Monday, October 24, 2011

L'Inde en quelques chiffres et photos




Voici nos photos préférées d'Inde : https://picasaweb.google.com/111032676319290923536/Inde


7354 fois où on nous a demandé de quel pays on était, 19372 photos de nous prises par de parfaits inconnus, 328 lassis bus (essentiellement par Clem), 3 fois où on s'est fait tremper par la mousson (dont une en plein désert à Jaisalmer, ou il ne pleut jamais), 514721 personnes à la manif anti-corruption d'anna hazare, 11 trains pris, 421 sweet lime sodas, 9 nuits passées dans un train ou un bus, 2521 "yes? Yes madam? You want rickshaw? Souvenir? Boatride? Good price! Yes madam?", 8 palais de maharajas vus, 2731 photos prises du taj mahal, 9 propositions d'achat d'herbe à Mysore, 1 jour à sillonner l'ancienne cité de Vijaynagar en moto (et 1 accident de moto), 182 plats indiens goûté et adoré, 16 jours de deuil du gros appareil photo (mais il a pu être réparé : ouf!!), 1377 draps lavés à la main dans les centres Prem Dan et Khalighat des missionnaires de la charité (en 4 jours), 20 jours de silence total et de méditation qu'il nous faudra pour nous remettre du bruit en Inde


Les femmes indiennes sont incroyablement élégantes dans leurs beaux saris colorés, nous les avons collectionné : https://picasaweb.google.com/111032676319290923536/CollectionDeSaris

Quelques choses vues, qui se passent de commentaires : https://picasaweb.google.com/111032676319290923536/NoCommentInde

Enfin, la mosaïques de nos belles rencontres :

Friday, October 21, 2011

Mercis Indiens


 Merci à Alban de nous avoir donné plein de tuyaux, et des contacts pour l'Inde. Merci à Bruno de nous avoir si généreusement hébergé à Delhi, et de nous avoir ouvert son carnet d'adresses, à Anne-Frédérique de nous avoir mis en contact avec ses amies indiennes et de nous avoir gentiment reçu à déjeuner, à Abha, Neeru, et sa belle-mère de nous avoir parlé de la place de la femme en Inde, des mariages arrangés, et des problèmes de société. Merci à Anupam et Esha, de nous avoir fait découvrir le vieux Delhi de nuit, et parlé de la vie culturelle à Delhi, à Monica, jeune photographe rencontrée à la manifestation de Anna Hazare, de nous avoir envoyé ses superbes photos, et donné plein de bons plans. Merci à Sandeep pour une soirée sympathique à nous parler du monde des start-ups en Inde. Merci à Brigitte et Eric d'être venus nous retrouver en Inde, et de nous avoir permis de vivre une vie de maharaja pendant quelques jours (ça nous a pas mal changé de standing !) et de nous avoir permis d’alléger nos sacs. Merci à Raju, leur chauffeur de nous avoir épargné accidents, à-coups, klaxons à excès, et d'avoir conduit comme un champion dans la mousson. Merci à Ruth et Dimitri de leur accueil à Mumbai, ainsi qu'à Armelle et Maxime, d'avoir pris le temps de nous faire faire un tour hyper intéressant de la ville, et de mieux comprendre leur vie d'expatrié en Inde. Merci à Laura et Balaji pour le très sympathique déjeuner au Britannia. Merci à Chandraprakkash et Kusum pour leur accueil et la promenade sur la plage de Juhu. Merci aux pères jésuites de Panjim pour leur accueil et leurs vision du catholicisme à Goa. Merci à M Walton de Kochi pour ses conseils de philosophie, astrologie, numérologie, et en religion. Merci à George de Kottayam pour son accueil et ses explications sur les différentes formes de christianisme au Kerala, ainsi qu'à Dai sa femme pour sa leçon de cuisine. Merci au père Michael de nous avoir parlé de dialogue inter-religieux en Inde. Merci aux sœurs Missionnaires de la Charité pour leur gentillesse, leur accueil, le travail formidable qu'elles accomplissent. Merci aux volontaires français : Tiphaine, Francesco, Ghislaine et Martial, Etienne, qui nous ont aidé à trouver nos marques dans les centres où nous travaillons. Merci à M Martinez de nous avoir accueilli à l'Alliance Française de Kolkata. Merci de nouveau à Anne-Frédérique et toute sa famille pour le sympathique dîner à Calcutta. Merci au père Sam de nous avoir rejoint pour quelques jours en Inde. Merci à José et aux sœurs de Nirmala de leur aide. Merci à Anaïs et Agnès de nous avoir accueilli à Tomorrow's Foundation et permis d'assister à leurs cours. 

