Wednesday, February 23, 2011

Quand on cherche, et que l'on trouve...

A l'office du tourisme, ils ne connaissent pas d’église catholique et nous avaient indiqué les églises anglicanes. Puis, la propriétaire de notre B&B nous a indiqué où elle pensait qu'il y en avait une. Par précaution et pour connaître les horaires de messe, nous terminons samedi notre première ballade dans la ville par une reconnaissance: au lieu indiqué, rien. Une petite fille nous indique une église un peu plus loin mais en y arrivant, nous n'y trouvons aucun nom et aucune indication d'horaires de messe. Tenaces, nous sonnons à la maison voisine, qui ne répond pas. Nous traversons alors la rue, et trouvant la maison d'en face entrouverte, nous frappons. Une petite dame d'une cinquantaine d'années arrive et nous indique gentiment la bonne adresse, 500 mètres plus loin. Puis, au moment de la laisser en la remerciant, elle nous demande d'où nous venons. Quand elle apprend que nous sommes français, son visage s'illumine : elle nous explique qu'elle est professeur de français à Graff-Reinet. Natasha nous parle dans un français impeccable, sans accent. Elle est très fière quand on lui fait remarquer, et elle nous le fait répéter en anglais pour son amie qui est venue prendre le thé. Elle nous fait entrer et nous dit qu'elle veut prendre le temps de nous rencontrer au déjeuner le lendemain et qu'elle aimerait nous faire rencontrer ses élèves lundi matin. Et en effet, nous retrouvons Natasha et une de ses élèves, Fadette, pour le déjeuner samedi. Nous parlons de tout et de rien, alternant entre français, puis traduction anglaise quand cela va trop vite pour Fadette. Nous passons un très agréable moment et décidons de rester 24h de plus que prévu à Graff-Reinet à la demande de Natasha, pour pouvoir passer un peu de temps avec une autre de ses élèves, Christine, lundi matin. En fait, si Natasha est déjà venue en France (trop peu de temps, selon ses propres dires) aucune de ses élèves n'a côtoyé d'autres francophones qu'elle, et elle est ravie de leur permettre de rencontrer des vrais français. Lundi matin nous allons donc à l'école : c'est très intéressant de voir les uniformes, les classes de filles et de garçons, mais aussi le bel environnement et la mixité de couleurs parmi les élèves de cette école à l'anglaise qui s'est ouverte à tous à la fin de l'appartheid. Christine, 15 ans, sèche un cours - avec l'autorisation de l'accueillant proviseur - pour parler avec nous. Là encore, nous alternons français et anglais et répondons à ses questions sur la France et Paris. Puis Natasha nous invite chez elle à prendre un thé, dans une des plus vielles maisons du Graff-Reinet, et nous raconte les différents projets qu'elle monte et auxquels elle participe. Elle est très active, passionnante et très chaleureuse. Nous avons du coup une très bonne perception de comment on peut vivre dans cette charmante ville. Des livres sur la France traînent partout. Quelle chance d'avoir sonné samedi à la porte de la seule personne qui parle français dans cette ville de 20 000 habitants !

Graff-Reinet

En partant de Stellenbosch nous avions prévu de suivre la "Garden Route" qui longe la côte sud du pays, entre Mossel Bay et Storm River. Nous qui n'avions vu que le soleil depuis 2 semaines avons été surpris par le mauvais temps, et un peu déçus par la route qui s'est avérée moins jolie que ce à quoi nous nous attendions. Nous avons quand même inauguré la tente (que nous avions acheté d'occasion au Cap) dans une ferme près de Knysna, puis après une courte balade sur la plage de Plettenburg Bay, sommes partis 300km au nord, dans les terres du Karoo, jusqu'à la ville de Graff-Reinet.

4eme ville établie en Afrique du sud, Graff-Reinet reste relativement petite, avec un centre-ville historique en cercle, lovée entre plusieurs pics rocheux, au cœur de la région semi-aride du Karoo. Un bon nombre de bâtiments sont classés monument historiques, et ont cette architecture classique d'ici: un ou deux étages, toits de chaume, façades d'un blanc éclatant, et volets et portes vertes. Cela procure une douce unité à la ville que nous n'avons pas vue jusqu'ici. Par ailleurs nous avons appris en discutant avec des gens ici que les férus d'histoire ont formé une "Historical Society" que notre interlocutrice a par la suite appelé en rigolant "Hysterical Society" tant ses membres sont réputés pour monter sur leur grand chevaux à la moindre tentative de modernisation de la ville.
Nous avons profité du parc national Camdeboo environnant pour faire une petite randonnée de quelques heures et puis le soir sommes allé dans la Vallée de la Désolation, qui contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire est un endroit magnifique, dans lequel nous avons pu apercevoir des petites antilopes, un singe, et une grosse tortue. Depuis les points de vue nous avons pu admirer la ville en contrebas, et regarder le soleil se coucher parmi les pics rocheux, sur les montagnes au loin.

