Friday, September 30, 2011

Recette : curry de poisson et toreno de papaye


(Beaucoup de recettes de cuisine en ce moment, mais c'est parce que la cuisine indienne est tellement bonne !) Ceci est un plat du Kerala, une des régions de l'Inde du Sud, où l'on mange beaucoup de poisson et de noix de coco.

Ingrédients:


  • 1 papaye verte (peut être remplacée par un demi chou vert)
  • 1 noix de coco
  • 1 oignon
  • 4 têtes d'ail
  • 1/2 cuillère de grains de moutarde
  • 400g de thon frais
  • 1 tomate
  • feuilles de curry
  • 2 cuillères curcuma
  • 1 cuillère poudre de piment
  • 1 cuillère poudre de coriandre
  • 30g de gingembre frais
  • 200ml vinaigre (de votre choix)
  • 1 cuillère de curry
  • 1 piment vert
  1. Recouvrir le thon frais de la poudre de curry, et le faire mariner quelques heures dans du vinaigre. Puis le faire griller quelques minutes à la poêle, sans attendre qu'il soit complètement cuit, et retirer du feu, puis placer dans une cocotte.
  2. Couper la noix de coco, et en placer le lait dans un bol, et y rajouter de l'eau. Rapper la chair de la noix de coco, ainsi que la moitié de l'oignon, deux têtes d'ail, et la papaye verte (ou le chou vert)
  3. Dans une sauteuse avec très peu d'huile, faire revenir 10 minutes la papaye râpée (ou le chou), la noix de coco râpée, le demi oignon râpé, l'ail râpé, les graines de moutarde, la moitié des feuilles de curry, une cuillère de curcuma, et une pincée de sel. Après 10 minutes, retirer du feu.
    toreno de papaye verte
  4. Dans une poêle, faire revenir avec un peu d'huile : le reste de l'oignon (haché), le gingembre (haché), deux têtes d'ail (hachées), le piment vert (haché), l'autre moitié des feuilles de curry, jusqu'à ce que le tout soit doré. Puis rajouter une cuillère de curcuma, une cuillère de poudre de coriandre, et une cuillère de poudre de piment, et un tiers du lait de coco, ainsi qu'une pincée de sel et mélanger une minute. Verser le tout dans la cocotte qui contient le poisson grillé.
  5. Dans la même poêle, faire griller 2 minutes la tomate coupée en dés, et la rajouter à la cocotte de poisson, ainsi que la moitié de ce qui reste du lait de coco.
  6. Placer la cocotte sur un feux doux pendant 10 minutes. Puis rajouter la fin du lait de coco, et mélanger.
  7. Servir le curry de poisson avec le toreno de papaye (ou de chou) et déguster chaud, avec du riz blanc.

Saturday, September 17, 2011

Dharavi


Mumbai est la capitale économique de l'Inde : plus de 50% des exports du pays passent par son port. Construite en grande partie sur de la terre prise sur la mer (comme les Pays Bas), l'immobilier y est très cher, et pourtant, 55% des 16 millions d'habitants vivent dans des "slums", bidonvilles à l'indienne. Si vous avez vu le film "Slumdog Millionaire" sorti il y a 2 ans, alors vous aurez peut-être une idée de ce à quoi peut ressembler un slum, c'est à dire les bidonvilles à l'indienne (si vous n'avez pas vu ce film, on vous le conseille vivement). Au début, des personnes construisent des logements de fortune sur un coin de terrain inoccupé, puis ils sont rejoints par d'autres et petit à petit, certaines habitations sont construites en dur. Le terrain sur lequel sont construits les habitations appartient à l'état, mais les habitations sont privées et leurs habitants en sont propriétaires. Une loi récente à déterminé que les logements construits de cette façon avant 2000 sont tous légaux.

Le plus connu des slums de Mumbai est Dharavi, un triangle de terrain coincé entre les deux lignes de train principales de la ville et le nouveau district d'affaires de la ville. Plus d'un million de personnes vit et travaille dans cette zone de 1,7km². Mais contre toute attente, ce n'est pas une zone économique sinistrée : au contraire, cette zone génère près de 700 millions d'euros de chiffre d'affaire par an ! En effet, de nombreuses industries y sont établies, de façon artisanales et dans des maisons privées, qui font vivre non seulement les habitants des slums, mais aussi des travailleurs migrants venus d'ailleurs en Inde.