Thursday, October 20, 2011

Etre une femme (en Inde)


En Inde, il fait bien mieux être un garçon qu'une fille, et cela pour deux raisons principales :


- La dot : C'est l'élément principal qui fait que la naissance d'un garçon est très clairement souhaité et la naissance d'une fille redoutée. En effet, en Inde où la grande majorité des mariages sont encore des mariages arrangés (quelle que soit la religion), la tradition veut que la famille de la jeune fille donne à sa fille des bijoux et un magnifique sari brodé d'or pour son mariage, ainsi que de nombreux cadeaux à sa future belle-famille (habits, montres, moto, sommes d'argent liquide... cela fait l'objet de négociations intenses), et paie la totalité de la réception. De nombreuses familles sont obligées de s'endetter pour pouvoir marier leur fille/sœur/cousine. Il existe même le dicton suivant : « Si on a une fille dans la famille, c'est 3 générations qui deviennent esclaves ». Depuis les années 1970, il y a une loi pour interdire la réclamation d'une dot par la famille du garçon, mais cela n'a rien changé à la pratique.


- Le rôle familial et religieux d'un garçon : Après son mariage, la fille partira dans sa belle famille, ce qu'explique parfaitement un des personnages de « La Cité de la Joie » de Dominique Lapierre : «Ma fille ne m'appartient pas, elle m'a été prêtée par Dieu jusqu'à son mariage. Elle appartient à celui qui sera son mari». (On notera que quoi qu'il en soit, la fille doit appartenir à quelqu'un, que ce soit son père ou son mari, il n'est pas question d'être libre). Le garçon lui ne quittera pas sa famille : il restera habiter chez ses parents tant qu'il y a de la place, et il gardera ses parents chez lui dans leur vieillesse. Il leur procurera une aide domestique (sa femme) et c'est sur sa descendance que trônera la grand-père, patriarche familial. De plus, dans la religion hindoue, il est important de bien accomplir les rites funéraires de crémation afin d'être réincarné de façon favorable dans une prochaine vie. Or, seul un garçon peut accompagner le corps d'un parent sur le bûcher funéraire, ce rôle étant interdit aux femmes, c'est une raison de plus de le garder près de soi (et de bien le traiter).


Ces 2 causes principales ont des conséquences

- Avortement sélectif. Comme en Chine, il est strictement interdit aux médecins de communiquer à des futurs parents le sexe de leur enfant à naître. Seulement, en Inde, tout devient possible avec un backshish, et l'infanticide de petites filles est malheureusement monnaie courante. Et ce n'est pas qu'une question de pauvreté ou d'éducation : certaines familles riches (et éduquées), vont même faire une insémination artificielle en Thaïlande où l'on peut choisir le sexe de son future enfant. Et il demeure qu'aujourd'hui, dans certaines régions, le déficit de filles commence à se faire sentir, et ne tardera pas à poser de graves problèmes de société. (remarque : il y aura peut-être une retombée inattendue : la fin de la pratique de la dot pour les familles ayant une fille à marier...?)

- Education. Quand on a les moyens d'éduquer un enfant mais pas tous, c'est bien évidement celui qu'on va garder que l'on envoie à l'école (alors que la fille va appartenir à sa belle famille). Il y a une différence d’alphabétisation importante entre garçons et filles dans la plupart du pays : parfois l'écart est de plus de 30% ! Or de nombreuses études démontrent le lien entre l'augmentation du niveau d'éducation des femmes, la baisse de la surpopulation (gros problème en Inde) et le développement économique d'un pays. Autant dire que que le choix de ne pas éduquer les petites filles est lourd de conséquences.