Stellenbosch et la région des vins

Tout d'abord nous nous devons de commencer par un IMMENSE merci à Tante May-Eliane de nous avoir accueillis aussi longtemps et aussi chaleureusement. En effet, nous avons passé 5 merveilleux jours à Glennely, petit coin de paradis entouré de vignes, et où l'on produit un doux nectar que nous avons dégusté avec plaisir.


A 45 minutes du Cap, Stellenbosch est un des tout premiers endroits où les colons hollandais ont planté des vignes, dès 1680, dans le but d'en faire du vin. La révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV en 1685 donna lieu à un exode massif d'Huguenots français vers l'étranger, et une partie de ceux qui s'enfuirent aux Pays-Bas poursuivirent jusqu'en Afrique du Sud, avec parmi les peu de biens qu'ils emportèrent, des pieds de vigne, et leur expérience de cultivateurs. Une petite communauté de français s'installa donc dans un coin non loin de Stellenbosch, appelé Franschhoek, ce qui fait que nombre de domaines ou de lieux dans les environs portent des noms français. Mais afin d'encourager la bonne intégration de cette communauté à la colonie hollandaise grandissante, le gouverneur interdit aux huguenots de parler français entre eux, de dire la messe en français, ou d'enseigner en français, ce qui fait qu'au bout d'une génération, il ne restait de français que les noms de familles et les noms de lieux.
Aujourd'hui Stellenbosch est la route des vins la plus réputée d'Afrique du Sud, et de fait on y trouve non seulement du très bon vin, mais aussi des paysages à couper le souffle. C'est également le lieu de la prestigieuse Stellenbosch University où 27000 étudiants suivent des cours dans toutes les matières.
Pendant ces quelques jours nous avons donc pu recharger nos batteries, et profiter de Tante May-Eliane. Femme passionnante, elle a fait du vin fort réputé dans le Bordelais pendant de nombreuses années, et parvenue au vénérable âge de 80 ans, a décidé que les terres d'Afrique du Sud recelaient un potentiel incroyable, et a transformé un verger en vignoble. (et dire qu'il y en a qui râlent parce que la retraite est repoussée à 65 ans...) Avec une solide équipe elle a pris une bonne année pour décider quels cépages planter sur quels coteaux, et a fait construire une "winery" à la fois incroyablement moderne et aussi écologique que possible  - grâce à son utlisation de la pesanteur elle n'utilise quasiment pas d'électricité et le domaine est auto-suffisant en eau -. La "winery" comporte aussi de magnifiques espaces de dégustation avec des oeuvres de jeunes artistes et une collection de verres, une des passions de tante May-Eliane. D'autre part les employés à temps plein sont logés dans des maisons non loin du vignoble dont ils deviennent propriétaires au fil des années, et un "Care Center" est ouvert pour leurs enfants à la sortie de l'école, où Rose-Mary joue avec eux, les aide avec leur devoirs, leur apprend à cuisiner, jardiner...
Sans compter que les vins "Glass collection" et le fameux "Lady May" sont excellents! Bref, c'est un projet à la fois très qualitatif, mais aussi esthétique, écologique et équitable, mené par une femme à l'énergie débordante qui nous a énormément inspiré !

Nous avons aussi pu suivre les évolutions politiques en Afrique du Nord que nous suivons de près car nous prévoyons de passer en Israël à partir de mi-avril.

Pauvreté et développement dans les Cape Flats

En complément de la visite de Soweto à Johannesburg, nous avons eu au Cap la chance de rencontrer plusieurs personnes qui nous ont introduits à d'autres aspects des townships. Nous avons ainsi passé une matinée à sillonner les "cape flats" (les townships du Cap) avec Wolfgang, un professeur universitaire spécialisé dans le développement économique local, qui nous a sensibilisés aux conditions nécessaires pour développer un quartier.

