Thursday, March 31, 2011

Rencontres variées à Nkhata Bay

Nous sommes restés quelques jours à Nkhata Bay, où malgré des angines carabinées nous avons eu l'occasion de faire des rencontres fort intéressantes.
On nous avait beaucoup parlé de microcrédit, et nous avons donc voulu aller voir comment ça se passe sur le terrain dans une de ces institutions. Nous sommes donc allé voir MicroLoan, une institution qui accorde des prêts de groupe exclusivement aux femmes. Concrètement, des femmes qui ont ou veulent avoir un petit commerce doivent former des groupes de 15 à 20 personnes d'un même village. Elles viennent alors voir MicroLoan avec leurs différents projets et les sommes qu'elles veulent emprunter. MicroLoan les encourage à rédiger une constitution pour le groupe, afin de régir les responsabilités de chacun face au groupe. Un groupe qui emprunte pour la première fois peut se faire prêter jusqu'à 13000 kwatcha (65€) qu'il doit rembourser de façon bimensuelle, avec un taux d'intérêt de 24%. Une fois ce premier prêt remboursé, le même groupe pourra demander un deuxième prêt jusqu'à 60000 kwatcha (300€) à seulement 20% d'intérêt. Au moment d'accorder un prêt, MicroLoan forme les femmes du groupe aux dynamiques de groupe, à la comptabilité, et à la bonne gestion. Les commerces les plus populaires pour ce type de financement sont les petites boutiques de bord de route, les couturières, la vente de poissons, les petits restaurants. Le fait que le prêt soit accordé à un groupe fait que si une femme ne peut ou veut pas payer, le groupe, devant quand même payer la somme entière, peut soit l'aider à trouver une solution, soit payer à sa place et trouver une façon de se compenser. Cela encourage l'entre-aide et la solidarité au village, et protège l'institution des mauvais payeurs et des "multiple borrowers" qui prennent un deuxième prêt pour rembourser le premier.
Nous avons été à la messe dans la paroisse de St Joseph, où nous avons assisté à une messe chantante de 2h en Tumbuka (une des langues du nord du pays). Nous avons rencontré Father Sam à la sortie de la messe, pour lui poser quelques questions sur la sa paroisse et quelques points de la messe qui nous avaient échappés, et il nous à très généreusement invité à partager son déjeuner. Il nous a longuement parlé de la bonne entente entre les différentes dénominations Chrétiennes qui se côtoient de façon très harmonieuse, de la coutume paroissiale d'avoir des sous-groupes de fidèles par quartier qui se retrouvent le dimanche après midi après la messe et le déjeuner, pour veiller les uns sur les autres et être une véritable communauté de soutien les uns pour les autres. Nous le reverrons pour un pot deux jours plus tard, ou il nous racontera encore d’autres choses fort intéressantes sur les tribus locales et leurs cultures.
stan et father sam
Nous logeons dans un backpacker’s hostel, ou nous avons rencontre Philip, qui est barman le soir, et qui nous a invite à visiter son village, a une heure et demi de marche, et de participer a la confection d’un repas avec sa famille. 
philip et son fils, philp junior
Nous sommes donc partis de bon matin, avons été arrêtés en chemin au moins une douzaine de fois par des curieux qui voulaient savoir ou nous allions (normal), et avons fini par être escorte par deux jeunes au complexe familial de Philip une fois arrives au village de Dindano. Philip et ses parents et frères et leurs familles vivent dans la demi-douzaine de maisons dans cette partie du village. Nous passons voir l’école maternelle, ou un cousin de 19 ans fait le répétiteur de façon bénévole pour les 27 petits entre 3 et 5 ans. Ils nous chantent une chanson de bienvenue dans un anglais très approximatif. 
head-shoulders-knees-and-toes, version locale
Puis nous allons voir comment les femmes cueillent, préparent et font sécher le manioc (casava), et le mais, avant de les moudre pour en faire de la farine. 
Gift, la femme de Philip, et 2 de ses belles soeurs
Enfin, nous nous asseyons tous en rond, avec Philip, sa femme Gift, sa fille Angel et leur bébé Philip junior, 3 belle-sœurs, la vénérable mère de Philip, un dizaine d’enfants et bébés (donc Petrus le gras qui est mis a barboter dans les bras de Clem, « pour s’entrainer ») 
Petrus dans les bras de sa maman
et nous attelons a la préparation d’un repas traditionnel Malawien, dont vous trouverez la recette plus bas. Ce fut vraiment intéressant de voir cette vie en communauté familiale harmonieuse, ou tous les enfants et petits enfants sont élèves ensemble et ou les fils construisent leur propre maison et famille a cote de la maison de leur parents, nous qui ne rêvions que de quitter le nid familial a peine adultes…

le Transport au Malawi

Contrairement à l'Afrique du Sud, nous n'avons pas de voiture ici au Malawi et avons donc eu tout le loisir d'explorer les méthodes de transport favorites des autochtones : les pieds, le minibus surchargé, l'arrière du pickup surchargé, le bus, le velo taxi, et l'arrière du camion (de bananes). Voici donc quelques tuyaux:
- il vaut mieux demander le prix potentiel d'une course à un tiers avant d'approcher ou d'arreter un véhicule, car le prix ordinaire est souvent doublé ou triplé pour un blanc (délit de faciès).
- quand on voit tout un tas de minibus qui vont au même endroit, ne pas s'engouffrer par reflexe dans celui ou il reste assez de place pour s'installer confortablement, car de toute façon, aucune minibus ne part tant qu'il n'y a pas au moins 30% de plus de passagers à bord qu'il n'y a de places assises de prévues. Même si le chauffeur dit "si si mon ami, on part tout de suite".
- 30% de plus de passagers que de places assises, c'est bon pour les minibus, mais pour les pickups, c'est très conservateur, vu qu'il n'y a pas de places assises. Nous avons fait un trajet de 18km (soit 2h environ) sur une très mauvaise route avec, 3 gros tas de bois, 4 sacs de maïs, nos deux sacs à dos, divers sacs de marchandises en gros destinées à être revendues à l'unité à destination, ainsi que 30 passagers (dont 6 enfants, et 3 mères allaitant pour faire taire leurs bébés qui pleuraient). Bien entendu c'est lourd tout cela, et quand la montée est trop rude, on fait descendre les plus forts, qui doivent marcher jusqu'en haut de la montée, et peuvent remonter à bord pour la descente.

