Tuesday, May 31, 2011

La dernière croisade


Audrey, Anne et Aude passaient quelques jours de vacances en Jordanie. L'occasion pour nous de passer la frontière et de les retrouver à Petra, sur  les pas d'Indiana Jones et de son père. Nous avons donc passé 3 jours à arpenter cette cité perdue, "retrouvée" au début du 19ème siècle par Jean Louis Burckhardt explorateur suisse converti à l'Islam, qui se faisait appeler Ibrahim ibn Abdullah et passer pour un pèlerin à la recherche de la tombe d'Aaron.

Pour ceux qui n'auraient pas vu "La Dernière Croisade" d'Indiana Jones, la ville de Petra a été creusée dans la roche rouge des défilés au sud-est de la mer morte. Les parois rocheuses s'élèvent à plusieurs dizaines de mètres de nos têtes, de part et d'autres, et de nombreux tombeaux gigantesques somptueusement décorés y sont sculptés. Ville crée par la civilisation Nabatéenne environ un siècle avant JC, Petra était un passage obligé des caravanes de chameaux qui traversaient la région, et doit donc son succès au commerce. Cela explique les différentes influences très clairement présentes dans les différentes structures retrouvées sur ce site: assyriennes, grecques, et surtout romaines. On dit que les Nabatéens, malins, n'étaient pas des guerriers, et se contentaient d'acheter leurs ennemis, soit avec des pots de vins, soit en payant un impôt, et assurant ainsi la survie de leur civilisation. Cependant, se trouvant en pleine région séismique, Petra a été à plusieurs reprises détruite par des tremblements de terre, notamment au 4ème siècle, et fut finalement abandonnée après celui au 7ème siècle.
Le site est absolument gigantesque, s'étalant sur 100km², et tous les points d'intérêts sont loin d'avoir été excavés. On crapahute pendant 3 jours sous un soleil de plomb, montant et descendant des escaliers creusés dans la roche pour voir la splendeur du site sous toutes les coutures. Parfois un léger vertige empêche l'une ou l'autre de profiter d'une vue plongeante sur un tombeau, et nous sommes tous fourbis mais émerveillés par la taille et la beauté des monuments sculptés à même la montagne. Heureusement qu'il y a des bédouins qui tiennent des échoppes à souvenir le long des sentiers qui nous offrent de façon très régulière du thé !
Après quelques jours, nous quittons les filles à regret pour repasser la frontière avec Israël, (frais de sortie, 5 contrôles de passeport sur 200m, fouille de bagages, etc.) tandis qu'elles repartent explorer le Wadi Rum et le reste de la Jordanie.

Monday, May 30, 2011

Le Golan




Nous avons du louer une voiture afin de passer quelques jours dans le Golan, région tout au nord d'Israël, non loin des frontières avec le Liban et la Syrie, et d'ailleurs annexée à la Syrie durant la guerre des six jours de 1967. Cette région très pittoresque est assez stratégique car elle contient plusieurs affluents du Jourdain, et donc sert à approvisionner Israël en eau, parfois au détriment de ceux en aval : Cisjordanie et Jordanie.



Nous avons visité la citadelle de Nimrod, magnifique forteresse construite par les arabes au 13ème siècle pour surveiller la route de Damas et se protéger de la 6ème croisade. Jamais prise, elle est cependant devenue trop couteuse à entretenir et fut abandonnée suite à un tremblement de terre au 18ème siècle.

Non loin de là se trouve le parc naturel de Banias, où l'on peut voir de belles cascades d'un des affluents du Jourdain, et les ruines de la ville de Césarée de Philippe. Ancien temple au dieu Pan, ville romaine d'Agrippa, puis byzantine, puis forteresse croisée, il y a de belles ruines illustrant le passage des différentes civilisations et influences.














On peut aussi visiter, non loin de là, un des bunkers qui a servi à l'armée Israélienne pendant la guerre des 6 jours, perché sur une colline avec vue sur la Syrie. Les panneaux d'information historique qui accueillent les visiteurs parlent de "libération" du Golan lors de ce conflit.