L'industrie qui nous à le plus impressionnée est celle du recyclage de plastique. Chaque jour, de nombreux enfants apportent toute sorte de déchets en plastique récoltés dans la ville entière : bouteilles vides, carcasses d'ordinateurs ou de télévision, vieux emballages. Ces plastiques sont triés à la main par type de plastique, puis découpés en petits morceaux par une machine ressemblant à un presse-purée géant. A l'étape d'après, les morceaux sont lavés et séchés, puis teints, et fondus en petites billes de plastique. Le résultat final est  revendu aux entreprises et usines de l'Inde entière. Chaque étape est indépendante, et souvent située dans une maison différente. Les travailleurs migrants employés pour l'essentiel du travail vivent sur place, afin de ne pas dépenser inutilement leur salaire d'environ 3000 roupies par mois (soit 50€, bien plus que ce qu'ils pourraient gagner à la campagne) car ils doivent le rapporter à leurs familles au village, où ils rentrent en général pour 2 mois au moment de la mousson.

Parmi les autres industries qu'on à pu apercevoir, on notera les tanneries : peaux de chèvres et de buffles (pas de vaches, car elles sont sacrées) sont apportée, les poils retirés, la peau teinte et cirée, puis le cuir utilisé pour chaussures, blousons, ceintures, sacs ou autres. Ailleurs, des ouvriers récoltent divers objets en aluminium, et les fondent pour en faire des briques, ensuite revendues aux entreprises. Pour beaucoup, les ouvriers de ces industries travaillent dans des conditions dangereuses, sans aucune protection, et respirent des fumées parfois toxiques. Nous avons aussi vu de la reconstitution de cartons : un type collectait des grands cartons d'emballage un peu endommagés, découpe les parties cassées (qui seront recyclées) et recompose des cartons entiers en bon état qu'il revend aux entreprises pour emballer leurs produits. Ou encore, on voit des hommes tremper de longs tissus afin de les teindre dans des grands chaudrons fumants. Une partie de ces tissus seront par la suite imprimés à la main par des femmes en utilisant la technique du "bloc printing". Des ateliers de couturiers fabriquent ailleurs des vêtements prêt-à-porter. On trouve aussi des fabricants de meubles, de pots en terre cuite, des recycleurs de bidons d'huile de cuisine... Sans parler de tous les commerces nécessaires pour soutenir une communauté d'un million de personnes : restaurants, coiffeurs/barbiers, marchands de légumes ou d'épices, médecins, banque (sisi, il y a un DAB dans le centre de Dharavi), boutiques, etc.

De nombreuses personnes vivent dans Dharavi mais travaillent à l’extérieur, dans les quartiers plus chics de la ville, dans des commerces ou entreprises où ils gagnent plutôt 6000 roupies par mois (100€). Il y a donc des quartiers plus chics que d'autre au sein de Dharavi. Certains qui pourraient peut être se permettre financièrement de vivre ailleurs choisissent de rester pour la vie de communauté vibrante. Dans un logement moyen, de 10 à 12 m², avec électricité, et de l'eau courante environ 3h par jour, vie une famille de 2 à 5 voire 6 personnes. Ils ont un coin douche (une bassine derrière un rideau) et un coin cuisine (un réchaud, un pot pour conserve l'eau bouillie, pas de frigo), et ils déroulent leurs matelas pour dormir sur le sol la nuit. Moins d'un pour cent des logements sont équipés de toilettes, il y a donc des toilettes communes par quartiers.
Point noir de slums : les infrastructures. Si le gouvernement doit légalement apporter électricité et eau courante aux habitations, cela est très mal fait. Des douzaines de fils électriques se croisent au dessus des têtes des passants dans des ruelles extrêmement étroites, et parfois un fil à nu déclenche un incendie. La tuyauterie est à même le sol, fuit, sans parler de l'écoulement. Enfin, pour l’enlèvement des déchets, les habitants s'arrachent les cheveux, car la municipalité corrompue n'envoie personne, et des tas d'ordures pestilentiels s'accumulent à quelques mètres des habitations.