- Nous avons compris l'intérêt d'avoir le posterieur un peu plus enrobé lors de ces trajets assis sur le bord d'un pickup, sur des très mauvaises routes. Chaque exclamation après une bosse déclenchant des fou-rires de tout le reste du pick-up.
- Les minibus n'étant en général pas en état tip top, ne pas s'affoler si la gauge à essense indique qu'il n'y a plus de carburant, qu'il n'y a plus d'huile, qu'on roule à 0... c'est tout bonnement que le tableau de bord est hors service. Pas de quoi foueter un hippo.
- Ne pas non plus s'affoler lorsque que minibus ou pickup dans lequel on se trouve fait une embardée après avoir vu une maman pintade suivie de ses petits traverser la route. On pourra alors observer le conducteur et 2 ou 3 des types à l'arrière sauter du véhicule pour aller courser les petits et tenter d'en rapporter 1 ou 2 chez soi (pour les élever avec les poulets? mystère...)
- Enfin, on partage souvent le transport avec les marchandises, y compris de la manchandise vivante. Et si on entend quelques "cot cot cot" au moment du chargement, on a tendance à oublier ces passagers là tant que la route n'est pas trop mauvaise. Mais à la moindre bosse, un "pagaaaque" mécontent et un coup sous les fesses des passagers de la banquete arrière vient les rappeler à notre souvenir.

Recette: repas typique Malawien

Préparation des 3 plats de légumes :
prendre les petites feuilles tendres des bouts des tiges de la citrouille, enlever les fils des tiges, et couper les feuilles ainsi que les fleurs en fines lamelles, et les laver.
prendre les petites feuilles tendres des bouts des plants de manioc, écraser avec un pilon jusqu'à ce que ça resseble à des épinards
laver les feuilles de patates douces
laver et couper en dés 4 tomates et 2 oignons
dans la casserole n°1 mettre à cuire les feuilles de manioc avec un peu d'eau et du sel à feu doux. au bout de 15 minutes rajouter 1/3 des tomates et oignons, et une cuillère d'huile, et retourner le mélange. laisser cuire jusqu'à ce que ça brunisse.
dans la casserole n°2, mettre à cuire les feuilles de citrouille à feu doux avec un peu d'eau. Au bout de 5 minutes, rajouter 1/3 des tomates et oignons et une cuillère d'huile, et retourner le mélange. laisser cuire encore 5 minutes et retirez du feu en couvrant.
dans la casserole n°3,  mettre à cuire les feuilles de patates douces à feu doux avec un peu d'eau. Au bout de 5 minutes, rajouter 1/3 des tomates et oignons et une cuillère d'huile, et retourner le mélange. laisser cuire encore 5 minutes et retirez du feu en couvrant.
Préparation du Nsima
Dans une grande casserole, porter à ébulition 2 litres d'eau, puis baisser le feu et y jeter 1 poignée de farine de maïs et remuer jusqu'a ce que le mélange s'épaississe. Lorsque le mélange commence à faire des bulles, y rajouter encore 5 poignées de farine tout en remuant vigoureusement et en veillant à ne pas se bruler avec le mélange très chaud. Lorsque le mélange est completement compacte et resemble à une pâte, à l'aide d'une grande cuillère à servir, faire un gros tas par personne dans une assiette et laisser refroidir 5 minutes.
Dégustation
ce plat se mange avec les mains au Malawi : on prend un bout de nsima (sans se bruler) avec la main (droite), on en fait une boule, puis on il pince un peu de légumes et on le porte à sa bouche en essayant de ne pas en mettre partout.
Quelques observations supplémentaires sur la confection de ce plat in situ dans le village de Dindano, près de Nkhata Bay:
- les trois mélanges de légumes sont préparés de la même manière, à l'exception du manioc qui cuit plus longtemps, mais ont des goûts assez différents, et sont tous 3 très bons.
- les femmes de ce village sont surhumaines: elles peuvent retirer des pots qui sont sur le feu depuis 30min à main nues, et là où nous pleurions à chaudes larmes à cause de la fumée du feu, elles rigolaient, l'oeil sec.
- rien ne se perd au Malawi : ils sont bien étonnés d'aprendre que nous ne mangeons que la citrouille ou la pomme de terre, et que nous laissons de côté les feuilles, qui sont pourtant très bonnes et pleines de vitamines.
- Ce plat peut être accompagné de poisson, de poulet, ou de viande de chèvre, ou bien mangé tel quel (selon les moyens des gens) et est vraiment le plat quotidien de la vaste majorité des Malawiens. Parfois de la farine de manioc est utilisée à laplace de la farine de maïs : dans ce cas le nsima est plus brun.
- On n'oublie pas de se laver les mains avant et après le repas.

Itinéraire


Depuis notre départ de Blantyre, voici les grandes lignes de notre itinéraires : nous avons commencé par gravir la montagne Mulanje : c'est un plateau de granit s'élevant à 2000m d'altitude, ponctués de pics culminant à 3000 m. C'est le plus haut massif entre le Kilimanjaro (Tanzanie) et le massif du Drakensberg (Afrique du Sud). Nous avons grimpé les 2000 m et passé deux nuits à différents endroits sur le plateau, dans des refuges très bien conçus. Le soir, nous nous écroulions après la journée de marche, dînions à 16h et nous endormions dès 18h-19h. (Merci à Guf pour les chaussures magiques!)