Saturday, May 28, 2011

La côte nord


Non loin de la grosse ville de Haïfa, on trouve deux sites archéologiques majeurs, extrêmement bien conservés et expliqués, illustrant à quel point différentes civilisations et influences se sont succédées dans cette région au fil des siècles.
Au sud d'Haïfa, se trouvait la ville de Césarée. Ce petit village de pécheur fut transformé par le roi Hérode, quelques années avant la naissance du Christ, en énorme ville portuaire en l'honneur de Rome, son mécène. Théâtre de 3000 personnes, hippodrome pouvant contenir 10000 spectateurs, temple à grandes colonnes dédié à la déesse Rome, aqueduc pour y apporter de l'eau douce, cette ville est vite devenue la capitale de la région. A l'époque byzantine, le temple Romain céda la place à une église byzantine, et on y installa de magnifiques bains couverts de mosaïques encore bien conservées. En 640 la ville fut prise par les arabes, l'église byzantine céda la place à une mosquée, mais la ville tomba peu à peu à l'abandon. Elle reprit de l'importance avec les croisades, et la mosquée fut détruite au profit d'une basilique croisée, et une partie de la ville fut fortifiée. La ville passa des mains des croisés à celle des arabes 4 fois, puis en 1251 fut reprise par Saint Louis. Dix ans plus tard, c'est le sultan Baybars qui la reprit, et cette fois ci la rasa complètement, afin qu'elle ne puisse plus servir de base pour les croisades.

Au nord d'Haïfa se trouve la ville d'Akko, appelée Saint-Jean d'Acre par les français. Déjà importante au temps d'Alexandre le Grand, elle fut ensuite prise par les Ptolémées (égyptiens) puis les Séleucides (Syriens), par les Arabes en 636, et enfin par les croisés.  Ces derniers en firent leur principal port d'approvisionnement pour les croisades. Perdue à Saladin, puis reprise par Richard cœur de Lion, la ville fut enfin reperdue et dévastée par les Mamelouks venus d'Egypte en 1291. Elle sommeilla pendant environ 450 ans jusqu'à ce qu'un mercenaire Bosniaque de l'empire Ottoman, Ahmed el Djezzar (Ahmed le boucher) s'y intéresse et en refasse une puissance importante et quasi indépendante de l'empire Ottoman au 18ème siècle. La ville repoussa l'attaque de Napoléon, et son importance diminua progressivement au profit de Haïfa au cours du 19ème et 20ème siècle. Aujourd'hui on y trouve une vieille ville fortifiée qui abrite un dédale de petites ruelles charmantes, et surtout on y a déterré l'ancienne forteresse croisée, véritable ville souterraine, car après plus de 4 siècles d'abandon, Ahmed-el-Djezzar trouva plus simple de combler les salles de la forteresse et de construire son palais par-dessus plutôt que de tout détruire et recommencer à zéro.
Cela a permis de préserver de façon spectaculaire ces immenses salles construites par les Chevaliers de l'Ordre Hospitalier de Saint Jean (par la suite, une fois chassé de Terre Sainte par les Mamelouks, l'Ordre se réfugiera à Chypre, puis à Malte, ce qui lui vaut son nom actuel de l'Ordre de Malte). Autre ordre chrétien très présent à Acre durant les croisades, les Templiers construisirent un tunnel gigantesque sous la ville reliant leur palais au port, afin de faciliter les déplacements en cas de siège.

Friday, May 27, 2011

La Galilée


L'évangile de Pâques est on ne peut plus clair: "Il n'est pas ici, il vous précède en Galilée" (Marc 16: 6-7). Nous sommes donc partis au lendemain de Pâques en Galilée, en nous joignant à quelques volontaires françaises travaillant à l'hôpital Saint Louis, qui avaient 2 places dans leurs voitures de location. La Galilée est  environ 80 km au nord de Jérusalem, et c'est dans cette région que Jésus a passé la plupart de sa vie, entre son enfance à Nazareth, le premier miracle quelques kilomètres plus loin à Cana, et les 3 ans de sa vie publique autour du lac de Tibériade, aussi appelé "mer de Galilée".