Nous sommes impressionnés de voir à quel point les quartiers ont été conçus pour séparer les populations des diverses couleurs et éviter qu’elles interagissent. Ces quartiers sont très éloignés du centre (blanc), et le quartier des "coloured" - Mitchell's Plain- est séparé de celui des "blacks" - Khayelitscha, Philippi, Nyanga - par une large bande de terrain inconstructible. Bien sûr, rien n'a été prévu pour "occuper" les gens et on n’a pas favorisé l'implantation d'industries à proximité de la main d'œuvre.
Cependant, maintenant que les choses ont été ainsi pendant plusieurs années, des équilibres se sont établis : avant de vouloir tout changer, il faut faire attention aux impacts que cela aura. Par exemple en terme de transports: dans toute l'Afrique du sud un système de minibus taxis informel s'est mis en place, peu coûteux et apparemment très efficace. Les gens peu aisés le connaissent. Si l'Etat investissait beaucoup dans de nouvelles infrastructures de transport en commun, cette industrie semi-formelle en souffrirait.
Par ailleurs, ils faut apprendre à nous méfier de nos préjugés d'européens: au lieu de nous horrifier devant ces gens qui vivent dans ce que nous appellerions "logement insalubre" il faut commencer par différencier ceux qui ont de l'eau courante, ceux qui ont de l'électricité, certains ont une partie de leur murs en durs, et la totalité ont la possibilité d'améliorer leur logement à mesure qu'ils en gagnent les moyens, souvent en y ajoutant  une ou plusieurs pièces en tôle ondulée à l'arrière. Cela a l'immense avantage d'être flexible, et bien sûr il n'y a pas besoin de permis de construire. Nos interlocuteurs ont l'air de penser qu'il faut contribuer à améliorer les choses dans d'autres champs que le logement, notamment en aidant à la création de travail pour les gens des townships.
Un grand merci à Wolfgang de nous avoir consacré son temps et partagé ses connaissances des cape flats.

Nous avons aussi rendu visite à la boutique Township Patterns qui vend dans un centre commercial chic des habits au design inspiré des townships, et confectionnés par des coopératives de femmes des cape flats. Une ONG (ASB) s'occupe d'aider à monter ces coopératives, de former et approvisionner les femmes, et une entreprise s'occupe de vendre leurs produits. Nicole-Marie et Oné nous ont gentiment consacré de leur temps pour nous expliquer comment elles montaient une coopérative, du recrutement à la formation, puis au suivi du travail effectué. Les produits finis, dans les rayons de la boutique townships, sont bien tentants... à quand leur disponibilité en Europe ...?

Nous avons enfin passé une autre matinée dans les townships avec Abalimi, une ONG qui y soutient le développement de jardins potagers et développe un business équitable de paniers bio issus des townships. C'est Christina, une "fermière" d'une soixantaine d'année, qui nous montre les différents jardins au cœur des townships. Elle nous explique que dans chaque jardin, il y a entre 6 et 9 personnes qui travaillent. La plus grande partie de la production est destinée à la vente en gros (à l'entreprise de paniers bios, ou bien aux supermarchés locaux), ce qui est le plus rentable pour eux, mais une petite partie est obligatoirement pour les "fermiers", pour leur consommation propre et celle de leur voisinage. Cela donne accès à des légumes à des gens qui les ont souvent rayés de leur alimentation, créant des problèmes d'obésité. Rob, l'initiateur du projet Abalimi, nous explique qu'ils ont recréé une étape nécessaire entre le cultivateur de subsistance et l'exploitation agricole. En effet, si beaucoup rêvent d'arriver grâce à leur travail à un niveau de vie occidental, peu sont prêts à y mettre le temps et l'énergie nécessaire pour y parvenir. Ils sont donc très contents de trouver cette étape qui leur permet à la fois de consommer le produit de leur travail, et de gagner par ce même travail assez d'argent pour faire vivre leur famille. A ce jour, Abalimi compte environ 300 fermiers dans les townships, et environ 1000 à 2000 personnes qui ont été formées et ont acheté des graines et terreaux pour créer leur propre potagers.

En bref, c'est passionnant de voir le dynamisme des gens qui veulent faire évoluer les choses. Ils sont unanimes sur le fait que cela demande du temps, et de l'intelligence pour comprendre avec finesse les enjeux locaux et apporter des solutions réellement pragmatiques et adaptées.

Recette du Jour: Salade de quinoa au potiron et à l'orange

Suite à notre tour des jardins potagers des townships, voici une recette végétarienne fort sympathique, pour 4 personnes.