Mais l'immobilier dans Mumbai devenant de plus en plus cher, les développeurs mettent une forte pression sur les habitants de Dharavi en particulier, pour les inciter à les laisser raser les logements à 1 ou 2 étages, pour y construire de grandes tours en béton, où ils seraient relogés (et les appartements supplémentaires seraient loués à bon prix). Mais la cohésion de la communauté, et les petites industries resisteraient-elles aux déménagements dans les tours? Pour l'instant le projet à été refusé à plusieurs reprises, mais une nouvelle version remaniée ne va pas tarder à être mise en avant. Il y a peu de chance que Dharavi resiste encore très longtemps à la lente croissance du quartier d'affaire de Bandra, juste au nord?

Tuesday, September 13, 2011

So Romantic




Il était une fois un grand prince Mughal, cinquième de sa dynastie, qui fut marié par ses parents à deux femmes, alors qu'il était encore adolescent (oui, car qui dit Mughal, dit musulman, donc deux femmes, c'est permis). Mais il ne les aimait pas plus que ça. Ce prince (appelons le Shah Jahan) tomba amoureux d'une autre jeune fille, la fille du premier ministre de son père l’empereur, et la pris pour sa troisième épouse.

Il l'aimait tant qu'il lui fit 14 enfants (en n'en eu aucun de ses deux premières femmes). Au palais, on lui donna le nom de "Mumtaz Mahal", la beauté du palais. Ils étaient tellement inséparables que quand le prince, devenu empereur, partait en guerre, Mumtaz Mahal l'accompagnait. Son 14ème enfant naquit ainsi sur un champ de bataille, mais suite à des complications après la naissance, Mumtaz rendit l'âme, dans les bras de son cher Shah Jahan. Il lui promit qu'il lui érigerait un monument si beau que le monde entier saurait combien il l'aimait.

Il fait venir des milliers de blocs de marbre blanc du Rajasthan, tirés par des éléphants. Il importa des pierres précieuses et semi précieuses du monde entier. Il embaucha (et convertit à l'Islam) 20000 ouvriers, et le chantier dura 22 ans. Puis il ensevelit son aimée sous ce monument, véritable hymne à l'amour, et à sa mort se fit ensevelir à ses côtés. (les deux premières femmes eurent droit à des petites mosquées à leur nom quand même, pour la forme)

C'est pas sooooooo romantic tout ça ???






Encore un immense merci aux parents de Stan !!

Recette : aubergine à l'indienne


ingrédients :

- 1 aubergine de taille moyenne
- 2 tomates
- 2 oignons
- 30g de gingembre
- 1 gousse d'ail
- 1 demi cuillerée de poudre de piment
- 1 demi cuillerée de poudre de coriandre
- 1 demi cuillerée de cumin
- une pincée de sel
- quelques feuilles de coriandre (déco)

1. Laver l'aubergine et la frotter d'un peu d'huile végétale. Puis la poser directement sur une flamme douce : soit à même la flamme de votre gazinière, soit au barbecue. Pendant environ 15 minutes, la tourner régulièrement (en prenant soin de ne pas vous brûler) jusqu'à ce que l'aubergine soit ramollie  toute entière, et la peau calcinée. Puis la passer sous l'eau froide, et retirer (avec les doigts) complètement la peau, et l'écraser avec une fourchette dans une assiette.

2. Couper les oignons et les tomates en dés, et hacher finement l'ail et le gingembre.

3. Dans un wok ou une sauteuse, faire revenir dans un peu d'huile végétale le cumin, l'oignon, le gingembre,  et l'ail, pendant 5 minutes. Rajouter les tomates, la poudre de piment, la poudre de coriandre, et la pincée de sel. Cuire à feux doux jusqu'à ce que les tomates soient ramollies. Puis rajouter l'aubergine, et cuire à feux moyen pendant 5 minutes et remuant régulièrement.

