Thursday, March 24, 2011

Les ONG au Malawi

Grâce à Eric et Sophie nous avons pu rencontrer un certain nombre de personnes qui gèrent des "projects", c'est à dire des activités caritatives dans différents domaines. Il faut savoir que 60% du PIB du Malawi provient des différentes grandes et petites ONG qui interviennent dans le pays, en grande partie depuis l'arrivée de la démocratie en 1993, ce qui a eu pour effet de créer une culture d'assistanat dans beaucoup de communautés. En effet, certaines personnes qui gèrent des projets visant l'amélioration des conditions de vie des communautés nous ont expliqué leurs difficultés à motiver les personnes concernés sans apport financier, vu que tant d'autres ONG les arrosent largement.
Toutefois, nous avons rendu visite à quelques associations qui se démènent pour créer des projets à plus long terme, visant à se faire prendre en charge la communauté afin qu'ils soient eux-mêmes responsables de leur sort.
C'est le cas de Maggie, qui va une fois par semaine dans le village de Namale, où elle rencontre un groupe de femmes qui coud des sacs, des chapeaux, des nappes et autres objets dans des tissues colorés locaux, qu'elle vend ensuite à des boutiques pour touristes. Cela procure un revenu juste et mérité à la communauté des femmes, qui en met un dixième de côté chaque semaines, en prévision d'un projet d'amélioration de la communauté, que ce soit des bancs pour l'église, des uniformes pour la chorale, ou bientôt l'électrification du village. Il y a également un orphelinat dans le village, qui a commencé quand le pasteur local a décidé de prendre chez lui 3 enfants qui erraient, ayant été mis dehors de la maison de leurs parents décédés par un oncle peu scrupuleux. Il s'est par la suite rendu compte que le bruit qu'il y avait un endroit pour les orphelins s'était répandu, et aujourd'hui il y a une trentaine d'orphelins, entre 5 et 16 ans, qui vivent dans un bâtiment construit grâce à Maggie et son mari Trevor. Maggie s'est mis à enseigner le tricot depuis peu aux plus âgées des filles de l'orphelinat, et elles fabriquent de petits sacs aux couleurs du Malawi, qu'elles peuvent vendre soit à Maggie soit localement (pour ranger son téléphone portable). Nous avons donc passé une journée à nous promener dans le village avec le pasteur et l'instituteur de l'école (qui parlait anglais), puis avons organisé une séance photo pour les enfants de l'orphelinat (que nous avons fait tirer pour leur offrir chacun leur portrait) et avons participé aux jeux de l'après-midi: balle au prisonnier, et match de foot endiablé parmi les chèvres.

Nous avons également passé un peu de temps à Panthunzi, l'association de permaculture de Chris. La permaculture est l'art de faire pousser ensembles les plantes qui se complètent, sont adaptées au climat, et respectent  et entretiennent la terre et l'environnement. Aujourd'hui l'aliment de base au Malawi est le maïs, bien qu'une grande quantité des fruits et légumes puisse également pousser dans ces terres, ce qui fait que si les récoltes de maïs sont mauvaises, toute la population est exposée à une famine. La permaculture permet aussi de diversifier les cultures, et limiter les risques. Chris tient donc une petite ferme modèle de permaculture, et y organise des formations de quelques jours pour des instituteurs. Cela permet tout d'abord de leur montrer que c'est possible de le faire chez eux, dans leur pays, et sans avoir un terrain immense. Ces instituteurs ont aussi l'occasion d'y apprendre la théorie, les risques environnementaux de certaines méthodes agricoles actuelles, comme l'érosion du sol suite à la déforestation. Enfin, ils font des travaux pratiques, ce qui rend la chose moins impressionnante, et à la portée de tous. Chris compte sur ces instituteurs afin que par la suite ils commencent par mettre en pratique ces méthodes dans leurs villages, et que cela puisse servir d'exemple et être repris par d'autres fermiers.

