une des fiertés de la ville -, et des très très pauvres (le Brésil est 75e en indice de Gini – qui calcule l'écart entre les riches et les pauvres -. La France est 8ème, ce qui n'est pas si mal).
On nous explique que le pays produit en fait peu de choses -il n'y a pas de constructeur automobile brésilien par exemple, à la différence de pays comme l'Inde, la Chine ou la Corée- alors que le marché est important (presque 200 millions d'habitants). Le Brésil exporte surtout des matières premières (minerais, soja et boeuf notamment produits en Amazonie au détriment de l'environnement) qui sont transformées ailleurs. En échange le pays achète la plupart des biens élaborés à ses partenaires. Cela est sans doute tenable tant qu'il y a des ressources -elles sont énormes, et on a encore découvert récemment du pétrole au large de Rio-, mais ne stimule pas le pays, la production, la créativité, et l'emploi privé.
Etat
L'Etat récolte toutes ces taxes et les réutilise dans ses programmes aux niveaux fédéraux et régionaux. Mais l'Etat brésilien est un mastodonte aux politiques coûteuses et qui met des règles et des procédures partout. Il paraît ainsi que le système fiscal est d'une complexité étonnante. Le système de retraites brésiliens est aussi le plus généreux au monde, donnant droit à une retraite conséquente dès qu'on a atteint un certain âge sans obligation de cotisation, ce qui sera complètement intenable dès que la population brésilienne commencera à vieillir (d'après the economist). Malheureusement dans le même temps le système scolaire est souvent très insuffisant (bien que les enfants aillent désormais à l'école grâce au système de "bolsa familial" que Lula a mis en place : des allocations familiales conditionnées par la scolarisation des enfants). Et la corruption est apparemment très répandue, notamment aux niveaux les plus locaux.
Le résultat est que le Brésil parvient à conjuguer procédures et foutoir (le sport national est de contourner les règles et procédures), inefficacité (emplois d'Etat pantouflards plus ou moins utiles), et corruption. Ainsi de nombreux projets seraient mal calibrés, avec des surcoûts liés à la corruption, des délais mal tenus, une qualité rognée – on nous parle des problèmes que la FIFA a en ce moment avec les chantier brésiliens pour la coupe du monde...-. On voit aussi au Brésil des choses aberrantes : par exemple des voitures avec des phares bleus, ou rouges. Ça n'éclaire rien du tout la nuit mais on nous explique que c'est la mode... On nous dit aussi qu'il faut se méfier de la police fédérale : en allant à une plage à Rio les amis qui nous emmènent en voiture nous expliquent que nous allons passer par un endroit où la police fédérale fait souvent des barrages et demande des backschichs aux gens au moindre prétexte trouvé. Ces barrages sont notamment fréquents avant Noël afin de se permettre de plus beaux cadeaux...
En bref certaines régions du Brésil pourraient faire penser, par certains aspects et dans une certaine mesure, à l'Inde : inefficacité, bazar, règles étranges, emplois inutiles, corruption, manque de pragmatisme et aberrations très drôles à constater mais certainement moins drôles à vivre. Mais si nous appuyons sur ces aspects du Brésil, c'est surtout pour tempérer l'image d'eldorado que ce pays a aujourd'hui, qui nous semble exagérée. En réalité, 2 mois pour traverser et comprendre un si grand pays, c'est insuffisant : notre perception est probablement biaisée par le fait que nous nous sommes plus concentrés sur le nord, sans visiter des villes comme Curitiba, Porto Alegre ou Brasilia, plus développées et dans des états plus modernes. Mais dans tous les cas si cette image d'Eldorado peut peut-être s'appliquer à certaines régions, elle ne s'applique certainement pas à toutes, et pas sans bémol.
Le Brésil est quand même un pays qui avance (et qui essaie de changer sur certains des aspects mentionnés). Aujourd'hui il est devenu la 6ème puissance mondiale devant le Royaume-Uni, et on nous explique qu'il étend son influence économique et politique sur toute l'Amérique latine, qu'il investit en Afrique, et que c'est pour cela que Djilma, sa présidente, peut élever la voix devant les autres puissances, européennes et américaines. 
Consumérisme
D'ailleurs si le Brésil nous a fait un peu fait penser à l'Inde, il nous a aussi fait penser à la Chine : c'est le pays après la Chine dans lequel nous avons vu le plus de grues et de chantiers (mais le Brésil n'a enregistré une croissance que de 2,7% en 2011, pour une inflation à 6,9%...). C'est aussi le pays après la Chine qui nous a plus impressionné par ses centres commerciaux immenses et clinquants, ses classes moyennes qui accèdent à un certain confort et se précipitent pour consommer, gâcher, et polluer. Les soirs de week-end à Santarem - une ville au milieu de l'Amazonie -, les jeunes rivalisent en bruit avec les sonos de leur 4x4 rutilants alignés le long de la promenade qui surplombe le fleuve pour faire danser les passants. Au Brésil on nous a aussi commenté que la plupart des gens sont en surpoids, et dans des proportions impressionnantes, à l'exception des classes aisées qui font attention à leur corps et pas seulement en terme de chirurgie esthétique. 

Mais ce qui nous a le plus étonné c'est que cette consommation brésilienne se fait à crédit : même la nourriture s'achète en plusieurs fois... Après la crise de 2008, cela nous a semblé suspect. Et au moment où tous se préoccupent de plus en plus de l'environnement, le fait de vivre d'une rente de matières premières et agricoles exploitées souvent au détriment de l'amazonie, cela semble anachronique.
Avec la perspective de la Coupe du Monde de Football (2014), et des Jeux Olympiques (2016 à Rio), le Brésil s'emballe. Ces événements seront peut-être un test de maturité, et une présentation du pays sous les projecteurs internationaux, un peu comme en Chine en 2008 avec les JO de Pékin et en 2010 et l'exposition universelle de Shanghaï. Mais là aussi des personnes vivant au Brésil nous ont confié suspecter une bulle dans l'emballement actuel...
Dans tous les cas nous seront très probablement de retour au Brésil en 2013 pour les JMJ à Rio. Nous serons alors très heureux d'y retrouver les si gentils brésiliens, et surtout de vivre un moment très fort, dans un pays où l'église est belle et engagée. (voir le post sur les religions au Brésil, à venir)

source : http://www.ambafrance-br.org/IMG/pdf/_France-Bresil-Chiffres-2011_.pdf