Il vous faut:
- 180g de quinoa
- 400ml de bouillon de légume
- 2 oranges
- 1kg potiron coupé en dés
- 160g de pois chiches cuits
- 5 échalotes émincées
- 30g de noix en morceaux
- 300g de roquette
- 200g de féta
- 120ml de vinaigre balsamique
Préchauffez votre four à 200°. Faites chauffer dans une casserole le bouillon de légume, le quinoa et le jus d'une orange, portez à ébullition puis baissez le feu et couvrez pour 10-15 minutes jusqu'à ce que tout le liquide soit absorbé, puis retirez le tout du feu et laissez refroidir.
Coupez l'orange restante en quartiers. huilez et disposez les cubes de potiron, les pois chiches, les échalotes, et les quartiers d'orange sur une plaque, puis mettez le tout au four pour 20-25 minutes jusqu'à ce que les pois chiches soient croquants et le potiron tendre, puis sortez la plaque et laissez tout refroidir.
Faites chauffer les noix dans une poêle sans graisse pendant 3 minutes jusqu'à ce qu'elles soient dorées, puis mettre de côté.
Faites chauffer le vinaigre balsamique dans une casserole a feux moyen, portez le a ébullition et touillez le pendant 4 à 5 minutes, jusqu'à ce qu'il ait réduit de moitié et soit sirupeux, puis laissez le refroidir.
Dans un grand saladier, mélangez tous les ingrédients, salez et poivrez, et assaisonnez avec le vinaigre balsamique.

Bon apétit  !!

Wednesday, February 16, 2011

C'est un roc, c'est un pic, c'est un cap... que dis-je, c'est une péninsule !

Il y a plein de choses à faire dans la région du Cap. Nous sommes tout d'abord monté en haut de la Table Mountain, qui surplombe la ville. On nous avait dit de compter 1h30 pour l'ascension via Platteklip gorge, mais notre interlocuteur devait nous croire plus en forme que nous le sommes (à force de bien manger et de ne se déplacer qu'en voiture, on finit par s'empâter un peu...) et c'est à bout de force que nous sommes arrivé en haut en 1h40. La vue sur la ville est spectaculaire depuis en haut, et l'on redescend en cabine téléférique qui tourne en donnant la vue à 360°.


Nous sommes allés également à Robben Island, lieu de détention de prisonniers politiques (et de droit commun) depuis le 18eme siècle. Nelson Mandela fut son détenu le plus célèbre, et y passa 18 ans sur ses 27 ans de détention. Malgré un bon nombre de tentatives d'évasion, aucun détenu n'a jamais réussi à s'en échapper vivant car les 12km qui séparent l'île de la ville du cap sont faites de courants glacés provenant de l'antarctique, et patrouillées par des grand requins blancs... Aujourd'hui la prison à été transformée en musée,les prisonniers politiques libérés et les détenus de droit commun ont été transférés dans des prisons sur le continent, et ce sont d'anciens détenus politiques qui font faire le tour aux visiteurs, raconter leur conditions de détention, montrer leurs anciennes cellules (cellules de 30 personnes pour la plupart, et individuelles pour les prisonniers politiques dont l'influence était considérée comme la plus dangereuse).
Nous avons également fait un petit tour de la péninsule, au sud de la ville, jusqu'au Cap de Bonne Espérance. On descend en longeant les plages des banlieues chics du Cap, où même le matin en semaine des gens se prélassent. Puis on rentre dans une réserve naturelle où il n'y a plus beaucoup d'arbres, surtout des buissons et des fleurs (cette végétation est appelée 'fynbos', et contient à elle seule plus d'espèces végétales que Angleterre).
 En revanche on croise nombre de panneaux "Attention aux babouins" car ces singes forts intelligents ont repéré depuis longtemps que les touristes aiment piqueniquer à Cape Point, et ont compris comment ouvrir les portières de voiture, et peuvent même rentrer par les fenêtres si on ne se méfie pas...
Nous avons donc déjeuner à la pointe du cap, non loin du phare construit pour guider les bateaux qui passaient au loin, mais qui n'a pas souvent été d'une grande utilité car en hiver il est caché par le brouillard.
En remontant vers le cap, le long du côté est de la péninsule, nous sommes passés à Simon's Town, jolie petite ville à côté de laquelle une colonie de manchots africains à élu domicile, et où on peut les approcher de pas trop loin. (certains touristes paient même pour avoir le droit de se baigner avec eux, mais il paraît qu'ils ne sentent pas la rose...)
 Puis nous avons piqué une petite tête dans les eaux de False Bay. En n'allant pas trop loin quand même, rapport à notre ami le grand blanc, signalé par un drapeau noir... (avis aux surfeurs...)