Nous avons eu la chance d'être accompagnés de Frère David, un Franciscain québèquois, avec qui nous avons visité les principaux sites religieux avec l'éclairage de l'évangile.  Il nous a aussi donné beaucoup d'explications archéologiques et historiques, et nous a notamment expliqué comment les franciscains ont retrouvé à la fin du 19ème siècle la ville de Capharnaüm, détruite et ensevelie depuis plus d'un millénaire. Faisant le lien entre le nom de Capharnaüm, qui apparait de nombreuses fois dans les évangiles, et le nom pourtant très déformé d'un endroit déserté au bord du lac de Tibériade, ils ont acheté le terrain et commencé à faire des fouilles de façon aléatoire. A ce jour, toute une partie de la ville a été retrouvée, avec notamment les ruines d'une synagogue du 2ème siècle, et la maison de l'apôtre Pierre, lieu où Jésus a été reçu de nombreuses fois et a fait des miracles. Cette maison est un des 3 lieux dont on est sûr à 99% que Jésus est venu, (avec la grotte de la nativité à Nazareth et le saint sépulcre à Jérusalem) notamment parce qu'une église primitive octogonale y a été érigée très tôt.
Nous avons aussi visité les églises du Mont des Béatitudes, lieu où Jésus aurait proclamé le sermon des béatitudes (Matthieu 5: 1-12), celle de la primauté de Pierre, où après sa résurrection Jésus aurait par trois fois dit à Pierre "paix mon troupeau" (Jean 23: 15-18) et lui confiant la direction de son église, et enfin l'église de Tabga, lieu de la première multiplication des pains (Marc 6: 30-44).

Quelques jours en Palestine


Nous avons passé 5 jours en Cisjordanie, la partie des territoires palestiniens à l'est de Jérusalem et à l'ouest de la Jordanie. Pour y accéder depuis Jérusalem on doit traverser un mur de 9 mètres de haut, très très impressionnant. Nous avons commencé par passer quelques jours à Bethlehem, ville d'origine du roi David, et lieu de naissance de Jésus. La grande Basilique de la Nativité, construite au-dessus de la grotte où Marie aurait mis au monde son fils, a été érigée au 4ème siècle par Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin.

Ce sont les frères Franciscains qui ont la garde de ce lieu (comme de la plupart des lieux saints catholiques en terre sainte) et nous avons été impressionnés par leur désir de ne pas se contenter de la tradition chrétienne en ce qui concerne la localisation des lieux saints, mais d'utiliser tous les moyens scientifiques et historiques qu'ils ont pour vérifier si les pierres disent la même chose que la tradition. La basilique est donc construite sur la grotte, et partagée, comme le Saint Sépulcre à Jérusalem, entre Catholiques, Orthodoxes grecs, Syriens, Arméniens et Coptes. Elle a fait l'objet d'un siège en 2006 lorsque des combattants Palestiniens s'y sont réfugiés, cernés par l'armée Israélienne, et soignés et ravitaillés par des frères franciscains à l'intérieur.
Résolution 194, encore très à l'esprit des habitants du camp de Deisha
Hope Flower School
Nous avons visité d'autres lieux religieux, nous sommes passés dans le camp de régugiés de Deisha,  et nous avons surtout passé une matinée avec Ibrahim, qui dirige la Hope Flower School, et qui nous a consacré du temps pour nous expliquer son fonctionnement. Cette école primaire est privée, et ouverte à toutes les religions tant pour les élèves que pour les professeurs. Leur particularité est justement cette ouverture qui se reflète dans l'enseignement de matières délicates : les religions, et l'histoire. Ainsi les élèves apprennent les bases de leur croyance et leurs fêtes religieuses mais aussi de la religion de leurs camarades de classe, en choisissant de se focaliser sur ce qu'ils ont en commun, et dans le respect de la différence. Ils ont aussi des cours sur la paix et les droits de l'homme.   Mais Ibrahim ne se contente pas d'agir sur les enfants : il dirige également le Hope Flower Center, centre communautaire qui se propose de former des professeurs de toute la Cisjordanie qui veulent s'inspirer du modèle de son école. Il propose aussi des formations aux entreprises ou au monde associatif sur le "comment vivre ensemble" dans une société où la religion divise beaucoup plus qu'elle ne rassemble. Il propose enfin des programmes d'entreprenariat pour les femmes, afin de les aider à monter leur micro-entreprise ou coopérative. Clem a également assisté à un cours de nutrition et gestion du foyer pour une trentaine de femmes entre 20 et 50 ans.