En descendant de la montagne, à défaut de minibus surchargé, nous sommes montés à l'arrière d'un camion qui transportait des bananes et des passagers (et leurs vélos) pour aller à Phalombe. De là, nous avons pris un bus vers Zomba, l'ancienne capitale du pays jusqu'en 1970. Nous n'avons pas trouvé Zomba passionnante, toutefois, nous avons voulu visiter à tout hasard l'ancien parlement du pays. En arrivant, on nous apprend que le batiment était aujourd'hui un tribunal. Notre interlocuteur, fort amusé par ces touristes excentriques qui demandait à visiter le palais de justice, nous a emmené faire le tour des locaux : nous y avons notamment découvert le grand bureau lambrisé de l'ancien président / dictateur Banda, quasi inchangé depuis son "mandat".
Nous avons ensuite pris un bus pour Mua Mission, dont nous avons parlé plus bas, et où nous avons passé 2 jours passionnants. Puis le weekend arrivant, nous avons pris la direction du grand lac Malawi, pour aller retrouver nos amis les Borgstein dans le village de Nkhudzi Bay. Nous y avons passé un weekend délicieux: lever du soleil sur le lac, baignade dans une eau à 30° dès 6h du matin, petits poissons de toutes les couleurs pres des rochers, balade en canöé, repas familiaux à la bougie (coupure de courant oblige), badminton, lever de lune spectaculaire sur le lac... Encore une fois, nous devons dire un grand merci à Sophie et Eric pour leur accueil !
Nous sommes ensuite allés passer une journée sur une île pas tout à fait déserte (mais presque). Domwe Island se trouve en face de la baie assez touristique de Cape Mclear, mais dans un parc naturel préservé. On y va soit en kayak, soit en bateau (nous avions un peu peur pour nos gros sacs à dos, donc on a pris la 2eme option) et on y dort en pleine nature, sur des plateformes en bois donnant sur le lac. Un petit coin de paradis.
Nous avons ensuite pris la direction de Lilongwe, la capitale du pays, pour 2 jours. Cette ville n'a pas un grand intérêt touristique, mais nous avons quand même fait un tour au marché local, où on trouve des échoppes de couturiers non loin de stands de pièces détachées de moteurs, des fruits et légumes frais à côté de vendeurs de savons, de cahiers, de poulets vivants, jouxtant des boucheries peu alléchantes, et des tas de poissons frais ou séchés, dégageant souvent une puanteur féroce.
Depuis Lilongwe, nous avons pris un bus vers le nord jusqu'a Nkhotakota, où nous avons attendu l'arrivée de l'Ilala. Il s'agit d'un vieux ferry qui sillone le lac Malawi depuis plus de 60 ans, prenant une semaine complète à faire le tour du lac, et s'arrétant également côté Mozambique et sur les petites îles au milieu du lac. Nous sommes donc monté à bord vers 2h du matin, avons dormi à la belle sur le pont supérieur (autres alternatives: s'entasser avec tous les locaux sur le pont inferieur, bien moins cher mais ne permettant pas de "visiter" tout le bateau, ou bien prendre une cabine sur le pont intermédiaire, bien plus cher). Nous avons passé la journée à traverser le lac vers l'est, avons pu observer les montées et descentes de passagers au Mozambique, sommes descendus brièvement sur l'île de Likoma afin de voir la très belle cathédrale Anglicane, puis avons de nouveau passé la nuit sur le pont supérieur, sous une tempête magistrale cette fois ci. Le bateau ne tangait pas autant que sur une mer déchaînée, mais nous avons tout de même été bien trempés, ainsi que nos affaires, malgré notre abri improvisé entre la salle des machines et un banc. Nous sommes descendus au lever du jour suivant à Nkhata Bay.

KuNgoni

Mua Mission a été créée en 1902 lorsque 3 pères blancs (Missionaires d'Afrique)  plantèrent leurs 3 tentes sous un baobab. Eglise, hopital, école et maison de lépreux furent les principaux éléments de cette mission, première implantation catholique au Malawi.
Dans les années 1960, le père Claude Boucher, un prêtre blanc québecois également artiste, s'interesse de très près aux cultures des ethnies malawites. Il noue de très bonnes relations avec des sculpteurs et des peintres locaux. Et il est même initié aux traditions secrètes du "Gule Wamkulu", un ensemble de danses traditionnelles, alors que ce privilège est très rarement accordé à des gens extérieurs. Après une formation d'anthropologie, il ouvre à Mua le centre culturel "KuNgoni" en 1976, et ses amis artistes le rejoignent.
30 ans plus tard, environ 200 sculpteurs sont affiliés à KuNgoni, ainsi que des peintres. Ce centre est probablement un des rares endroits en Afrique où des oeuvres ne sont pas fabriquées uniquement pour être vendues à des touristes. Il a désormais une réputation mondiale, a meublé des églises et des bâtiments officiels. Certains de ces artistes ont une carrière internationale, et la créativité y est toujours très importante, avec des styles et de jeunes artistes qui émergent régulièrement.
A côté de cela, le père Boucher a aussi rassemblé en 30 ans un travail considérable de documentation dans un musée passionnant qui détaille les traditions de trois ethnies : les Chewas (majorité de malawites), les Ngonis (une ethnie proche des zoulous qui migré d'Afrique du Sud au XIX), et les Yaos (une ethnie qui a fait du commerce d'esclaves avec les arabes et est désormais musulmane). Le musée détaille pour chaque ethnie les cérémonies des grandes étapes de vie : naissance, puberté, mariage, mort, et choix et intronisation d'un nouveau chef. Il expose et explique aussi la fonction et la signification de centaines de masques cérémoniaux utilisés par le "Gule Wamkulu" dans une collection unique au monde. Des danses rituelles "Gule Wamkulu" sont utilisées lors d'enterrements, intronisations de chefs, ou autres moments importants de la vie du village. Chaque masque représente un animal ou personnage, a sa personalité, et illustre un comportement désirable ou indésirable selon la morale Chewa. En effet contrairement a certaines idées reçues, ces ethnies du sud du continent ont une règle morale très rigide que chacun se doit de suivre afin de ne pas être mis au ban de la société. Il y a aussi un masque un peu rose avec une calote blanche, introduit lorsque Jean-Paul II, le "grand guérisseur catholique", visita le Malawi en 1989.
Mua alliant intérêt pour les cultures locales et foi catholique est un creuset pour le développement de l'inculturation, c'est à dire le dialogue critique entre la culture locale et l'Eglise, chacune des deux entités se "nourrissant" de l'autre. C'est une autre dynamique, bien plus constructive, respectueuse et riche, que celle de certains missionnaires (pas tous, mais beaucoup), qui ont imposé leur religion en Afrique et ailleurs. Comme nous l'explique le père Boucher, c'est le message du Christ qui est important, bien plus que le récit de la bible. La représentation de Marie visitant sa cousine Elisabeth, toutes deux noires, portant des habits africains et des pots sur la tête, n'est finalement pas si différentes des vierges blondes aux yeux bleus qu'on peut voir dans les peintures renaissance en Europe. Et d'un autre côté, les chants et danses locaux intégrés à la liturgie nourrissent la richesse de l'Eglise en général.
C'est aussi une approche invitant à la tolérance et au respect, à l'harmonie et au dialogue entre les cultures et religions. A priori tout le monde croit en un seul Dieu au Malawi (chrétiens, musulmans, mais aussi les chewas, ngonis et yaos), et tous essaient de voir plutôt ce point commun que des différences. L'entraide entre religion est fréquente : après une tempête, le toit d'une église s'étant envolé, l'imam local a proposé aux catholiques d'utiliser sa mosquée pour leurs messes. Le dialogue oecuménique est aussi très riche : ainsi pour Pâques cette année, des anglicans, luthériens et catholiques s'apprêtent à vivre un chemin de croix commun lors du vendredi saint.