4. Verser le tout dans un plat et rajouter les feuilles de coriandre fraîche pour décorer. Servir chaud.

Rajasthan

Le Rajasthan, état occidentale de l'inde du nord, fait environ la taille de l’Espagne, et à rejoint l'état indien sur le tard, après l'indépendance du pays. En effet, cette région était en fait une multitude de petits royaumes, chacun gouverné par son maharaja, et n'a jamais été soumise ni aux empereurs Mughals qui gouvernaient le reste du nord du pays, ni aux britanniques à l'époque coloniale. C'est une partie de l'Inde où la tradition est encore très présente. La majorité des habitants sont hindous, mais il y a également un présence musulmane, ainsi qu’un certain nombre de temples Jain (nous aurons l'occasion de parler des religions en Inde dans un autre article). Les magnifiques saris et turbans de toutes les couleurs portés par les habitants reflètent un langage codé du système de castes.


Nous avons retrouvé avec joie les parents de Stan pour faire un tour de cette magnifique région pendant 10 jours. Nous avons commencé par passer dans le village de Mandawa, ancienne étape pour les caravanes de la route de la soie. Les marchands de la ville qui s'enrichirent grâce au commerce se firent construire de grandes maisons comportant plusieurs cours, richement décorées avec des fresques traditionnelles. Ces "havelis" sont pour la plupart en mauvais état, car avec l'indépendance de l'inde et l'interdiction de l'opium, les fortunes de ces riche marchands se sont écroulées.


  



A Bikaner, nous avons beaucoup aimé le fort Junagarh, palais fortifié en grès rouge, richement décoré et regorgeant de petites salles ornées de miroirs et de dorures. Nous y avons aussi squatté la piscine du maharaja local.
 


Jaisalmer mérite bien son surnom de "ville dorée", car même sous une mousson diluvienne, sa vieille ville fortifiée en grès jaune dégage une belle lumière dorée. Nous y avons visité le palais, et admiré la sagesse avec laquelle les 4 portes consécutives de la ville ont été conçues pour rendre la prise de la ville impossible à tout assaillant éventuel.


    
Jodhpur, la "ville bleue", s'étale en contrebas de l'imposant fort Meherangarh en grès rouge, où le Maharaja et ses Maharanis (bien qu'hindous, les Maharajas pouvaient avoir plusieurs femmes) ont vécu jusqu’à y a 30 ans. Les impressionnantes portes de la citadelle sont ornées de piques acérées à hauteur d'éléphant, pour que l’ennemi ne puisse pas les utiliser pour charger. De fait le fort n'a jamais été pris.



 
 En route pour Udaipur, nous avons fait escale au magnifique temple Jain de Ranakpur, perdu au milieu de la nature.


Puis nous avons continué vers la ville des lacs, la belle Udaipur, construite au 16ème siècle par Udai Singh II, sur un site marécageux qu'il transforma en lac artificiel grâce à un barrage. On y trouve évidement des temples et un palais, mais aussi des palais et des jardins sur des îles au milieu de lac, ainsi qu'un jardin muré réservé à la maharani et ses demoiselles de compagnies, où le seul homme qui pouvait rentrer était le maharaja. Nous avons eu la chance de voir les lacs bien plein car si ces deux dernières années les moussons ont été abondantes, les cinq année précédentes les lacs étaient quasiment asséchés (ce qui gâche un peu le charme de la ville). Udaipur à été décrétée (par nous) la ville la plus belle du Rajasthan.



 

En remontant vers le nord, nous avons fait escale dans le village de Nimaj, puis dans les villes d'Ajmer, où nous avons vu une mosquée (et son tombeau de saint soufi) tellement blindée de monde qu'on arrivait à peine à avancer, et de Pushkar, et son temple à Brahma (seul temple à lui être dédié dans tout l'Inde) et ses marches qui descendent dans le lac, où les fidèles font leurs ablutions.

De Jaipur, ville rose, nous retiendrons son fabuleux fort Amber, un peu à l'écart de la ville, auquel nous sommes montés à dos d'éléphant, ainsi que le palais des courants d'air, des fenêtres duquel les femmes du harem royal pouvaient regarder la rue sans être vues (les fenêtres ouvertes font des courants d'air, comme chacun sait), ainsi que l'observatoire astronomique d'un des maharaja, qui voulait prédire l'avenir grâce aux astres. Nous y avons également fêté les 28 ans de Stan.