- Cercle vicieux. Comme c'est par son fils qu'une mère acquiert statut et respect dans sa belle-famille, celle-ci a tout naturellement tendance à favoriser celui-ci au détriment de ses filles. Lui sera toujours servi le premier, aura des morceaux de choix, tandis que ces dernières devront se lever à l'aube pour aider aux tache ménagères, seront toujours les dernières servies, etc. En témoigne cette scène vue dans un train bondé : un jeune couple et leurs deux enfants (un petit garçon de 3 ans et une petite fille de moins d'un an) montent à bord. Le père arrive à trouver un coin de couchette où il s'assied avec son fils, la mère reste debout avec son bébé dans les bras. Il faudra que Clem aille demander à son voisin de déplacer son sac à dos qui prend de la place sur la couchette pour que la mère puisse s’asseoir, cela ne choquait absolument personne. Et le cercle vicieux se propage de génération en génération car plutôt que de tenter de rétablir l'équilibre entre leurs enfants, les mères sont les premières à perpétuer ce genre de comportement injuste.

Mais attention : en Inde, tout est vrai ainsi que son contraire. L’Inde à eu une femme présidente (Indira Gandhi, fille du premier président Nehru) dès les années 1960, et le personnage politique le plus influent du pays aujourd'hui n'est autre que Sonia Gandhi, la belle-fille d'Indira. Des millions de jeunes femmes vont travailler et gagner leur vie dans les plus grandes villes du pays chaque jour. Elles prennent souvent pour ce faire un train ou un métro comportant un ou plusieurs wagons « réservés aux femmes ». C'est également une femme indienne qui est à la tête du gigantesque groupe Pepsico dans le monde. On ne peut donc pas dire que les choses ne changent pas. 

Mais si on voit une évolution des mentalités dans les villes, à cause de l'influence occidentale et d'une meilleure éducation tant des parents que des enfants, ce n'est pas le cas dans les zones rurales. Comme nous l'a dit un jeune jésuite, ce n'est pas une ou deux générations qu'il faudra pour faire changer le statut des femmes dans les campagnes, c'est plutôt 10 ou 15...

Wednesday, October 19, 2011

Varanasi


varanasi au coucher du soleil
des fidèles font leurs ablutions dans le Ganges

Varanasi (aussi appelée Benares), ville quatre fois millénaire, qui aurait été fondée par le dieu Shiva lui-même. Ville sainte pour les hindous s'il en est une ! Le fleuve Gange y coule, et selon la tradition hindoue, qui s'y baigne, et s'y fait cremationer, peut échapper à l'éternel cycle de la réincarnation.



crémation vue de loin
Nous y sommes allé avec le père Sam, que nous avons rencontré au Malawi, à Nkhata Bay, et qui à choisi de nous rejoindre pour quelques temps en Inde pour ses vacances annuelles. Vieille ville de ruelles étroites, interdites aux voitures et rickshaws, nous respirons, enfin loin des coups de klaxon incessants des grandes villes indiennes. Nous nous perdons de nombreuses fois dans les ruelles, à la recherche de notre hôtel, slalomant entre les vaches qui bouchent le chemin. On débouche sur les ghats, grandes marches en pierre qui descendent dans l'eau. Il y a une centaine de ghats à Varanasi, et chaque escalier a une fonction rituelle pour les hindous : à celui-ci on se baigne (l'eau est pourtant très polluée, et bien sale), à tel autre on fait son linge, encore plus loin s’agglutinent plein de petites embarcations pour pèlerins et touristes. On déboule sans le vouloir sur le ghat de crémation : des grandes bûches s'empilent partout  et l'air est très chaud et très enfumé. Normal : 4 corps sont en train d'être brûlés en ce moment même. Les membres masculins de la famille ont apporté les corps, et regardent tandis que le brahman (prêtre hindou) accompli les derniers rites. Il est bien entendu interdit d'y prendre des photos.


  Nous faisons un tour en bateau sur la rivière au coucher du soleil. Le château d'eau près de l'embarcadère porte les marques de la crue de la mousson, il y a quelques semaines, au moins 3 mètres au dessus de nos têtes. Le long de la rive se découpent les silhouettes des temples de la ville, d'une mosquée, et des palais décrépis construits jadis par des maharadjas venus mourir dans la ville sainte. Une fois le soleil couché, nous assistons depuis l'eau à une "Puja" célébration de dévotion hindoue, qui se déroule sur le ghat principal. Une dizaine de brahmans, installés à intervalles réguliers sur des petites plate-formes en bois surélevées, chantent, soufflent dans une sorte de corne/coquillage, encensent la foule recueillie, puis prennent de grands chandeliers et les font tournoyer au son rythmé du tambour local. Sur l'eau, des bateaux de pèlerins lâchent de petites bougies flottantes qui forment autant d'îlots de prières s'en allant avec le courant.