Thursday, March 24, 2011

Commentaires et nouvelles

Chers lecteurs,

Juste un petit mot pour remercier ceux d'entre vous qui nous laissent des commentaires sur ce blog. Soyez assurés que nous les lisons tous et que ça nous fait très plaisir d'avoir de vos nouvelles. Merci en particulier à Véro, qui tient le rythme.

Du coup ne faites pas les timides, n'hésitez pas à nous laisser une réaction, une pensée, un mot dans les commentaires suite à un article, ou bien carrément un roman par email, ça nous fait bien plaisir que la communication ne soit pas a sens unique !!

Par ailleurs, le Malawi n'est pas réputé pour la rapidité de sa connexion internet... et pour cause, veuillez donc excuser le peu d'articles et de photos ces derniers temps...

Les ONG au Malawi

Grâce à Eric et Sophie nous avons pu rencontrer un certain nombre de personnes qui gèrent des "projects", c'est à dire des activités caritatives dans différents domaines. Il faut savoir que 60% du PIB du Malawi provient des différentes grandes et petites ONG qui interviennent dans le pays, en grande partie depuis l'arrivée de la démocratie en 1993, ce qui a eu pour effet de créer une culture d'assistanat dans beaucoup de communautés. En effet, certaines personnes qui gèrent des projets visant l'amélioration des conditions de vie des communautés nous ont expliqué leurs difficultés à motiver les personnes concernés sans apport financier, vu que tant d'autres ONG les arrosent largement.
Toutefois, nous avons rendu visite à quelques associations qui se démènent pour créer des projets à plus long terme, visant à se faire prendre en charge la communauté afin qu'ils soient eux-mêmes responsables de leur sort.
C'est le cas de Maggie, qui va une fois par semaine dans le village de Namale, où elle rencontre un groupe de femmes qui coud des sacs, des chapeaux, des nappes et autres objets dans des tissues colorés locaux, qu'elle vend ensuite à des boutiques pour touristes. Cela procure un revenu juste et mérité à la communauté des femmes, qui en met un dixième de côté chaque semaines, en prévision d'un projet d'amélioration de la communauté, que ce soit des bancs pour l'église, des uniformes pour la chorale, ou bientôt l'électrification du village. Il y a également un orphelinat dans le village, qui a commencé quand le pasteur local a décidé de prendre chez lui 3 enfants qui erraient, ayant été mis dehors de la maison de leurs parents décédés par un oncle peu scrupuleux. Il s'est par la suite rendu compte que le bruit qu'il y avait un endroit pour les orphelins s'était répandu, et aujourd'hui il y a une trentaine d'orphelins, entre 5 et 16 ans, qui vivent dans un bâtiment construit grâce à Maggie et son mari Trevor. Maggie s'est mis à enseigner le tricot depuis peu aux plus âgées des filles de l'orphelinat, et elles fabriquent de petits sacs aux couleurs du Malawi, qu'elles peuvent vendre soit à Maggie soit localement (pour ranger son téléphone portable). Nous avons donc passé une journée à nous promener dans le village avec le pasteur et l'instituteur de l'école (qui parlait anglais), puis avons organisé une séance photo pour les enfants de l'orphelinat (que nous avons fait tirer pour leur offrir chacun leur portrait) et avons participé aux jeux de l'après-midi: balle au prisonnier, et match de foot endiablé parmi les chèvres.

Nous avons également passé un peu de temps à Panthunzi, l'association de permaculture de Chris. La permaculture est l'art de faire pousser ensembles les plantes qui se complètent, sont adaptées au climat, et respectent  et entretiennent la terre et l'environnement. Aujourd'hui l'aliment de base au Malawi est le maïs, bien qu'une grande quantité des fruits et légumes puisse également pousser dans ces terres, ce qui fait que si les récoltes de maïs sont mauvaises, toute la population est exposée à une famine. La permaculture permet aussi de diversifier les cultures, et limiter les risques. Chris tient donc une petite ferme modèle de permaculture, et y organise des formations de quelques jours pour des instituteurs. Cela permet tout d'abord de leur montrer que c'est possible de le faire chez eux, dans leur pays, et sans avoir un terrain immense. Ces instituteurs ont aussi l'occasion d'y apprendre la théorie, les risques environnementaux de certaines méthodes agricoles actuelles, comme l'érosion du sol suite à la déforestation. Enfin, ils font des travaux pratiques, ce qui rend la chose moins impressionnante, et à la portée de tous. Chris compte sur ces instituteurs afin que par la suite ils commencent par mettre en pratique ces méthodes dans leurs villages, et que cela puisse servir d'exemple et être repris par d'autres fermiers.

Nous avons ensuite rencontré Simone, qui travaille pour BoNGO, une ONG suisse qui cherche à établir une forme de maternelle quasi inexistante au Malawi. Il faut comprendre que l'école primaire est gratuite pour tous les élèves qui le souhaitent, de 5 à 12 ans, l'école secondaire est payante, et seule une fraction des élèves qui ont fini le primaire ont la possibilité d'y aller, et le gouvernement ne finance ni n'organise de structure éducative pour les moins de 5 ans. Parfois des grand-mères du village s'y collent quelques heures par jour sous un baobab, mais sans aucune formation, et la plupart sont elles-mêmes illettrées. Du coup BoNGO à crée une maternelle "exemplaire" dans un village, avec un bâtiment qui a 2 salles de classe, peintes et décorées de couleurs vives, avec des chiffres, des lettres, des animaux et des couleurs, qui servent aux professeurs pendant les leçons. 4 professeurs et 4 assistants ont été formés pour éveiller et instruire les 150 enfants entre 2 et 6 ans qui viennent chaque jour, apprendre à compter, les couleurs, les parties du corps, des rudiments d'anglais (l'apprentissage se fait majoritairement en Chichewa). Les professeurs utilisent des jouets et matériaux locaux pour animer leurs classes. Nous avons vu les enfants de la grande section faire des tamgrams avec des morceaux de bois taillés, placés sur des dessins sur des tacs de maïs vides. Les professeurs ne reçoivent pas de salaire proprement dit mais une "allowance" (argent de poche) d'environ 25€/mois de la part de l'association. L'idée est entre autres d'encourager la communauté à se motiver pour financer cette maternelle elle-même à terme. Et puis les communautés environnantes peuvent prendre exemple sur cette école, les professeurs peuvent en former d'autres. Le gouvernement a promis d'aider à financer les maternelles d'ici 2012 (les prochaines élections, auxquelles le président actuel n'a pas le droit de se représenter, autant dire que c'est une promesse en l'air). Si vous êtes inspirés et souhaitez soutenir l'action de BoNGO, rendez-vous sur www.bongoworldwide.com  (en anglais).
Enfin, nous avons terminé la semaine en recontrant Clémentine, une française de notre age qui travaille pour North Star Alliance, une ONG financée par TNT, le transporteur Hollandais, qui lutte contre la transmission du VIH/SIDA le long des "corridors de transport" au Malawi et dans d'autres pays du sud de l'Afrique. En effet, le bus étant le moyen de transport le plus répandu en Afrique (ou le minibus pour les distances les plus courtes) les conducteurs de bus sont loin de leurs familles 4 ou 5 jours par semaine, et fréquentent souvent des prostituées le long de leurs itinéraires. Cela est souvent une incidence de contamination, et par la suite ils transmettent le virus à leurs épouses à leur retour. Clémentine à fait installé un centre de santé semi-mobile à la frontière avec le Mozambique, lieu d’arrêt obligé pour les routiers à cause de la douane, leur donnant accès à des soins de base et de l'information sur la santé. Elle étudie aussi les statistiques des trajets et comportements des routiers, afin de comprendre comment mieux aborder le problème du VIH et combattre plus efficacement sa propagation dans la région.