Pour quelques photos des Visages du Rajasthan : https://picasaweb.google.com/clemetstan/VisagesDuRajasthan

Saturday, September 10, 2011

Recette : Dal makhani


Soupe de lentille indienne (proportions pour 1 personne)

Ingrédients : 
- 200g de lentilles (noires ou vertes)
- 2 cuillerées d'huile
- 1/2 oignon haché finement
- 1/2 cuillère à café de gingembre haché finement
- 1/2 cuillère à café d'ail haché finement
- 100g de purée de tomates
- 100g de crème fraîche
- 1/2 cuillère à café de cumin
- 1/2 cuillère à café de poudre de coriandre
- (optionnel : selon votre goût, un ou 2 piments verts hachés finement)
- 1 noix de beurre
- une pincée de sel

1. Dans une cocotte, faire chauffer l'huile, et rajouter l'oignon, le gingembre, l'ail, et les lentilles, et faire revenir pendant 3 minutes
2. Rajouter la poudre de coriandre, le cumin, une pincée de sel, (le piment haché si vous le souhaitez), et la purée de tomates. Rajouter 10 fois le volume des lentilles en eau. (par exemple, si vous avez mis 1 verre de lentilles, rajouter 10 verres d'eau). Couvrir et cuire 40 minutes à feux doux
3. Couper le feux, et rajouter la crème fraîche (si vous avez utilisé des lentilles noires uniquement), et la noix de beurre, mélanger, et servir chaud.
Les épices de base de la plupart des plats indiens 

Saturday, September 3, 2011

Contre la corruption


Vous en avez peut-être entendu parler un peu aux informations, en passant entre un reportage entre le dernier sabotier de France et une pub pour des yaourts, mais en Inde il a fait la une des journaux et à été l'objet de toutes les conversations pendant 2 semaines. Anna (ce qui veut dire "grand frère") Hazare est un petit bonhomme de 74 ans et la combat de sa vie c'est la lutte contre la corruption. Sa méthode : la grève de la faim. Depuis 30 ans il utilise cette méthode pour exiger des changements auprès de son gouvernement local.


En Inde, la corruption est un énorme problème à tous les niveaux de la société : depuis le fonctionnaire qui travail aux assedics et qui va exiger de la pauvre paysanne un backshish pour que son dossier aboutisse un jour, jusqu'aux ministres qui se mettent des millions de roupies dans les poches de façon malhonnête, en passant par de nombreux gestionnaires d'ONG qui touchent de l'argent de donateurs internationaux pour gérer une association fantôme. On estime que la corruption à un impacte énorme sur le développement de l'Inde. Aussi, quand Anna Hazare à annoncé en avril dernier qu'il allait faire une grève de la faim jusqu'à ce que le gouvernement fasse une loi efficace contre la corruption, des milliers d'indiens, sans doute inspirés également par les révolutions pacifiques qui avaient lieu en Tunisie et en Égypte au même moment, se sont mis à le soutenir et à l'accompagner. La presse s'y est intéressé, et le gouvernement n'a pas pu l'ignorer. Cependant, quelques mois plus tard, lorsque le projet de loi, vague et inefficace, est sorti, Anna Hazare et son équipe étaient furieux. Le projet ne visait que les hauts fonctionnaires, et ne touchait ni les petits fonctionnaires auxquels le peuple est confronté au quotidien, ni le premier ministre, ni la branche judiciaire du gouvernement.



Au lendemain de la fête nationale du 15 août, Anna Hazare à recommencé une grève de la faim, cette fois suivi et soutenu non pas par des milliers d'Indiens à Delhi mais des millions dans toute l'Inde. Lui et son équipe ont rédigé leur propre projet de loi appelé "Jan Lokpal", qui prévoit la mise en place d'un organe indépendant, modelé sur Lokayuktas une structure existante dans quelques un des états Indiens (mais pas efficace dans tous les états concernés) qui traiterait les plaintes contre corruption à tous les niveaux. Son équipe, qu'il propose pour mettre en place et diriger cet organe, est composé de 7 personnes dont une femme, qui ont tous une réputation irréprochable et sont connu pour leur compétences dans divers domaines.