De retour au cap nous avons également profité de la culture musicale de la ville pour aller écouter du Jazz dans un petit club qui ne payait pas du tout de mine mais qui s'est enflammé dès que les musiciens sont montés sur scène. Stan était aux anges.
Enfin, nous nous sommes longuement promenés dans le centre ville, des jardins de la compagnie aux petites rues pavées du centre, du waterfront au Grand Parade où nous avons vu des militaires répéter leur défilé en prévision de la cérémonie d'ouverture de la session du parlement. Sommes toutes une ville bien agréable où l'on comprend très facilement que de nombreux touristes qui viennent en vacances aient envie de rester et de s'y établir.

District Six

Des le milieu du 19ème siècle, District Six était un des quartiers ouvriers au coeur du Cap, où vivaient des gens de tous horizons: quelques blancs, des asiatiques, des noirs, beaucoup de métis, des chrétiens, des musulmans, bref c'était un quartier d'une richesse culturelle incroyable à cause du brassage de toutes ces cultures. District Six a donné naissance au Cape Jazz, une variété de jazz aux accents africains, dont un des enfants est le tres réputé Abdullah Ibrahim.
Au début du 20ème siècle, les autorités du Cap commencèrent par déclarer le quartier interdit aux noirs, qui durent partir vers le township de Kayelisha, à 40km à l'est. Puis, avec la promulgation du Group Areas Act en 1950 (une des premières grandes lois d'Apartheid) le gouvernement à voulu séparer les differentes communautés, déclarant que tel quartier était réservé aux personnes de telle race (et donc que toutes les autres personnes devaient enpartir, sans aucune compensation ni formalités). Et ce qui devait arriver arriva: un quartier d'une si grande mixité et brassage interacial devait irriter les autorités au plus haut point et en 1966, le quartier fût déclaré zone blanche et renommée Zonnebloem,tous les autres habitant furent évacués à partir de 1968, puis les immeubles furent rasés. Les amis et voisins de toujours furent séparés et répartis entre les différents townships autour du Cap, parfois à des dizaines de kilometres les uns des autres. Ceux qui possedaient des commerces n'avaient plus le droit d'exercer leur métier dans District Six et perdirent leur clientele, trop dispersée. Ceux qui étaient encore employés par des Blancs dans le centre ville, et qui auparavent se rendaient au travail à pied durent rajouter à leur journée de travail des heures de transport, qui leur coutaient parfois le tiers de leur solde.
ce qui reste de District 6, toujours pas reconstruit 40 ans plus tard

Curieusement, rien ne fut reconstruit dans ce quartier apres la destruction des anciens immeubles, alors qu'il se situe à quelques centaines de metres du port et du quartier des affaires. En s'y promenant aujourd'hui, il y a encore un grand nombre de terrains vagues. Depuis la fin de l'apparteid et les élections démocratiques du 1994 qui porterent Nelson Mandela au pouvoir, le gouvernement à commencé à étudier les cas de demandes de restitution de terrains d'anciens occupants de ce quartier et le fabuleux District Six Museum à été crée, retraçant par les témoignages d'anciens habitants de ce quartier les joies et peines de la vie quotidienne, les histoires de voisinage, et la souffrance du déracinement.

Le Cap

A l'origine un coin de jardin pour ravitailler les bateaux de la Compagnie des Indes Orientales en denrées fraîches pour lutter contre le scorbut, le Cap est petit à petit devenue une ville et le point de départ des incursions vers l’intérieur des terres des Africaaners. Lovée entre le front de mer (le Victoria and Albert Waterfront) et la grande Table Mountain, le centre ville est riche en grands immeubles modernes, mais aussi en maisons a grand balcons (lieux de fête les soirs de weekend). On y trouve aussi le quartier de Bo-kaap, où habitent de nombreux musulmans du Cap, dans des rangées de maisons aux couleurs acidulées. Puis, autour de ce coeur de la ville s'étendent des kilometres et des kilometres de banlieues riches ou moins riches, puis un peu plus loin les townships.
le quartier musulman de Bo-kap