rue du marché d'Hébron, où un filet retient les ordures et pierres 
Nous avons par la suite passé une après-midi dans la ville d'Hébron. C'est une des plus grandes villes de Cisjordanie, un centre économique, et aussi le lieu du tombeau des patriarches : Abraham et sa femme Sarah, Isaac et sa femme Rebecca, Jacob et une de ses femmes Leah. Nous avons été accueillis à notre sortie du bus par Salam, une amie d'ami d'ami, et sa sœur, qui nous ont très gentiment fait faire tout un tour dans la vieille ville. Nous avons pu voir les 5 colonies qui entourent la vieille ville, et les militaires omniprésents plus encore qu'ailleurs (5000 soldats pour 500 colons). C'est très impressionnant. Après notre visite Salam a insisté pour que nous venions prendre une collation dans sa famille, où sa mère nous avait en fait préparé un énorme poulet et son riz parfumé, et une bonne partie de sa nombreuse famille est venue faire connaissance. Nous avons été très touchés par leur accueil si chaleureux.



Nous avons également passé voir le monastère grec orthodoxe de Mar Saba, à flanc de colline en plein milieu du désert. L'entrée du monastère est en revanche interdite aux femmes qui doivent attendre dehors... Nous sommes aussi allés à la mer morte, où nous nous sommes baignés et nous sommes frottés de sa boue aux vertus thérapeutiques.  Cette ancienne mer à 411m au-dessous du niveau de la mer est le point le plus bas de la terre, et sa concentration en sel est dix fois supérieure à la mer normale, ce qui fait qu'on flotte tout naturellement dans son eau à plus de 30°. Enfin, nous avons terminé notre passage en Palestine par une journée dans la capitale Cisjordanienne : Ramallah, ville plus moderne où il fait bon sortir.


En visitant la Palestine, on a vite un sentiment d'injustice et d'impuissance devant la force d'Israël et la l'humiliation quotidienne que subissent les palestiniens. Mais nous développerons un peu plus sur ce sujet en rédigeant nos conclusions sur la région, après avoir un peu plus exploré les différents points de vue.

Tuesday, May 3, 2011

Semaine Sainte à Jérusalem


 Jérusalem est la ville la plus fascinante que nous ayons jamais vue. Son architecture et sa population sont riches des apports de toutes les cultures qui l'ont envahie ou qui y sont passée. L'histoire du monde et les religions y sont imbriquées avec une force unique. Cette ville est LE centre, LE carrefour, LE nœud.
Bien sûr, on en a souvent une image trouble, liée aux conflits de la région. En réalité en voyant la diversité extrême de cultures et de religions, on s'étonne qu'il n'y ait pas plus d'accrochages.
Nous avons donc passé 10 jours à Jérusalem, dans un tout petit studio que nous avons loué, où nous nous sommes sentis chez nous, et avons pu nous approvisionner au marché et cuisiner... Après 3 mois de nomadisme, c'était vraiment agréable. 
Si nous sommes venus à Jérusalem à ce moment-là, c'était pour y passer la Semaine Sainte, moment où les chrétiens commémorent les derniers jours de Jésus à Jérusalem, de son entrée triomphale dans la ville à son arrestation et sa crucifixion quelques jours plus tard, et enfin sa résurrection le dimanche de Pâques. 
Nous avons commencé par participer à la joyeuse procession du dimanche des rameaux avec environ 10000 chrétiens du monde entier : européens, éthiopiens, indiens, philippins, mexicains, ... et bien sûr des palestiniens chrétiens, joyeusement déchaînés. L'Eglise avait vraiment son beau visage bigarré. 