Nous sommes arrivés à Delhi, lieu de la plus grosse des manifestations, et du jeune d'Anna lui même, au 5ème jour de son jeûne. Nous en avons tout d'abord entendu parler pendant le sermon de la messe dominicale à laquelle nous avons assisté : l'église indienne soutient son initiative et à même organisé une sortie paroissiale à la manifestation en mars dernier. Nous avons voulu nous rendre nous même sur le lieu de la manifestation le jour suivant : dans le métro, à mesure qu'on approchait de la station où il fallait descendre, nous voyions des bandes de jeunes gens avec des drapeaux indiens. Puis à la sortie du métro, des dizaines de vendeurs de drapeaux, de bandeaux aux couleurs de l'inde, de chapeaux où il est écrit en anglais et hindi "I am Anna", d'enfants qui proposent de peindre les joues en orange blanc et vert. Nous avons suivi la foule jusqu'à Ramilla Grounds, le lieu de la manifestation, où nous avons été impressionné par l'organisation : dès l’extérieur, des camions distribuent de la nourriture gratuite aux manifestants qui ont pris une journée sans solde pour venir. Une file serpente pour arriver jusqu’à un portail détecteur de métaux, et il faut faire scanner son sac si on en a un. En voyant des blanc, les gens nous font passer au devant de la file, visiblement heureux d'avoir notre soutien international. Une fois à l’intérieur, on trouve des points de distribution d'eau, de fruits et de nourriture gratuits, des points d'information en anglais et en hindi expliquant le combat d'Anna, et détaillant point par point les éléments du projet du gouvernement qui ne conviennent pas et ce que le projet "Jan Lokpal" d'Anna propose à la place. On trouve même des tracts qui disent quels membres du gouvernement actuel ont des comptes en Suisse et combien de roupies ils auraient là bas.

Puis nous nous lançons à l'assaut de la foule, nous faisant photographier par de nombreux indiens au passage (on pensait que les chinois nous prenaient beaucoup en photo, mais ce n'est rien comparé aux indiens...). Au bout du lieu de la manifestation, au plus dense de la foule, il y a une grande estrade où Anna Hazare est assis dans un coin. Il commence à fatiguer au bout de 7 jours de jeûne, mais s'adresse à la foule plusieurs fois par jour quand même. Une équipe de médecins de pèsent et prennent sa tension tous les matins, mais il a annoncé qu'il jeûnerait jusqu'à la mort s'il le fallait pour que le gouvernement accepte ses demandes. Pendant toute la journée, des orateurs, chanteurs, poètes et comédiens se relaient pour parler à la foule. Il fait très chaud et très humide: des toiles sont tendues dans un coin de Ramilla Grounds, pour ceux qui accompagnent Anna dans sa grève de la faim, ou bien tout simplement ceux qui dorment sur place depuis une semaine. Il y a aussi une infirmerie.
Le gouvernement fait la sourde oreille, soulignant que dans le projet "Jan Lokpal" d'Anna, l'organe indépendant qu'il se propose de mettre en place serait dirigé par des personnes non élues, ce qui serait antidémocratique, puis qu'il n'est anticonstitutionnel de bouleverser la session parlementaire en cours et de donner la priorité à ce projet de loi. On comprend leur réticence à passer une loi qui risque de mettre un certain nombre de membres du gouvernement en prison pour corruption.


C'est à son 13ème jour de jeûne, alors que les médecins sont très inquiets pour sa santé, que Anna Hazare obtient gaine cause : le premier ministre Manmohan Singh annonce qu'il cède aux demandes d'Anna Hazare et de son équipe : le parlement doit voter le projet de loi "Jan Lokpal" dans une session spéciale sous peu. Anna Hazare rompt son jeûne le dimanche 28 août : reste à savoir si Jan Lokpal sera efficace un fois mis en place. Si oui, ça pourrait être un tournant pour l'Inde.