Nous remercions bien évidemment toutes les personnes qui ont pris le temps de nous parler et de nous montrer leur travail !

Arrivée au Malawi

Nous voilà depuis 2 semaines au Malawi, petit pays de 13 millions d'habitants du sud-est de l'Afrique. Protectorat Britannique du la fin du 19eme siècle, pour mettre fin à la traite des esclaves vers la Tanzanie, et indépendant depuis 1968, le Malawi est un pays encore très largement agricole (85% de la population vit de la terre) et très pauvre. Ses exportations principales sont  le thé, le sucre, et le tabac (un certain type de tabac utilisé pour rajouter les additifs dans les cigarettes, en passe d'être interdit par la plupart des pays, ce qui serait une catastrophe pour l'économie du pays). Le Malawi n'a pas d'accès à l'océan mais 20% du territoire du pays est composé de l'énorme lac Malawi. L'anglais est la langue officielle du pays mais ce sont les langues des ethnies principales qui sont les plus parlées, Chichewa dans le sud, et au nord, la langue des Yao et des Ngoni.
Nous sommes arrivés à Blantyre, la plus grande ville du pays, après 37h de bus depuis Joburg. Nous avons été accueillis par Sophie et Eric Borgstein, des amis du papa de Stan, qui vivent au Malawi depuis 20 ans. D'ailleurs, les parents d'Eric sont arrivés au pays en 1962, premier chirurgien et première pédiatre du pays, et ont élevé leur 7 fils ici, malgré l'indépendance du pays en 1968. Eric est à son tour devenu chirurgien et a épousé Sophie, accuponctueur. C'est Edward, leur fils ainé que nous avons rencontré il y a 2 ans, qui  nous avait donné envie de découvrir ce pays.
Les Borgstein vivent un peu en dehors de la ville, dans une ferme, de façon extrêmement écologique et naturelle. Nous avons découvert qu'il est possible, bien qu'un peu compliqué, de vivre de façon très confortable en utilisant très peu d'électricité (panneaux solaires la journée, un générateur 2h par jour, le soir), en produisant soi-même la plupart des produits que l'on consomme, en faisant attention à composter ses déchets biodégradables, incinérer ou enterrer ce qui ne l'est pas. Nous avons été très impressionnés par ce mode de vie.

Wednesday, March 23, 2011

Notre voyage en Afrique du Sud en quelques chiffres et photos


35 jours, 7100 kilomètres, 3 nuits sous la tente (et 1 nuit dans la voiture), 1680 photos et films conservés (après tri intensif), 2 autostoppeurs, 19531 springboks, 9578 zèbres, 2740 gemsboks, 52 girafes, 49 rhinocéros (dont 7 vus d'un peu trop près à notre goût), 4 éléphants, 1 hyène, 0 lions (snif), 1 sortie de route pour cause de camion dans le mauvais sens en sens unique de nuit, 3628 trous énormes dans la route (l'autoroute), 4 bains de mer (dont 3 franchement froids), 2 coups de soleil douloureux (qui nous ont coûté un tube de Biafine entier), 2 chutes de tension (dont une dans une église pour ne pas perdre les bonnes habitudes), 11 très bons vins goûtés a Stellenbosch, 762 burgers et une autruche engloutis, et un certain nombre de rencontres inoubliables.

Pour voir nos photos préférées d'Afrique du sud, rendez-vous ici :
https://picasaweb.google.com/clemetstan/AfriqueDuSud

Voici enfin un montage rapide de photos de gens rencontrés (quand nous les avons pris en photo) :

Friday, March 11, 2011

Florilège de petites phrases recueillies en Afrique du Sud

"Si on est optimiste voit les choses ainsi. Si on est pessimiste on peut voir les choses de telle autre façon", Wolfgang Tomas, professeur en économie du développement.

"Ma génération a subi l'influence janséniste, alors que l'on a besoin de profiter, et de s'aimer soi même pour être heureux", Tante May

" Les deux maître mots dans la vie sont finalement 'partage' et 'équilibre' ", tante May

"L'argent est une responsabilité", Rob, fondateur de Abalim Bezekhaya

"En Afrique, la notion du temps n'est pas du tout la même qu'en Occident. Quand on gère un projet cela peut donner envie de s'arracher les cheveux. Mais c'est aussi un mode de vie qui m'a fait rester. " Nicole-Marie Idresh, Township Patterns

"The struggle of man against power is the struggle of memory against forgetting" Kundera, le livre du rire et de l'oubli, cité au musée de District 6

"Un ami fidèle est un puissant soutien qui l'a trouvé a trouvé un trésor. Un ami fidèle n'a pas de prix, on ne saurait en estimer la valeur. Un ami fidèle est un baume de vie, le trouveront ceux qui craignent le Seigneur. Qui craint le Seigneur se fait de vrais amis, car tel on est, tel est l'ami qu'on a." Ben Sirac le sage 6, 14-17

Thursday, March 10, 2011

Quelques réflexions en quittant l'Afrique du Sud

Une société arc-en-ciel
La société sudafricaine est très variée et métissée. On sent encore parfois l'héritage de l'apartheid dans certaines attitudes des plus âgés. Mais en voyant par exemple des enfants de toutes les couleurs dans les écoles, on sent à quel point Nelson Mandela et Desmond Tutu ont accompli un miracle à la fin de l'apartheid, notamment avec la commission "Truth and Reconciliation" qui a permis de percer les abcès de la culpabilité et du ressentiment pour construire une société tournée vers l'avenir.
Pour comprendre l'histoire de ce pays et de ce tournant, nous avons tous les 2 beaucoup apprécié le livre de Dominique Lapierre "un arc en ciel dans la nuit".