Puja au bord du Ganges






Non loin de là, à une dizaine de kilomètres, se trouve un autre lieu saint, pour les Bouddhistes cette fois. C'est sous un arbre à Sarnath que Sidhartha, ayant atteint la sagesse suprême, prêcha son premier sermon à ses 5 premiers disciples. Un immense stuppa en pierre sculpté de fresques marque l'endroit, ainsi que de nombreuses ruines datant du temps de l'empereur Ashoka (200 ans avant JC), premier empereur indien à s'être converti au Bouddhisme. Des groupes de pèlerins vêtus de blanc et venus du Sri Lanka sont recueillis sous un arbre, tandis qu'un moine bouddhiste leur prêche son sermon. Autour de ces ruines millénaires, des constructions plus récentes, financées par les bouddhistes du monde entier : temple chinois, japonais, tibétain, etc. Autant de variantes architecturales pour une même croyance.

Thursday, October 13, 2011

Missionnaires de la Charité


 
A Calcutta, la pauvreté est plus visible que dans les autres grandes villes indiennes. Sur 17 millions d'habitants environ, on estime que plus d'un million vivent dans la rue. C'est à dire qu'ils dorment sur le trottoir, dans ou sur leur véhicule, pour ceux qui conduisent des taxis, ou qui tirent des rickshaw, parfois des familles tendent un bout de bâche sur le trottoir. Cela ne fait pas de tous ces habitants du bitume des mendiants, loin de là (même s'il y en a beaucoup). La majorité de ceux qui vivent dans ces conditions on un travail, ou même plusieurs : ils cirent les chaussures des passants, ils sont vendeurs ambulants, ils travaillent dans des restaurants ou des marchés... Grâce aux pompes à aux qu'on trouve partout dans la ville, ils se lavent tous les jours, dans la rue aussi. La plupart arrivent à s'en sortir au jour le jour, à remplir le bol de riz de leur famille une journée de plus.

Mais lorsqu'ils perdent leur travail ou n'arrivent plus à le faire, il ne leur reste plus qu'à mourir sur leur bout de trottoir, ou dans un coin de gare. C'est pour eux que Mère Térésa à ouvert un de ses tous premiers centres, afin que les plus pauvres des pauvres aient un endroit où terminer leur vie avec dignité, entourés d'amour. L'un d'entre eux à trouvé les mots pour exprimer sa situation «  Moi qui ai vécu comme un animal dans la rue, je vais mourir comme une ange ».



Née Gonxa Agnes Bojaxhiu en 1910 en Moldavie actuelle, elle ressent très tôt sa vocation de missionnaire et à 18 ans elle quitte son pays et sa famille pour rejoindre les sœurs de Loreto, et part pour l'Inde. Elle enseigne quelques temps, d'abord dans les montagnes à Darjeeling, puis dans une école pour filles à Calcutta, et découvre la misère quotidienne qui habite Calcutta. Mère Térésa (son nom après ses vœux définitifs), reçoit un deuxième appel du seigneur : aller servir les plus pauvres parmi les pauvres, et ainsi les rapprocher du Christ. En 1948, elle troque son habit de religieuse pour un simple sari blanc, aux trois bandes bleues, et avec la permission du Vatican, fonde un nouvel ordre : les sœurs Missionnaires de la Charité.

Petit à petit, des jeunes filles vont la rejoindre pour l'accompagner dans son travail (sa première volontaire n'est autre qu'une de ses anciennes élèves), dans les bidon villes de Calcutta. Elle va ouvrir d'abord un dispensaire puis une école, puis par la suite des centres pour accueillir ceux qui meurent dans les rues. Aujourd'hui, à Calcutta même, il y a une dizaine de centres : pour les lépreux, pour les enfants handicapés, pour les personnes âgées abandonnées, pour les mourants... Elles sont environ 5000 sœurs dans le monde (dont certaines contemplatives) à gérer plus de 600 centres dans plus de 130 pays, avec l'aide de nombreux volontaires qui donne de leur temps pour quelques jours ou quelques mois.

