Saturday, May 28, 2011

La côte nord


Non loin de la grosse ville de Haïfa, on trouve deux sites archéologiques majeurs, extrêmement bien conservés et expliqués, illustrant à quel point différentes civilisations et influences se sont succédées dans cette région au fil des siècles.
Au sud d'Haïfa, se trouvait la ville de Césarée. Ce petit village de pécheur fut transformé par le roi Hérode, quelques années avant la naissance du Christ, en énorme ville portuaire en l'honneur de Rome, son mécène. Théâtre de 3000 personnes, hippodrome pouvant contenir 10000 spectateurs, temple à grandes colonnes dédié à la déesse Rome, aqueduc pour y apporter de l'eau douce, cette ville est vite devenue la capitale de la région. A l'époque byzantine, le temple Romain céda la place à une église byzantine, et on y installa de magnifiques bains couverts de mosaïques encore bien conservées. En 640 la ville fut prise par les arabes, l'église byzantine céda la place à une mosquée, mais la ville tomba peu à peu à l'abandon. Elle reprit de l'importance avec les croisades, et la mosquée fut détruite au profit d'une basilique croisée, et une partie de la ville fut fortifiée. La ville passa des mains des croisés à celle des arabes 4 fois, puis en 1251 fut reprise par Saint Louis. Dix ans plus tard, c'est le sultan Baybars qui la reprit, et cette fois ci la rasa complètement, afin qu'elle ne puisse plus servir de base pour les croisades.

Au nord d'Haïfa se trouve la ville d'Akko, appelée Saint-Jean d'Acre par les français. Déjà importante au temps d'Alexandre le Grand, elle fut ensuite prise par les Ptolémées (égyptiens) puis les Séleucides (Syriens), par les Arabes en 636, et enfin par les croisés.  Ces derniers en firent leur principal port d'approvisionnement pour les croisades. Perdue à Saladin, puis reprise par Richard cœur de Lion, la ville fut enfin reperdue et dévastée par les Mamelouks venus d'Egypte en 1291. Elle sommeilla pendant environ 450 ans jusqu'à ce qu'un mercenaire Bosniaque de l'empire Ottoman, Ahmed el Djezzar (Ahmed le boucher) s'y intéresse et en refasse une puissance importante et quasi indépendante de l'empire Ottoman au 18ème siècle. La ville repoussa l'attaque de Napoléon, et son importance diminua progressivement au profit de Haïfa au cours du 19ème et 20ème siècle. Aujourd'hui on y trouve une vieille ville fortifiée qui abrite un dédale de petites ruelles charmantes, et surtout on y a déterré l'ancienne forteresse croisée, véritable ville souterraine, car après plus de 4 siècles d'abandon, Ahmed-el-Djezzar trouva plus simple de combler les salles de la forteresse et de construire son palais par-dessus plutôt que de tout détruire et recommencer à zéro.
Cela a permis de préserver de façon spectaculaire ces immenses salles construites par les Chevaliers de l'Ordre Hospitalier de Saint Jean (par la suite, une fois chassé de Terre Sainte par les Mamelouks, l'Ordre se réfugiera à Chypre, puis à Malte, ce qui lui vaut son nom actuel de l'Ordre de Malte). Autre ordre chrétien très présent à Acre durant les croisades, les Templiers construisirent un tunnel gigantesque sous la ville reliant leur palais au port, afin de faciliter les déplacements en cas de siège.

1 comment:

  1. Je vous avoue que je vous envie tous les 2 dans ce périple !

    Ces photos sont très belles et l'idée du tunnel est ingénieuse :-)

    Bisous

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