Problèmes et perspectives aujourd'hui
Il y a aujourd'hui beaucoup de problèmes en Afrique du Sud. La pauvreté, le chômage, l'insécurité, la corruption et le népotisme, l'éducation de piètre qualité, et bien sur, le VIH/SIDA.

Pour ce qui est de la sécurité, c'est un problème très sérieux mais nous avons eu l'impression qu'il était exagéré. Peut-être y a-t-il eu une vraie amélioration après la coupe du monde, mais nous avons notamment trouvé que les énormes murs, barbelés, et alarmes des quartiers riches de Johannesburg étaient démesurés. Et que la réputation de Johannesburg est bien moins bonne que ce qu'elle devrait être. Nous avons bien sûr suivi les règles de base en nous promenant dans Johannesburg et ensuite en traversant le pays en voiture, et nous n'avons pas eu le sentiment d'être en danger en 5 semaines. De plus, les Sud-africains noirs comme blancs ont tous semblé se soucier de ce que nous ayons une bonne image de leur pays. Que ceux qui, par peur, se privent de visiter ce pays extraordinaire se rassurent !

En général, tous nos interlocuteurs s'accordent pour dire que l'enjeu principal aujourd'hui est l'apparition d'une classe moyenne. Pour cela, toutes les étapes entre l'extrême pauvreté et les standards occidentaux doivent être possibles, comme des marches à gravir. L'économie informelle joue un rôle important, afin que les plus pauvres puissent survivre et éventuellement s'en sortir vraiment. L'Etat ne doit pas - et de toutes façons ne peut pas - tout faire. Des actions locales bien pensées existent, qui permettent à ceux qui le veulent d'améliorer leur situation. Il y a encore de la place pour beaucoup d'idées.

2 grandes différences avec l'Europe
Au sujet de l'avenir du pays, certains sont pessimistes, d'autres optimistes. Dans tous les cas nous avons été très frappés dans ce pays par 2 aspects qui nous semblent manquer en Europe : le dynamisme ambiant et le côté humain, à l'opposé de l'individualisme.

En Afrique du sud, tout semble possible. Les gens se plaignent finalement peu par rapport à en Europe. Et surtout ils ont des projets, ils sont tendus vers l'avenir. En tous cas ils ne sont pas démesurément apeurés et inquiets. Nous entendons souvent que c'est un pays idéal pour les entrepreneurs.

Nous trouvons aussi les gens beaux. Souriants, chaleureux, naturels, ils sont peut-être surtout plus avenants et moins individualistes qu'en Europe. Les gens saluent très facilement, sont curieux de nous, et prévenants. Ici le sens de la famille, de la communauté et des autres semble plus développé.
En tous cas dès que nous en avons l'occasion nous désamorçons auprès des jeunes le mythe de l'occident vers lequel il faut immigrer. Quand aux jeunes européens entrepreneurs, allez voir !

La religion et les catholiques en Afrique du Sud

En Afrique du Sud, 75% des habitants se disent chrétiens. Parmi eux, 6-8% (selon les sources) sont catholiques. Les autres sont surtout "dutch reformed" (réformés hollandais) et de la Zion Christian Church. Nous avons aussi vu des lieux de cultes anglicans, méthodistes et évangéliques. Par ailleurs, les hindous, musulmans et juifs représentent ensemble 6% de la population, rassemblés dans quelques endroits spécifiques, comme à Durban par exemple ou la communauté indienne est importante.

De manière générale, nous avons été surpris par le fait que Dieu est un sujet de conversation beaucoup plus évident en Afrique du Sud qu'en France. Dans notre bus pour le Malawi, une prière a été dite au début du voyage. Natasha, notre amie professeur de français à Graff-Reneit, nous a raconté qu'elle était méthodiste et nous a posé des questions sur notre foi, qui en France aurait semblées inappropriées. En général les gens trouve très positif que l'on croit en quelque chose.

Le Catholicisme a été interdit en Afrique du Sud entre 1652 et 1798, par la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales qui dirigeait alors le pays. Les anglais, qui ont ensuite pris la main sur la région, n'ont pas été plus tolérants au départ. Ce ne fut qu'à partir des années 1840 que l'Eglise Catholique a pu s'installer. Cela explique en partie son importance relativement limitée aujourd'hui. Aujourd'hui 80% de ses membres sont noirs.

Toutes les paroisses auxquelles nous avons rendu visite recevaient chaque semaine un petit 4 pages en format A5 nommé "catholic link" avec un contenu commun à toutes les paroisses d'un côté, et de l'autre du contenu propre à chaque paroisse. Il y avait notamment les textes de la semaine et la biographie d'un "modern master", un intellectuel inspirant. Nous avons apprécié lire ces biographies d'une soeur sud africaine, de Thomas Merton, Henri Nouwen, Mère Teresa puis Carlo Carretto.

Nous avons pu trouver des messes catholiques tous les dimanches, parfois dans de toutes petites communautés comme à Graff-Reinet ou à Santa Lucia.

A Johannesburg, nous avons eu l'impression que les catholiques étaient reltivement bien implantés : nous avons assisté à la messe à "Our Lady of Lourdes" à Sandton, célébrée par un jésuite. L'église était pleine, d'une assemblée de gens de toutes les couleurs, très recueillie. Et nous avons surtout passé du temps à l'université catholique de St Augustine, une université jeune et dynamique, avec un très bel esprit, dans laquelle nous avons été extrêmement bien accueillis quand nous avons rendu visite à nos amis de Fidesco. www.staugustine.ac.za www.fidesco.fr

Au Cap nous avons été à la messe à Nazareth House, un complexe détenu par l'Eglise, qui contient un hôpital, un couvent, et une église, et dont les soeurs accueillent des personnes âgées, des handicapés, des séropositifs, des enfants abandonnés... www.nazhouse.org.za/ Nous y avons aussi visité la cathédrale "Our Lady of the Flight into Egypt", en hommage à la "traversée du désert" que les catholiques ont vécu quand les hollandais et les anglais leur ont empêché de s'établir comme ils le souhaitaient. Nous y avons rencontré le père Aloysius Abone, nigérien, qui s'apprêtait à célébrer une messe pour la communauté zimbabwéenne. Nous avons visité l'intérieur de la cathédrale et écouté les chants de l'assemblée de jeunes, tous noirs, qui chantaient à plusieurs voix avec un rythme entraînant. C'était magnifique.