Nous avons passé 3 jours aux centres de Prem Dan et de Kalighat, où nous avons, avec de nombreux autres volontaires, pu aider aux tâches quotidiennes des sœurs : faire la lessive (à la main, des centaines de paires de draps et d'habits), distribuer les repas, et aider ceux qui ne peuvent pas se nourrir eux mêmes, faire la vaisselle, s'occuper des patients qui ont besoin d'aide (les emmener aux toilettes, les nettoyer et changer si besoin, raser les hommes), et par dessus tout, faire tout cela avec amour et tendresse.  Nous avons été impressionnés par le nombre de volontaires, venus du monde entier, qui donnent 3 ou 6 mois de leur vie, parfois pour la 2ème ou 3ème fois, par les personnes qui viennent passer leurs vacances à s'occuper des autres, bref, par toutes les personnes dévouées, qui font les taches les plus ingrates avec le sourire, par amour de leur prochain.

Mère Térésa est morte en 1997, et enterrée à Mother House, la maison mère des sœurs de la Charité, à Calcutta. Elle à été béatifiée (première étape pour devenir une Sainte) par le pape Jean Paul II en 2003, et de nombreuses personnes, chrétiennes ou pas, viennent se recueillir sur sa tombe.  Un petit musée raconte sa vie, ses combats pour la dignité des hommes, des femmes, et des enfants, nés ou à naître.


Pour ceux qui souhaiteraient aider le travail des Missionnaires de la Charité, vous pouvez faire un don (les différents centres a travers le monde ne vivent que grâce aux dons) ou bien aller leur donner un peu de votre temps. En France il y a des centres à Paris, Lyon, et Marseille.

On dirait le Sud (de L'Inde)

Goa


les cathédrales désaffectées dépassent de la végétation à old goa 
un pêcheur répare son filet sur la plage de Benaulim
Après avoir passé une petite semaine à Mumbai, capitale économique de l'Inde au rythme de vie frénétique, nous avons pris un train pour le sud, dans l'ancienne enclave portugaise de Goa, pour nous reposer sur les plages du village de pêcheurs de Benaulim.
Surtout réputée pour ses plages paradisiaques, où les touristes russes ou hippies déferlent tous les ans entre novembre et mars, Goa fût pourtant à une époque la "Rome de l'Est". Au 17ème siècle, la ville de Goa comptait plus d'habitants que Londres ou Paris, ainsi qu'un grand nombre d'églises gigantesques, parfois côte à côte, des monastères, des couvents, bref, tout ce qui se faisait de plus saint à l'époque. Abandonnée courant 18ème siècle suite à des épidémies de choléra et d'autre problèmes d'insalubrité, Old Goa, est maintenant un site UNESCO, dont il ne reste que ses gigantesques cathédrales, dont l'une contient les restes de Saint François-Xavier, responsable de l'évangélisation de tout le sud de l'Inde, ainsi que d'autres partie de l'Asie.  La capitale régionale à été déplacée à Panjim, plus près de la mer, puis dans les années 1960, la petite enclave portugaise à été reprise par la force par l'Inde fraîchement indépendante. Cependant les trace de l'influence portugaise demeurent : dans l’architecture, dans les noms (les indiens de cette région qui se convertissaient au catholicisme prenaient des noms portugais, il y a beaucoup de Da Souza, Da Silva, Coimbra...), dans la cuisine, et dans le langage (le dialecte local reprend beaucoup de mots portugais).

l'église St François 

Hampi

lotus mahal, palais de la reine

temple de vittala
Apres 3 jours à Goa, nous avons pris un train (de jour, cette fois ci) pour le village de Hampi, dans la région du Karnataka. C'est là que se trouvait Vijaynagar, la capitale d'un royaume disparu, qui a connu sa période de gloire entre le 14ème et 16ème siècle. S'étendant sur 23km², et comptant un gigantesque palais pour le roi, un autre pour la reine, des bains, des temples à ne plus savoir où donner de la tête, ces ruines sont classées au patrimoine mondial de l'UNESCO. Seul un temple est encore utilisé par les villageois aujourd'hui. 
des locaux admirent le coucher de soleil