En regardant passer les groupes, nous en avons repéré un qui chantait des chants en français que nous connaissions : nous l'avons rejoint pour pouvoir plus participer, et nous avons ainsi rencontré les dominicains de l'école biblique de Jérusalem. Nous les avons adopté et sommes allés à la messe tous les jours chez eux, et avons fini par lire et chanter pour le triduum pascal. Après 3 mois à changer d'église tous les dimanches et à avoir des messes en anglais, chichewa, tumbuka et swahili, nous nous sommes sentis dans notre paroisse. (Presque aussi bien qu'à Notre-Dame de Bercy, notre chère paroisse du 12e qui nous manque tant)

Nous avons passé cette semaine sainte à marcher sur les traces du Christ : chemin des rameaux, enseignements au Mont des Oliviers, agonie à Gethsémani, chemin de croix... 
On vient à Jérusalem pour voir Jésus. Mais ce n'est pas évident car les lieux ont beaucoup changé, entre l'urbanisation et la construction de sanctuaires : le Golgotha n'est plus un rocher dans la campagne, c'est un amoncellement d'églises bourré de pèlerins ou de visiteurs de toutes sortes. On ne comprend d'ailleurs toujours pas comment on peut arriver à jouer des coudes pour aller voir le tombeau du Christ... Certaines célébrations sont donc très fortes mais malheureusement bondées.
Il faut donc chercher Jésus et chercher à se représenter ce qu'il a vécu, avec pour certains endroits la certitude historique que les événements se sont bien passés là. C'est difficile à faire en 2 minutes dans la cohue. C'est sans doute pour cela que nous avons préféré le jardin de Gethsémani, dont les pierres et les oliviers n'ont pas dû trop bougé depuis 2000 ans, et surtout ou le calme et le recueillement sont possibles. 
Finalement, entre les visites aux lieux saints, les célébrations belles mais bondées, et les célébrations belles et plus recueillies et auxquelles nous avons pu participer chez les dominicains, nous avons vécu une très très belle semaine sainte. Ca nous a en particulier fait très plaisir de croiser Christian, Philippe et Gwenola le soir de la Veillée Pascale !

Jérusalem : introduction

Jérusalem est une ville fascinante, on s'en rend compte dès qu'on franchit une des portes de la vieille ville, et qu'on pose les yeux sur ce spectacle grouillant où se mêlent juifs orthodoxes, musulmans, et chrétiens de tous bords: luthériens, grecs orthodoxes, syriens, arméniens, éthiopiens, coptes (chrétiens d’Égypte), maronites (chrétiens du Liban), frères franciscains ou dominicains, petites sœurs de la charité, bénédictines, brigittines, prêtres en soutane ou simple col romain... La vieille ville de Jérusalem est Lieu Saint pour les 3 religions monothéistes.

Cette ville a bien plus de 3000 ans, et depuis sa conquête par le Roi David et la construction par son fils Salomon du grand Temple pour abriter l'Arche de l'Alliance et les Tables de la Loi, la ville n'a jamais été en paix pendant plus de 200 ans. En effet, d'innombrables peuples venus d'ailleurs, à commencer par les Babyloniens, puis les Grecs, les Romains, les Byzantins, puis encore les Mamelouks venus d'Egypte, les Croisés venus d'Europe, et pour finir les Ottomans et les anglais, sont tous venus occuper cette ville un temps, et rajouter leur pierre à la ville actuelle.
La ville comprend 3 principaux lieux saints : Le mur Occidental du Temple, appelé Mur des Lamentations, pour les Juifs, le Saint-Sépulcre pour les Chrétiens, et le Dôme du Rocher pour les Musulmans. 