A Stellenbosch, nous sommes allés à la messe dans la petite église que fréquente notre tante. En arrivant on entendait les chants d'une autre église voisine, et la sortie s'est faite en même temps que pour l'église protestante d'en face. Tante May-Eliane nous explique que tout le monde est très religieux ici, qu'ils se prennent la main pour une prière avant chaque repas.

A Graff-Reinet, le prêtre polonais en charge de cette petite ville avait la charge de 3 églises, correspondant aux anciens quartiers noirs, blancs et métis du temps de l'appartheid. Et même si l'appartheid n'existe plus les gens n'ont pas tous déménagé et ne sont pas tous disposé à ce que leur église locale soit abandonnée pour être rassemblés dans une autre église. Il avait donc trois toutes petites communautés à gérer, au lieu d'une communauté de taille plus moyenne. Nous étions donc dans l'église du "quartier blanc", à laquelle venaient tout de même des gens d'autres couleurs. Nous avons été très bien accueillis par des gens qui se sont intéressés à nous. Un type nous a même gentiment ramenés en voiture.

A Santa Lucia, nous avons cru décelé un accent légèrement français chez le prêtre blanc qui célébrait la messe : il s'appelle André Cotton, est québecois, envoyé en Afrique depuis des années avec les servites de Marie. Après être passé au Zaïre et au Swaziland, il a été envoyé en Afrique du Sud il y a 10 ans, et a sur son périmètre surtout des catholiques zoulous (Il parle un bon nombre de langues africaines). Santa Lucia a donc une toute petite communauté qui accueille les touristes de passage. Nous avons d'ailleurs été très gentiment accueillis pour un petit-déjeuner avec la dizaine de personnes de l'assistance. Cette communauté avait beaucoup de perspectives puisque l'évêque de la région prévoyait d'agrandir leur église et d'installer des communautés religieuses à Santa Lucia.

En bref nous avons été très bien accueillis partout, simplement. Nous nous sommes sentis chez nous dans les églises, pris dans les célébrations, et nous avons trouvé cela précieux de se sentir aussi proches dans la foi de gens inconnus d'autres cultures ou langues.

Sunday, March 6, 2011

Thank you !!

We’ve been incredibly lucky to meet loads of really nice, generous and welcoming people along our way, and we’d like to take this opportunity to thank them all for making the South African leg of our trip so wonderful : to those people who invited us to stay with them, who gave us some of their time to help us understand this fascinating country, those who helped us out in one way or another, many thanks !
Xavier and Amandine with whom we stayed in Joburg, their friends Ben and Priska who invited us to their barbecue, Jakub, Dennis, Nontando, Charles, Jean-Marie, and all the friendly staff at St Augustine University, Charmaine for the interesting tour of Soweto, Chris of Carnaval court in Cape Town for his advice, The priest at Nazareth House in Cape Town, Clémence Petit-Perrot for her insight and advice, Wolfgang Birga-Thomas for his insight and the tour of the cape flats, Nicole-Marie and Oné of Township Patterns, Aunt May-Eliane for all the time spent in Stellenbosch, Rob of Abalimi, Natasha from Graff-Reinet, the catholic community of Graff-Reinet, the family who shared their meal with us in the Drakensburg camping when we were having a hard time getting our fire started, the catholic community of Santa Lucia, the B&B in Ermolo who let us sleep in their parking,  and undoubtedly others we are forgetting.
To all of you: thanks you for contributing to making this trip so wonderful and interesting !

Rencontres du 3ème type à Hluhlue-Umfolozi

Nous avons voulu terminer notre périple sud-africain par deux jours et une nuit dans une réserve, et nous avons choisi celle de Hluhlue-Umfolozi, 1h au nord de Santa Lucia, plus petite et plus proche que le fameux Kruger Parc. 


Nous avons passé notre première journée à parcourir les petites routes du parc où nous avons vu de belles girafes,  plein d'antilopes gracieuses,  beaucoup de phacochères dont une maman qui allaitait ses petits,  des rhinos qui prenaient des bains de boue au loin, des gnous et des zèbres. Après être passé faire notre check-in au camp où nous allions dormir, on nous informe qu'il nous reste 2h avant la fermeture du camp pour la nuit, et que nous pouvons repartir profiter du coucher du soleil sur le parc si nous voulons. Nous repartons donc et voyons nos premiers carnivores: un crocodile qui prend les derniers rayons du soleil sur un rocher dans un ruisseau,  et un peu plus loin, une hyène qui se promène avec sa démarche chaloupée en plein milieu de la route (elle fait à peine un détour dans les fourrés pour contourner notre voiture, puis reprend la route derrière nous). Le soleil s'étant couché, nous reprenons le chemin de notre camp pour être rentrés à l'heure, mais au détour d'un petit chemin de terre à peine plus large que la voiture, Clémence pile nette et coupe ses phares. A 15 mètres devant nous, au milieu du chemin, 2 gros rhinocéros se trouvent au milieu de la route. Nous avons bien lu dans les guides qu'ils ont une très mauvaise vue, mais que celle-ci est compensée par un bon odorat et une excellente ouïe, et d'ailleurs on voit bien qu'ils se tournent dans notre direction. Ces bêtes font bien une tonne, ont deux cornes acérées chacune, et peuvent être très agressives si elles se sentent menacées, il est donc hors de question de les pousser gentiment du chemin en avançant, comme on l'aurait fait avec des zèbres, et pourtant le temps passe, et la grille du camp va finir par se fermer sans nous... Nous ne pouvons pas non plus faire demi-tour car la route est bien étroite, ni repartir en arrière (sans lumière nous allons tomber dans un fossé, puis de toute façon nous sommes dans un cul de sac). Puis nous voyons un des rhinos se déplacer vers le côté de la route, et qu'elle n'est pas notre surprise de voir qu'en fait ils ne sont pas deux, mais cinq !! Après 10 très très longues minutes, c'est avec soulagement que nous les voyons s'engouffrer dans les fourrés pour aller manger ailleurs, et nous rentrons vite fait au camp, encore tout tremblants.
Le lendemain matin, à 5h du matin nous faisons un game drive avec un ranger pour observer les animaux au petit matin, et nous voyons pas mal d'animaux, donc un groupe de zèbres dont certains ont échapé de peu à des lions d'après leurs cicatrices.  Nous apercevons au loin un groupe de 4 girafes dont le guide nous explique qu'il s'agit de 3 mâles qui courent tous après une femelle: ils gambadent gracieusement entre les arbres en balancent leurs cous. Puis nous reprenons notre route dans notre petite voiture. Au moment où Stan désespère de voir un éléphant, nous passons un tournant et pillons car il y en a un tout près, à 15m, en train d'arracher des grosses touffes d'herbe avec sa trompe et de les enfourner dans sa bouche, au bord de la route. Ravis nous prenons plein de photos et de films, mais au bout de 15 minutes, nous nous disons qu'il serait temps d'avancer. Le problème est que Babar est vraiment au bord de la route, et que les éléphants sont eux aussi bien dangereux s'ils se sentent menacés.  D'ailleurs, comme on tente une approche tout doucement, ne nous quittant pas des yeux et en battant des oreilles, il vient se placer au milieu de la route. Stan recule donc (en montée pas facile, et ça fait du bruit... petit moment de panique...) Nous prenons notre mal en patience et au bout de 10minutes supplémentaires il va se promener une dizaine de mètres plus loin dans les fourrées, puis nous tourne le dos. Nous filons donc doucement en respirant enfin.
Ce n'est pas fini, car nous recroiseront de très près des rhinos un peu plus loin, en cherchant une air de piquenique. Nous nous arrêtons car nous voyons un bébé rhino à 3m sur le bord de la route et voulons le prendre en photo, et à ce moment là un moyen rhino (la mère? le grand frère?) à la corne par complètement formée sort de la végétation de l'autre côté et traverse à 1m de notre capot.  Nous retenons nos souffles, terrorisés, mais l'animal à l'air calme, et passe tranquillement. Nous verrons de très près aussi un buffle énorme,  mais qui ne s'intéresse pas trop à nous. Bref, nous aurons eu bien des sueurs froides en deux jours, et c'est épuisés que nous reprenons le chemin de Johannesburg.
La route est dans un sale état, et nous mettons beaucoup plus de temps que prévu. Nous finissons par nous arrêter dans une ville à 11h du soir, à bout de forces, et comme il est trop tard pour trouver un B&B et que le seul hôtel est plein, nous passons la nuit sur leur parking, dans la voiture. Le lendemain nous arrivons à Joburg après encore des déboires sur la route, rendons notre voiture, et nous posons de nouveau chez Amandine et Xavier, qui nous avaient hébergé à notre arrivée un mois plus tôt. Nous reprenons un verre avec nos amis Jakub et Dennis de Fidesco, puis dinons avec Xavier et Amandine, et prenons le bus le lendemain matin pour le Malawi.