Mysore
illumination du palais de mysore
marché aux fleurs
Après avoir visité Hampi, nous avons pris un train de nuit pour Bangalore, où nous avons enchaîné de suite vers le sud et le ville de Mysore, toujours dans le Karnataka. Mysore était la capitale de l'empire Wadiyar, une des dynasties qui à régné de façon ininterrompue le plus longtemps au monde (le dernier roi est devenu gouverneur de l'état du Karnataka à l’indépendance de l'Inde). Nous y avons vu le palais royal, qui date du début du 20ème siècle, reconstruit après l'incendie qui détruisit le précédent palais en bois, et son illumination façon Disneyland le soir. Dans un coin des jardins du palais, nous avons assisté à la toilette des éléphants cérémoniels qui devaient être utilisés pour les processions d'un festival quelques jours plus tard. Nous avons aussi visité le grand marché de la ville, où l'on trouve fruits, légumes, objets utiles pour la maison, encens, bijoux, etc. Sa particularité tient du fait qu'une bonne moitié du marché est consacré aux fleurs, que des hommes et des femmes passent leur temps en enfiler en guirlandes, destinées aux temples de la ville. D'ailleurs, il n'y a pas que les hindous qui fassent des offrandes de fleurs à leurs dieux : on a pu voir un grand nombre de guirlandes autour des cous des statues de Marie et de Sainte Philomène à la cathédrale de la ville.
toilette d'éléphant



Cochin
filets chinois des plages de Cochin
Depuis Mysore nous avons pris un bus de nuit vers le sud et l'état du Kerala. Un des premiers états au monde à avoir eu un gouvernement communiste élu démocratiquement, le Kerala est un état plutôt riche comparé au reste de l'Inde, avec le meilleur taux d’alphabétisation du pays, et une forte tradition syndicale qui fait que peu d'industries majeurs y sont implantées par rapport aux états voisins.  C'est la région du pays où il y a la plus forte proportion de Chrétiens : 23% de la population (contre 2% au niveau national). Ce qui fait le succès du Kerala c'est surtout sa nature luxuriante et ses plages, des atouts fantastiques pour le tourisme (surtout le tourisme Indien). Cochin, première ville Indienne à avoir été colonisée par les Portugais (puis plus tard par les hollandais, puis les anglais) nous a un peu déçue. La vieille ville tombe en décrépitude lentement mais sûrement, et le bout de plage que touche la ville est dégouttant, jonché de détritus, et l'eau très sale. Nous y avons quand même visité la vieille synagogue, dernier signe de l'implantation d'une communauté juive florissante et très bien intégrée de longue date (16ème siècle), qui à disparu avec la création de l'été d’Israël. Aujourd'hui, seule une cinquantaine de juifs demeurent dans la région. Nous avons également assisté à une performance (raccourcie, heureusement) de kathakali, sorte de danse traditionnelle qui reprend les épisodes du Ramayana, la grande épopée mythologique hindoue.

kathakali

Les Backwaters

Le Kerala est connu pour ses collines verdoyantes où l'on trouve des plantations de thé et d'épices (que nous n'avons pas eu l'occasion de visiter) mais aussi pour ses "Backwaters". C'est à dire qu'il y a un gigantesque lac, tout en longueur et parallèle à la mer, dans lequel se déverse tout un réseau de canaux qui servent à l'irrigation des cultures (essentiellement du riz). De nombreux touristes viennent pour passer du temps dans les grand bateau-maisons : de grandes péniches qui servaient jadis à transporter le riz des backwaters aux ports pour l'export, reconvertis en habitations de luxe pour touristes fortunés. Nous avons préféré passer quelques jours dans la famille de George, à 20 minutes de rickshaw de la ville de Kottayam, complètement perdu dans un dédale de canaux étroits et verdoyants. Là on peut se promener le long des canaux et observer la vie quotidienne pour les villageois : femmes qui lavent leur linge ou leur vaisselle dans les canaux, enfants en uniforme qui reviennent de l'école, hommes qui vont au temple, ou qui se baignent dans les canaux.
berger de canards
 L'élevage principal du coin n'est pas la vache ou la chèvre, mais le canard : on a vu plusieurs "bergers de canards" qui rentraient leurs troupeaux en canoë, au crépuscule. Nous avons aussi pu parler religion avec George : il est syro-malenkin, c'est à dire catholique de rite syrien, d'une tradition qui date du 4ème siècle. Il y a dans la région de Kottayam de nombreuses églises très anciennes (13ème ou 14ème siècle) qui témoigne de l'implantation de longue date (avant la colonisation européenne) de ces communautés chrétiennes. On dit d'ailleurs que le sud de l'Inde à été évangélisé par Saint Thomas apôtre (vous savez, celui que ne voulait pas croire tant qu'il n'avait pas vu).
au bord des canaux : lessive et vaisselle

