Suite à notre escapade en Mongolie, nous sommes revenus en Chine par le train et le bus, via la ville frontière d'Erlian, la ville de Mongolie interieure de Hohhot, et enfin Xi'an. Xi'an est une des anciennes capitales de la Chine impériale. C'est ici que l'empreur Qin Shi Huang, ayant unifié la Chine de son époque (221 avant JC) s'est fait enterré avec des milliers de soldats en terre cuite : c'est la fameuse armée de terracotta, découverte par hasard par des paysans creusant un puit dans les années 1970.

Nous avons passé quelques jours dans le coin pour ensuite prendre un train vers le Xinjiang, avec comme première destination la ville de Turpan (prononcé Touloufane par les chinois) le point le plus chaud de Chine en été. Le trajet a duré 33h, en place assise non-inclinable, mais on ne s'en plaint pas trop car dans ces wagons, il y a un grand nombre de personnes qui sont en "places debout" et passent le trajet dans les allées ou bien près des toilettes. Après un jour et demi nous sommes enfin arrivés à Turpan.
La province chinoise du Xinjiang est immense et pour la plupart désertique. Elle touche la Mongolie au nord, le Kazakstan, le Kirghizstan, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Inde à l'ouest, et la province du Tibet au sud. Les caravanes de la route de la soie arrivaient en Chine par là, à dos de chameau (animal qui pouvait porter leur marchandises sans pour autant faire une grande consommation d'eau) avant de traverser le grand désert de Taklamani. Heureusement, si la région est désertique, il y a un bon nombre de villes-oasis, alimentées en eau par des sources et rivières souterraines.

De nombreuses minorités ethniques vivent dans le Xinjiang, mais la plus connue, comptant pour plus de 50% de la population de la province (ils sont 9M en Chine), est l'ethnie Ouïgour. Les Ouïgours sont des cousins proches des peuples d'asie centrale. En anglais on les appelle les peuples "Turkic", et physiquement, les Ouïgours ressemblent plus à des turcs qu'aux chinois Han. Ils ont parfois les cheveux chatains, des yeux non-bridés, la peau très mate, et des yeux clairs. Ce peuple est musulman, et utilise une écriture qui ressemble beaucoup à l'arabe. Les hommes aiment porter soit une calotte blanche, soit un petit chapeau carré brodé, et les femmes ont pour la plupart un foulard dans les cheveux (certaines sont completement voilées). Si le mot "Ouïgour"ne vous est peut-être pas inconnu, c'est qu'en 2009 il y a eu des émeutes dans la région, opposant ce peuple à la population Han locale, et résultant de nombreux morts. Il y a pas mal d'animosité entre ces deux peuples (même si de nombreuses autres minorités ethniques sont présentes dans la région) car les uns ont l'impression de se faire envahir et que la modernité et le progrès technique apporté par les autres détruit leur culture, à laquelle ils tiennent beaucoup.
Photos :
Quelques visages du Xinjiang
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militaires chinois sur la place principale de Kashgar
après les évènements de début août |
Durant notre séjour, il y a eu de nouveaux conflits : dans la ville de Khotan, des Ouïgours ont attaqué une caserne de policiers, en ont tué un nombre indeterminé, avant d'être à leur tour tous liquidés par l'armée. Deux semaines plus tard, à Kashgar, deux hommes Ouïgours ont pris le contrôle d'un camion, l'ont conduit dans une foule de hans, faisant de nombreux morts, puis ont continué sur leur lancée en descendant du véhicule et poignardant d'autres personnes dans la rue. Le lendemain d'autres ouïghours ont poignardé des hans dans un restaurant et ont incendié le bâtiment. Le gouvernement, qui contrôle de très près les informations au sujet de ces incidents, a laissé passer l'information qu'il y avait peut-être eu des bombes (qu'il n'y a pas eu) et décrété que c'était l'oeuvre de terroristes formés au Pakistan (mais de quelle formation a-t-on besoin pour conduire une camion dans une foule ou poignarder des gens?). Les chinois avec qui nous étions à ce moment là nous ont aussi expliqué que les sms parlant de ces incidents étaient bloqués. Toujours est-il qu'il y a pas mal de tensions, et que nous avons pu constater la présence de centaines de militaires, dans les gares, sur les places, des checkpoints le long des routes... Mais il n'y a aucun moyen de savoir quelle proportion des ouïghours soutient ces attentats ou ces revendications.
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oasis, puis au delà le désert de taklamani, et au loin les montagnes
enneigées du Pakistan |
Nous avons rencontré une prof d'anglais fort sympathique dans le train, qui était tellement ravie d'avoir l'occasion de parler avec des anglophones sympas, qu'elle nous a invité à venir visiter sa ville de Yecheng, un peu plus loin sur la ligne de train que Kashgar, où nous avions l'intention de descendre. Nous avons donc profité de cette occasion, et avons poursuivi notre voyage jusqu'à Yecheng, où nous avons rencontré les autres professeurs d'Anglais du même collège où enseigne Han Mei Chin : elle même est de la minorité Hui, et ses collegues sont l'un Ouïgour et l'autre Han, et tous les trois très gentils et contents d'avoir l'occasion de nous parler et de nous montrer leur ville. Notre prof d'anglais nous a également invité dans sa famille pour un repas gargantuesque et délicieux (où nous n'avons malheureusement pas pu apprendre de nouvelle recette, car en tant qu'invités, nous étions confinés au salon), occasion pour nous de goûter les fameuses pattes de poulet (pas fameux, vraiment).
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à peine le soleil couché, les Ouïgours rompent le jeûne du ramadan dans la rue |
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marché de Khotan |
Après notre départ de Yecheng nous avons continué un peu vers le sud jusqu'à Khotan, puis sommes revenus sur nos pas jusqu'à la ville de Kashgar. Grande ville la plus à l'ouest de la Chine, à quelques heures de la frontière Pakistanaise, on a vraiment l'impression d'être dans un autre pays. Les devantures de magasin sont écrites en arabe en premier, et ensuite en carateres chinois, la plupart des femmes ont des foulards dans les cheveux, et surtout, nous y arrivons en plein ramadan, et il est impossible de trouver à manger pendant la journée. Nous trouvons moyen d'acheter un grosse pastèque et des pains secs et nous réfugions dans notre auberge à l'abris de la chaleur et des yeux pour déjeuner. Nous y avons visité la grande mosquée, puis un mausolée couvert de tuiles en céramique de couleurs différentes.
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mausolée de Kashgar |
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femme dans son étalage de tissu |
Nous avons visité le grand marché de la ville, où l'on peut trouver tant des tissus et des habits, que de la quinquaillerie, des souvenirs pour touristes, ou de la vaisselle. Nous nous sommes baladés dans la vieille ville, dans les petites ruelles pentues bordées de maisons en boue séchée, et nous avons pu voir le marché du dimanche, où se réunissent de nombreux paysans d'asie centrale pour acheter et vendre leur bétail : vaches et taureaux, chèvres, moutons, ânes, tout cela dans un joyeux tintamarre.
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marché au bétail de kashgar |
Que de belles choses encore une fois ! Merci beaucoup de ce nouveau partage. Et que de beaux visages !
ReplyDeleteJe vous embrasse