Drakensberg & Santa Lucia


Nous vous avons laissé à Graff-Reinet et avons pas mal bougé depuis... Nous sommes descendus vers la Wild Coast (la côte sauvage, par opposition aux côtes très touristiques de la garden route ou du kwazulu natal) où on nous avait notamment dit beaucoup de bien du petit village de Coffee Bay.
Nous avons en effet profité de la plage (où nous avons attrapé des coups de soleil monstrueux qui nous ont fait vider notre unique tube de Biafine en 48h) mais la pluie nous a rattrapé un peu vite et nous avons poursuivi notre route vers Durban, la 3ème ville du pays, qui comporte une très importante communauté indienne, car de nombreux indiens sont venus s'installer en Afrique du Sud au 19ème siècle, avec des promesses de terre et de citoyenneté (et qui ont été à peine mieux que des esclaves à l'arrivée).


Après cela nous sommes partis vers les Drakensberg, ces montagnes au centre de l'Afrique du Sud, qui défendent l'entrée au Lesotho. Enormes pics perdus dans la brume, parois abruptes surmontées de prairies et d'arbres à protea (la fleur nationale),
protea
 
le tout entrecoupé de ruisseaux et de cascades: quel beau cadre pour camper et randonner ! Nous sommes restés 2 jours au camp en pleine nature d'Injasuthi, et en avons profité pour nous dérouiller (nous faisons finalement beaucoup de voiture et peu de marche dans ce pays).   Le jeudi soir nous étions 2 familles dans le camping, mais a notre grande surprise, le vendredi soir nous avons vu débarquer un grand nombre d'autre groupes, tous armés de matériel ultrasophistiqué et complet pour camper: nous faisions un peu pâle figure à côté avec notre petite tente 2 place sans tapis de sol... les sud-africains sont vraiment des passionnés de camping il semblerait !
 
Apres deux jours dans les montagnes nous sommes redescendus vers le sud-est, jusqu'à Santa Lucia, petit village coincé entre la mer d'un côté et l'estuaire du lac Santa Lucia de l'autre.
 Le village est calme et chaleureux, bordé de plages côté mer et de coins de pèche côté estuaire (toutefois il faut se méfier car l'estuaire héberge de nombreux hippopotames et crocodiles. d'ailleurs, il parait que de temps en temps il arrive que des hippopotames se baladent dans le village la nuit). On nous prévient de ne pas sortir du village à pied après la tombée de la nuit car il y a des léopards dans la forêt. Nous avons eu la chance de voir tout un groupe d'hippos en train de faire des vocalismes dans le crépuscule. 
Autre intérêt de Santa Lucia, le village est au bord de la grande réserve naturelle d'Isimangaliso : à peine 3km après la sortie du village on s'engouffre dans le parc où on peut voir un bon nombre d'animaux qui paissent tranquillement et ne semblent pas trop dérangés par notre passage: antilopes, kudus,  rhinos,  buffles, singes, phacochères... Au bout de 32km nous arrivons sur une jolie plage pas trop remplie, où l'eau est enfin chaude (jusque-là nous n'avions pas dépassé une eau à 15°) et transparente. Munis d'un masque et d'un tuba nous avons vu plein de petits poissons nageant près des rochers. Bref, une très belle journée ensoleillée dans un petit coin de paradis.

Nous avons également eu l'occasion d'aller à la messe dans la petite communauté catholique de Santa Lucia, célébrée en anglais par un prêtre québécois missionnaire en Afrique depuis de nombreuses années (d'abord au Zaïre, duquel il a dû partir à cause des violences, puis au Swaziland et enfin en Afrique du Sud depuis 10 ans) qui est par la suite parti célébrer d'autres messes en zulu dans la région. Les paroissiens nous a chaleureusement invité à prendre un thé à la sortie de la messe et nous nous sommes rendu compte qu'un couple de retraités connaissent M et Mme Philippon, les parents d'Anne-Laure (nous transmettons leurs salutations !). Ils nous ont raconté qu'il leur arrive de trouver de gros serpent chez eux, cobra de 3m enroulé dans le panier à linge une fois, green mamba qui fait la sieste sous la table de la salle à manger une autre... (Stan regardait nerveusement autour de lui...)