Le Dôme du Rocher, 3ème lieu saint pour les musulmans
Le Temple de Jérusalem, construit par Salomon, fils de David, sur le lieu indiqué par Dieu, était le Lieu Saint par excellence pour les Juifs pendant plus de mille ans. Lieu présumé de la création d'Adam et du sacrifice d'Abraham, il abritait dans sa partie la plus sacrée, réservée au Grand Prêtre seul et appelée le "Saint des Saints", l'Arche de l'Alliance, qui contenait les Tables de la Loi données à Moïse par Dieu. Détruit une première fois par Nabuchodonosor II lors de l'exil des juifs à Babylone en 587 avant JC, puis reconstruit, envahi par les Grecs, puis purifié, il fut de nouveau détruit par les Romains en l'an 70, et le peuple Juif chassé de Jérusalem et exilé de par le monde. Les ruines du Temple furent laissées telles quelles pendant de nombreuses années, puis à l'arrivée des premiers Croisés, une église fut construite sur une partie de l'esplanade. Quelques années plus tard, le prophète Mahomet raconta à ses disciples avoir effectué un merveilleux voyage nocturne, où accompagné par l'Ange Gabriel, il aurait été transporté vers la Mosquée la plus lointaine, puis de là serait monté au Ciel. Cette parole fut par la suite interprétée par ses disciples comme indiquant Jérusalem, et les Musulmans bâtirent la mosquée du Dôme du Rocher autour de la pierre depuis laquelle Mahomet serait montée au Ciel, et celle d'Al Aqsa (ce qui veut dire la mosquée la plus lointaine) sur l'ancienne église des Croisés. Le Dôme du Rocher est le 3ème lieu le plus sacré de l'Islam, après la Mecque et Médine.

Le Mur des Lamentations
Ainsi du Temple de Salomon il ne reste aujourd'hui qu'un seul grand mur, le Mur Occidental, lieu de prière et de recueillement pour les Juifs, où ils peuvent se lamenter de la destruction de leur Temple, et prier Dieu au plus près de l'endroit qu'Il leur avait indiqué. Aujourd'hui cet endroit est une synagogue à ciel ouvert : il y a une section réservée à la prière des hommes, où l'on doit se couvrir la tête d'un chapeau ou d'une kippa, et une partie, un peu plus petite, réservée aux femmes. Tous prient auprès du Mur, et glissent des prières écrites sur des petits bouts de papier entre les pierres du mur. 
Le Saint Sépulcre, vu des toits


Jérusalem étant le lieu de la fin de la vie de Jésus Christ, de son entrée triomphale dans la ville au moment des Rameaux à sa crucifixion le Vendredi Saint, de nombreux lieux sont saints pour les Chrétiens, le plus important étant le Saint Sépulcre, ou Tombeau du Christ. Sainte Hélène, mère de l'empereur romain Constantin, identifia le site en l'an 300 et une grande basilique y fut construite à partir de 326, comprenant le Golgotha, lieu de la crucifixion de Jésus, et le tombeau où il fut déposé avant de ressusciter 3 jours plus tard. Cette basilique est aujourd'hui partagée par les Catholiques, les Orthodoxes Grecs, les Syriens, les Arméniens, et les Coptes, chacun ayant sa chapelle, et ayant droit de faire ses célébrations dans les parties communes à tour de rôle, selon un planning bien précis et serré. Les Ethiopiens n'ont pas de chapelle dans le Saint Sépulcre et en ont donc construit une sur le toit de l'église. 
prêtre éthiopien
Aujourd'hui la ville de Jérusalem est très étendue, et abrite environ 500 000 personnes. Elle s'étend de part et d'autre de la vieille ville, qui elle, reste cachée derrière ses hauts remparts, construits par Saladin au 13ème siècle, et se divise en 4 quartiers de taille inégale. Le quartier Arménien est le plus petit, mais aussi le plus secret : il héberge environ 2000 personnes, mais la plupart de ses rues nous sont inaccessibles. Le quartier Juif, au sud-est de la ville, est le plus moderne, car il a été très endommagé lors des combats de la guerre de 1967, et entièrement reconstruit depuis. Il abrite environ 5000 personnes, et comprend le Mur des Lamentations. Le quartier Chrétien, au nord-ouest, abrite de nombreuses églises de toutes les confessions chrétiennes, et à peu près 6000 personnes. Enfin, le quartier Musulman est le plus grand quartier à la fois en taille et en population, car il héberge 25 000 personnes, ainsi que la grande esplanade des mosquées. En contrebas des murailles, à l'est de la ville, s'étend le grand cimetière juif du Mont des Oliviers, et le petit jardin de Gethsemani, où Jésus est allé prier le soir du Jeudi Saint, avant d'être arrêté et jugé.