En terme de populations, la région du Cap est historiquement habitée par des descendants des peuples venus d'Europe (Hollandais, Huguenots français fuyant la persecution suite à la révocation de l'edit de Nantes, Anglais...), des esclaves importés de l'Orient (Indonésiens, Indiens, Chinois), et des métissages dues au brassage de ces cultures. Apres l'arrivée des Hollandais, les peuples Africains indigènes partirent s'installer dans des régions plus éloignées. On trouve donc encore majoritairement au Cap des blancs et des "coloureds" (c'est à dire des métisses ou asiatiques) et à part l'anglais, compris de tous, la langue maternelle de la majorité est l'africaans, sorte de dérive du Hollandais, qui a intégré au fil de plusieurs siecles des mots des differentes langues africaines environantes. Il y a bien des communautés noires au Cap et dans sa région, mais sous l'Appartheid, le gouvernement a fait tout pour les éloigner, et les empecher de revenir: lois d'emploi preferentiel pour les coloureds, premis de travail temporel de permettant pas la résidence definitive...  Cependant, aujourd'hui, le Cap étant le hub touristique de l'Afrique du sud, on y retrouve aussi des populations venues de tout le sud de l'Afrique Mozambique, Zimbabwe, Malawi, Botswana, Nigeria, Congo, venus tenter leur chance en Afrique du Sud, pays le plus économiquement stable de la région.

Sunday, February 6, 2011

La Route

Cette semaine nous avons pris notre courage a 4 roues et avons tous deux effectué notre bapteme de la conduite à gauche. Nos amis londonniens nous diront: ce n'est rien, c'est notre quotidien... oui certes, mais conduire en afrique du sud a ses particularités:

  • les feux de circulation s'appellent des robots (la premiere fois qu'on nous a indiqué le chemin on a eu un peu peur), les stops sont en fait des cedez le passage, et il y a des carrefours ou chaque route a un stop (dans ce cas c'est le premier arrivé, ou celui avec le plus gros véhicule qui a la priorité).
  • les routes sont pleines de trous (de gros trous même) et pour ne pas bousiller la voiture, il est recommander de les eviter, ce qui veut dire qu'il faut anticiper aussi que la voiture d'en face risque de le faire...
  • le climat Sud Africain est autrement plus extreme qu'en europe: une minute il fait chaud (30°) et beau, et en l'espace que quelques instants, une pluie dilluvienne s'abat sur la route, aussitôt transformée en rivière. (ce qui n'empeche pas les camions de continuer de rouler a plus de 120km/h sur des routes qu'on classifierait de départementales en France). par ailleurs, les pluies abondantes de ces dernieres semaines ont fait deborder la riviere Oranje de son lit, ce qui a fait fermer un certain nombre de ponts, et nous a oblige a prendre des petites routes en terre battue (ou en boue, selon l'endroit)
  • il y a des gens qui marchent le long de la route potentiellement n'importe ou : des ecoliers qui sortent de l'ecole a 15h, des debrousailleurs qui traversent l'autoroute a pied, leur outils a la main a 10h du mat, ou des gens qui marchent le long de la route la nuit sans aucun eclairage.
  • il y a des travaux tout le temps : on sait qu'on approche une zone de travaux quand on voit un type qui agitte de facon plus ou moins ennergetique un drapeau rouge pour faire signe de ralentir, puis on attend entre 5 et 15 minutes a l'arret car la circulation est dans ce cas alternee sur 5 a 10 km.


Bref, au bout d'une semaine sur les routes, a mettre en marche les essuie-glaces au lieu du clignotant, a lutter contre notre instinct primaire a chaque carrefour pour nous remettre du cote gauche de la route, apres avoir parcouru 2600 km a travers le far west sud africain, nous voici enfin arrives au Cap !
sur la route, dans la descente de Calvinia vers le Cap


Far West

La region du Northern Cape represente a peu pres le tiers de la surface du pays, mais c'est vraiment le far west.

Nous avons conduit sur des routes toutes droites a perte de vue pendant plus de 8h pour arriver a la ville d'Uppington (50000 habitants) sur la rivière Oranje. De la nous sommes aller voir les chutes Augrabies (6emes plus hautes du monde) il y a en temps normal 6 chutes distinctes, mais suites aux crues de l'Oranje ces dernières semaines, il y en a en ce moment plus de 18. Nous étions complètement trempés et avions du peine a voir les chutes principales, malgré le soleil...


Nous avons aussi passe une journee dans le Parc transfrontalier (partage avec le Botswana) du Kalahari.
dans la langue San (des bushmen) le G se prononce en se raclant la gorge, comme le J espagnole



Région désertique en temps normal, le Kalahari est vert de janvier a environ mai a car nous sommes en ce moment a la saison des pluies. Nous avons donc été surpris de voir un grand nombre d'animaux d'assez près : giraffe, gemsbok, haartebeast, ecureuils, sans compter ceux que nous connaissions deja (wildebeasts, autruches, springboks par milliers, ...) seule déception, de ne pas avoir apercu de lion du kalahari ( ceux qui ressemblent au méchant scar, dans le roi lion)



St Augustine

Many thanks to all our friends at St Augustine who welcomed us very kindly for a few days !