Trivandrum

Nous voulions prendre le ferry, mode de transport en commun des locaux, depuis Kottayam pour rallier la ville d'Allepey, de l'autre côté du lac, mais suite à un problème mécanique, nous avons pris le bus, et depuis Allepey, un train pour Trivandrum, à la pointe sud de l'Inde. Nous y avons visité un belle galerie de peinture dédiée au peintre Raja Ravi Varma (1848-1906), un des premiers artistes indiens à s'être mis à la peinture à l'huile, et à avoir peint tant des scènes de la mythologie hindoue, que des scènes de vie quotidiennes, pour notre plus grand plaisir. Nous avons aussi visité le palais poussiéreux, puis nous avons repris un train pour remonter de l'autre côté de la péninsule indienne.

Chennai

Anciennement Madras, Chennai est aujourd'hui la 4ème ville du pays, mais telle Shanghai ou Mumbai, c'est une ville relativement jeune, qui doit son essor à la colonisation. On y visite l'ancien fort, aujourd'hui transformé en complexe de bureaux gouvernementaux, remplit de fonctionnaires. Nous avons aussi fait une petite halte médicale pour Clem : l'occasion de tester les médecins indiens. Enfin, nous avons rencontré, sur le campus de Loyola College (une des meilleures universités d'Inde, tenue par les jésuites) le père Michael, qui nous était recommandé par ses confrères de Goa. Indien mais parlant un français impeccable, il nous a expliqué qu'en plus de sa mission purement académique, l'université à pour but d'instiller des bonnes valeurs aux jeunes étudiants, quelle que soit leur religion : faire des jeunes chrétiens de meilleurs chrétiens et des jeunes hindous de meilleurs hindous en quelques sortes.

Après toutes ces aventures, nous avons pris un train de nuit - puis de jour - puis re de nuit (30 heures) pour Calcutta.
nos voisins de train entre chennai et calcutta
 

Sunday, October 9, 2011

Durga Puja



Le Panthéon des dieux Hindous est bien encombré, puisqu'outre la trinité Brahma (créateur) – Vishnu (préservateur) – Shiva (destructeur), il existe un nombre incalculables de dieux et déesses aux multiples incarnations (oui, même les dieux ont plusieurs vies). Mais il est une déesse qui à une place toute spécial dans le cœur des habitants de Calcutta : il s'agit de la vaillante Durga. 
 
 
Selon la mythologie hindoue (ou plutôt, selon ce que nous sommes parvenus à en comprendre), un méchant démon, mi-homme, mi-buffle, semait une joyeuse pagaille dans l'univers, car le dieu Brahma lui avait promis, pour une cause qui nous échappe, qu'il ne serait pas tué de main d'homme (ou de dieu). Tout le panthéon des dieux était en émoi, car il menaçait de tout dérégler, mais ils étaient impuissants de faire quoique ce soit contre lui. Puis Parvati, la déesse femme de Shiva s'incarna sous la forme de Durga, une vaillante guerrière aux huit bras, chacun brandissant une arme différente, et s'en vint confronter le démon. Cela le fit tout d'abord rire, qu'on envoie une femme se mesurer à lui, mais au bout d'une lutte acharnée de 10 jours, Durga parvint à terrasser le monstre.
 
 

C'est pourquoi, chaque automne, Calcutta célèbre pendant 10 jours la victoire du bien sur le mal, lors de la fête de Durga Puja (offrande à Durga). Chaque quartier et communauté de la ville se cotise pour élever un autel magnifique à la déesse et ses compagnons (Ganesh et Laxmi en font parti aussi) et pendant 10 soir, les habitants de la ville revêtent leurs habits de fête pour aller visiter les autels, prier, et profiter de cette grande kermesse conviviale à ciel ouvert..
 
Le soir du 10ème jour, les autels sont démontés, et les statues sont emportées sur les ghats (les marches qui descendent dans l'eau) de la rivière Hooghly, un des affluents du Ganges, sacré pour les hindous. Les statues, chargées de toutes les prières et espoirs des fidèles, seront immergées et emportées au loin vers la mer.