Le mythe de Mozambique Island

En préparant notre voyage, un journaliste m'avait dit : "Il faut absolument que vous passiez à l'île Mozambique. C'est un endroit unique, c'est mon endroit préféré en Afrique". D'après ce qu'il me décrit alors, j'imagine une petite île tranquille, peuplée de gens très chaleureux, et couverte d'architecture coloniale et de plages paradisiaques. Le rêve ! Un autre ami nous ayant chanté les louanges du Mozambique, nous comptons fermement passer par le Nord du Mozambique entre le Malawi et la Tanzanie, pour passer quelques jours sur cette mythique île Mozambique.
Mais dès nos premières rencontres en Afrique du Sud, des éléments viennent nous perturber. Lors d'un dîner, la nièce de notre hôte zimbabwéenne habite au Mozambique : elle nous dit "Au Mozambique, à cause de la guerre, tout le monde a un flingue dès l'âge de 7 ans : mais souvent il est sans munitions et sert juste à faire peur aux touristes. Sinon il faut faire attention car il reste beaucoup de mines anti-personnel dans le pays. Et aussi, il y a quand même beaucoup de requins près des plages." Nous sommes un peu échaudés, surtout Clem.
Un mois plus tard, nous arrivons à la frontière Zimbabwe - Mozambique avec le bus qui nous transporte de Johannesburg en Afrique du Sud à Blantyre au Malawi. Côté Zimbabwe (départ), cela va assez vite. En revanche côté Mozambicain (arrivée), nous tombons sur un petit chef : comme j'ai le malheur de mal remplir mon papier, il prend un air affligé et refuse de nous donner ou même vendre un autre formulaire. Un interprète qui nous aide à bien remplir le papier finit par trouver du tipp-ex. Après cela, le garde frontière soupire devant mon formulaire, et met un temps fou à nous sortir nos visas à 30$ l'entrée pour 10 h de traversée en bus dans le pays. Quand nous repartons enfin, nous avons une image peu accueillante du pays.
Deux semaines plus tard, au Malawi, nous rassemblons des renseignements sur notre passage au Mozambique, et surtout sur la frontière avec la Tanzanie, pays dans lequel nous attrapons notre prochain vol. Un fleuve délimite cette frontière, et un pont y est en construction depuis 5 ans, mais toujours pas fini. D'après différentes sources, il faut donc passer le fleuve en canoë. Selon le temps qu'il fait, c'est plus ou moins risqué, surtout pour les bagages.
Nos perspectives mozambicaines s'assombrissent : Repayer un visa auprès d'un imbécile pour se faire braquer par des gosses, perdre une jambe sur une mine antipersonnelle, se faire manger l'autre par un requin en se baignant à la plage et finir à l'eau avec nos bagages en passant la frontière avec la Tanzanie, c'en est trop pour Clem. L'aventure oui, mais pas trop quand même. Ce n'est pas parce que j'ai un chapeau d'Indiana Jones qu'elle est prête à tout avec moi. Nous tirons donc un trait sur l'île Mozambique, qui restera de l'ordre du mythe... On ne peut pas tout faire !