St Augustine is the only catholic university in South Africa, and offers undergraduate (license) and graduate (master) degrees in Economics, Philosophy, and Theology. They currently have about 500 students but expect to expand this number quickly. Their campus is in Johannesburg, near Victory Park.


We came to St Augustine to meet Jakub, a Polish Fidesco* volunteer, who after finnishing his doctorate in Theology came here to be a lecturer, and Dennis, a Dutch Fidesco* volunteer who works in the facilities team. Through them we also met Nontando, who is just finishing her doctorate entitled "Trinitarian responses to gender challenges in the context of HIV/AIDS in southern Africa" (a theme that Clem finds extremely interesting !! Many thanks again for the book which I am currently reading and which is extremely insightful!), and invited us for a lovely evening in her home. We also met Charles, a South African lecturer at the University of Johannesburg, and his German fiancée Jutta, who were full of tips and helpful recommendations.
Finally thank you also to Father Michael and Jean-Marie who allowed us to stay for 2 days !

lovely evening at Nontando's
Thank you friends for such a warm welcome, and a great introduction to Africa !!

* Fidesco is a Catholic institution based in France that sends volunteers abroad on 1 to 2 year missions in health, education, management ... for more information, see their website.

Tuesday, February 1, 2011

Johannesburg

    

Voilà une petite semaine que nous sommes à Jo'burg et nous avons l'impression que ça fait bien plus longtemps. Nous avons été très gentiment accueillis par Xavier et Amandine, qui vivent dans Sandton, un quartier d'affaires au nord de la ville. 
Nous n’allons pas faire un cours d’histoire sur l’Afrique du Sud, pour ça, nous vous recommandons vivement le livre Un Arc-en-ciel dans la nuit de Dominique Lapierre, qui relate l’arrivée des premiers européens au Cap pour planter des salades pour endiguer le scorbut, puis les interactions avec les indigènes, la découverte de diamants et de mines d’or, les deux guerres des Boers avec l’Angleterre, puis la naissance, la montée et la fin de l’apartheid, pour arriver enfin à l’élection de Nelson Mandela à la tête du pays en 1994.

Depuis la fin de l'apartheid en 1991, tous les citoyens Sud-africains peuvent habiter où ils veulent dans le pays, mais il demeure une nouvelle forme de ségrégation: l'argent. En effet, dans Sandton il y a des malls luxueux, des Porsches, des immeubles entourés de murs de 4m surmontés de fils électriques ou de barbelés, des gardes de sécurité. Cette banlieue est conçue pour les riches qui se déplacent exclusivement en voiture. Pour les transports en commun, il faudra repasser: il y a bien un train hyper moderne qui va jusqu'à l'aéroport, et un bus en relativement bon état qui va dans le centre tous les 20 minutes le matin et le soir, mais seulement toutes les 2h pendant la journée. Les plus pauvres, ceux qui travaillent à Sandton comme gardes, femmes de ménage, ou caissière, prennent des minibus, sortes de taxis collectifs qui klaxonnent en permanence pour alerter les passagers de leur passage, et qu'on hèle avec un signe diffèrent en fonction de la destination, et dans lequel on s'entasse a une quinzaine.

Nous en avons pris un à notre tour lorsque nous désespérions de voir arriver un bus après 45 minutes d'attente à l'arrêt; une famille de sud-africains nous a pris sous son aile et nous a accompagnés jusqu'à Ghandi Square. Lydon, leur fils de 3 ans se cache derrière son père au début, puis se révèle être en fait un bavard insatiable; il est très drôle et anime un peu l'arrière du minibus ou nous sommes installés. Il a l'air de bien fatiguer ses parents; sa mère est très patiente et menace gentiment de le donner aux policiers s’il ne se calme pas. Cette famille nous a accompagné tout au long du trajet à pied dans le centre, qui peut être dangereux pour les blancs non-accompagnés, afin que nous ne nous fassions pas embêter.