Nous avons ensuite rencontré Simone, qui travaille pour BoNGO, une ONG suisse qui cherche à établir une forme de maternelle quasi inexistante au Malawi. Il faut comprendre que l'école primaire est gratuite pour tous les élèves qui le souhaitent, de 5 à 12 ans, l'école secondaire est payante, et seule une fraction des élèves qui ont fini le primaire ont la possibilité d'y aller, et le gouvernement ne finance ni n'organise de structure éducative pour les moins de 5 ans. Parfois des grand-mères du village s'y collent quelques heures par jour sous un baobab, mais sans aucune formation, et la plupart sont elles-mêmes illettrées. Du coup BoNGO à crée une maternelle "exemplaire" dans un village, avec un bâtiment qui a 2 salles de classe, peintes et décorées de couleurs vives, avec des chiffres, des lettres, des animaux et des couleurs, qui servent aux professeurs pendant les leçons. 4 professeurs et 4 assistants ont été formés pour éveiller et instruire les 150 enfants entre 2 et 6 ans qui viennent chaque jour, apprendre à compter, les couleurs, les parties du corps, des rudiments d'anglais (l'apprentissage se fait majoritairement en Chichewa). Les professeurs utilisent des jouets et matériaux locaux pour animer leurs classes. Nous avons vu les enfants de la grande section faire des tamgrams avec des morceaux de bois taillés, placés sur des dessins sur des tacs de maïs vides. Les professeurs ne reçoivent pas de salaire proprement dit mais une "allowance" (argent de poche) d'environ 25€/mois de la part de l'association. L'idée est entre autres d'encourager la communauté à se motiver pour financer cette maternelle elle-même à terme. Et puis les communautés environnantes peuvent prendre exemple sur cette école, les professeurs peuvent en former d'autres. Le gouvernement a promis d'aider à financer les maternelles d'ici 2012 (les prochaines élections, auxquelles le président actuel n'a pas le droit de se représenter, autant dire que c'est une promesse en l'air). Si vous êtes inspirés et souhaitez soutenir l'action de BoNGO, rendez-vous sur www.bongoworldwide.com  (en anglais).
Enfin, nous avons terminé la semaine en recontrant Clémentine, une française de notre age qui travaille pour North Star Alliance, une ONG financée par TNT, le transporteur Hollandais, qui lutte contre la transmission du VIH/SIDA le long des "corridors de transport" au Malawi et dans d'autres pays du sud de l'Afrique. En effet, le bus étant le moyen de transport le plus répandu en Afrique (ou le minibus pour les distances les plus courtes) les conducteurs de bus sont loin de leurs familles 4 ou 5 jours par semaine, et fréquentent souvent des prostituées le long de leurs itinéraires. Cela est souvent une incidence de contamination, et par la suite ils transmettent le virus à leurs épouses à leur retour. Clémentine à fait installé un centre de santé semi-mobile à la frontière avec le Mozambique, lieu d’arrêt obligé pour les routiers à cause de la douane, leur donnant accès à des soins de base et de l'information sur la santé. Elle étudie aussi les statistiques des trajets et comportements des routiers, afin de comprendre comment mieux aborder le problème du VIH et combattre plus efficacement sa propagation dans la région.

Nous remercions bien évidemment toutes les personnes qui ont pris le temps de nous parler et de nous montrer leur travail !

2 comments:

  1. Merci beaucoup pour ce post très intéressant, encore une fois ! Je ne connaissais pas la permaculture. C'est très bien pensé, surtout avec la transmission du savoir-faire.
    J'aime beaucoup l'apprentissage du tricot et de la couture.
    Et puis, je trouve super sympa que vous puissiez participer aux activités du village, notamment les jeux avec les enfants. Ca me rappelle l'Afrique du Sud lorsque vous étiez allés voir des élèves pour qu'ils entendent parler français, me semble-t-il. C'est vraiment bien et c'est le genre de choses qu'on ne verrait pas chez nous.
    Bizzz
    Véro.
    PS : Priez pour Virginie qui s'arrache les cheveux avec nous en ce moment ;-) ! Nous sommes dans une période où, pour les chants de offertoire/communion, nous (la chorale) devons chanter le refrain tout le temps pendant qu'elle (Virginie) chante les couplets par dessus... Autant vous dire que la justesse et la précision ne sont pas toujours de mise :-)

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  2. Bonjour à tous les deux!
    Franchement ce que vous vivez c'est une grande expérience! Ça me donne envie de repartir moi aussi!Je crois que nous recherchons vraiment le même chose quand nous allons dans un pays! De vrais rencontre avec ces gens qui sont souvent si fier de leur pays!
    Merci à tous les deux pour ce tour du monde que vous nous faites vivre en même temps que vous!

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