Nous avons aussi fait un tour de Soweto. Il s’agit du plus gros township (ghettos où les afrikaners ont entassé les familles noires pendant l’apartheid) autour de Johannesburg ; 4 millions de personnes y habitent. C’est une abréviation pour SOuth WEst TOwnships, car en effet, ce grand ensemble de 120km² regroupe une bonne quantité de petites villes, certaines beaucoup plus pauvres que d’autres. C’est Charmaine, une jeune fille qui doit avoir environ notre âge et native de Soweto, qui nous guide, car il n’est vraiment pas recommandé pour des blancs de venir ici non-accompagnés. Elle nous raconte l’histoire des différents quartiers que nous traversons, et nous explique aussi comment les choses ont évolués depuis la fin de l’apartheid, comment le township vit aujourd’hui. Nous passons dans la rue Vilakazi, dans le quartier de Orlando West, où Mandela a habité avant d’être emprisonné, et où l’archevêque Anglican Desmond Tutu (prix Nobel de la paix 1984, et président de la Commission pour la Vérité et la Réconciliation à parti de 1996) vit encore. Charmaine sourit et rigole tout le temps. Son métier principal n’est pas guide mais DJ : elle est aux platines de Radio Soweto de minuit à 3h du matin en semaine, et dans des boites de nuit locales le weekend. Elle nous fait visiter les locaux de Soweto TV, où elle a pas mal d’amis. C’est une nouvelle chaine télé, créée il a à peine 3 ans, et qui aujourd’hui est regardée par plus de 2,3 millions de téléspectateurs ! Nous prenons plusieurs minibus-taxis, et souvent en nous entendant parler avec notre guide des inconnus se mêlent à la conversation et bavardent comme de vieux amis. 
Nous passons par le quartier de Diepsloot, à proximité du plus grand hôpital d’Afrique subsaharienne (3000 lits) et de la station de taxi-minius où plus d’1 millions de personnes transitent chaque jour, puis dans le quartier de Cliptown, beaucoup plus pauvre, où toute une section est faite de maisons en planches de bois et de tôle ondulée, n’ayant ni eau courante ni électricité (ils s’alimentent grâce à des batteries de voitures, et il y a 40 robinets d’eau dans les rues, à se partager entre 40 000 habitants). 
Charmaine nous explique qu’environs 40% des sud-africains habitent dans ce genre de « informal settlements » dans ces conditions de vie, nous sommes bien loin des luxueuses demeures de Sandton… Nous terminons notre visite avec l’impression de mieux comprendre les clivages passés et présents de ce pays.

Non loin de là, le musée de l’apartheid retrace l’histoire de ce régime qui prétendait séparer pour leur bien les communautés blanches, coloured (métissées), asiatiques (majoritairement indiennes et chinoises), et noires. Nous comprenons mieux comment le pays a pu en arriver là, les souffrances des communautés opprimées, à qui on a retiré peu à peu tous leurs droits, pour finir par leur tirer dessus à balles réelles si elles osaient manifester leur mécontentement dans leurs propres quartiers. Le musée retrace aussi toute la période de transition qui a suivi la libération de Mandela et d’autres prisonniers politiques et la fin de l’apartheid. Stan est particulièrement marquée par un film d’un rassemblement blanc du début des années 90, où un homme en chapeau de cowboy harangue la foule en traitant F.W. de Kleerk (le président blanc qui a autorisé cette libération, aboli l’apartheid, et amorcé les pourparlers pour une nouvelle constitution) d’Antéchrist. Clem est marquée par la partie consacrée à la réconciliation, et la volonté d’une poignée de personnes (dont Mandela et Tutu) de créer une Afrique du Sud intégrant toutes les communautés, blancs y compris, et de ne surtout pas laisser place à la vengeance des noirs sur les blancs, qui aurait pu se terminer en bain de sang. La visite se termine sur des photos aériennes du 27 avril 1994, où une très longue file s’enroule sur plusieurs kilomètres autour des bureaux de votes, et de clichés pris à la sortie des urnes, ce jour où près de 80% du pays votait pour la première fois.

Nous avons eu l’occasion d’aller passer une journée dans le parc national de Pilanesburg, à 2h de Jo’burg, avec Xavier et Amandine : notre premier safari. On rentre dans le parc avec sa voiture (dont on a interdiction de sortir) et après on se contente de suivre les routes en terre battue, qui parcourent les différents paysages du parc, et desquelles ont peut voir parfois de près, parfois de loin, les différents animaux qui vivent en liberté dans cet espace de 580 km² . Nous avons eu énormément de chance pour notre première fois : Nous avons vu de près des gnous (wildebeasts), des zèbres, des kudu, des springboks (l’emblème de l’équipe de rugby sudafricaine), un éléphant, plusieurs rhinocéros, des autruches, un aigle, une maman phacochère (Pumba) accompagnée de sa portée, des singes, et d’un peu plus loin on a aperçu une girafe et un hippopotame.
  

pumba le phacochere


     wildebeasts  

  kudu (femele et male)



 
springboks

babar

rhinoceros dans les herbes hautes
autruche
vervet monkey