Monday, November 7, 2011

Religions et spiritualités en Inde


L'Inde est le pays le plus spirituel que nous ayons visité. En Inde des foules se mobilisent et se déplacent pour des événements religieux ou spirituels, dans une mesure qu'on ne peut probablement pas trouver ailleurs. C'est un pays où l'on peut croiser des gens qui prient partout, et où l'on peut aussi trouver des individus qui ont fait des études prestigieuses et obtenus des postes de rêve mais qui ont tout à coup décidé de tout quitter pour s'enduire le corps de cendres et errer sur les routes... Le bouddhisme et l'hindouïsme trouvent leurs origines en Inde, et la plupart des autres grandes religions y sont présentes, s'entrecroisant et s'influençant depuis des siècles.


1/ Les grandes religions et spiritualités présentes en Inde


L'hindouisme est la première religion d'Inde, vieille de plus de 4000 ans, et comptant pour fidèles plus de 80% de la population du pays. Si il y a en Inde une majorité d'hindous qui croient en un panthéon de dieux, on nous dit plusieurs fois "il y a autant d'hindouisme que d'hindous". Par exemple, les hindous du sud de l'Inde mangent des vaches, des rats et des serpents alors que ces animaux sont vénérés dans le Nord. Surtout chaque hindou préfère l'un ou l'autre des milliers de dieux qui existent dans l'hindouïsme. En fait les dieux de l'hindouïsme sont des avatars, incarnations ou états d'un dieu unique manifesté par une trinité : Brahma le "Generator" - Vishnu "l'Operator" - Shiva le "Destructor" (ce qui fait "GOD", et que l'on pourrait rapprocher du Père créateur, de l'Esprit agissant et du Fils rédempteur). L'hindouisme intègre tout, peut-être à la manière de la religion des romains qui intégrait facilement des nouveaux dieux. Apparemment, alors que le bouddhisme (qui était aussi en réaction à certains aspects de l'hindouisme) gagnait en importance en Inde jusqu'au 3ème siècle avant J-C, la situation s'est renversée lorsque l'hindouisme a intégré Bouddha parmi ses dieux, en tant qu'incarnation de Vishnu. Aujourd'hui, des hindous n'ont aussi aucun problème à vénérer des saints soufis musulmans, Jésus ou Marie. Ainsi chaque année en septembre, au moment où l'on fête la nativité de Marie, l'église de Mount Mary de Mumbaï s'organise : des bâches sont tendues à l'extérieur sur le côté de l'église et un espace pour les célébrations catholiques y est temporairement installé, pendant que l'église est prise d'assaut par des millions d'hindous qui défilent pour offrir des fleurs et vénérer une statue de Marie. Quand nous y sommes allés nous avons été étonnés du temps qu'il nous a fallu faire la queue pour entrer dans l'église, et de l'organisation autour de cet événement : il y avait des bus spéciaux pour atteindre le lieu, des stands d'offrandes et d'objets religieux à foison, une véritable kermesse à la sortie, et des affiches de tous les politiciens locaux qui transmettent leurs meilleurs voeux aux pèlerins...

Le boudhisme est né dans le nord-est de l'Inde au 5 ou 6ème siècle avant J-C - nous sommes passés notamment à Sarnath, non loin de Varanasi, où Siddharta Gautama, le premier bouddha, a fait son premier sermon- ; mais il est essentiellement aujourd'hui tibétain, chinois, japonais, laotien... plus qu'indien. Le dalaï-lama, le chef spirituel du bouddhisme "au chapeau jaune", l'une des formes de bouddhisme tibétain, est réfugié à Daramsalah dans le nord de l'Inde, et nous avons croisé des tibétains exilés dans tout le pays.

L'Islam est la deuxième religion la plus importante d'Inde : elle représente 13,5% de la population du pays. Chaque ville a son quartier musulman et sa mosquée. Nous avons aussi visité 3 tombeaux de saints soufis musulmans - à Delhi, Ajmer et Fatehpur Sikri - aux enseignements de tolérance résolument modernes.

Le judaïsme est encore un tout petit peu présent en Inde : nous avons visité des synagogues à mumbaï et à Cochin dans le Kerala, et aperçu une école talmudique à Kolkatta. Il reste aujourd'hui environ 5 000 juifs dans toute l'Inde. Leur présence a été tristement rappelée récemment au moment des attentats de mumbaï en 2008 lorsqu'un des commandos a pris pour cible Nariman House, une maison d'accueil d'une organisation juive orthodoxe.

Le jaïnisme est une religion très ancienne, probablement née entre le 9ème et le 6ème siècle avant J-C, et dont il reste quelques millions d'adeptes, notamment dans le Rajahstan. Les fidèles se caractérisent notamment par un ascétisme important, et par l'idée de non-violence qui se traduit par un respect très poussé envers toute forme de vie. Les fidèles sont végétariens et ne mangent pas de plantes à racine - c'est-à-dire qui seraient tuées pour être consommées -. Les moines poussent ce respect jusqu'à faire attention à ne pas inhaler d'insecte, ou à ne pas en écraser en se déplaçant : ils ne se déplacent qu'à pied en balayant au fur et à mesure devant leur chemin. Les jaïns ont l'obligation d'être honnêtes, ce qui a induit leurs voisins d'autres religions à leur confier traditionnellement les métiers d'argent. Les jaïns sont aujourd'hui souvent aisés et cultivés.

Le sikhisme est une religion née au 15ème siècle après J-C dans le Punjab, une région du nord de l'Inde. Cette religion reprend d'une certaine manière les enseignements des principales religions et spiritualités et en fait une synthèse. On reconnaît les sikhs au 5 "k" qu'ils respectent, qui incluent notamment le fait de ne se couper aucun poil, de porter un poignard, un bracelet en acier, un peigne, un caleçon particulier... Les hommes sont donc ceux qui ont souvent des barbes et cheveux long ramenés sous un turban. Les fidèles ont tous pour nom de famille "singh" (lion).

Il y a aussi en Inde des bahaïs, adeptes d'une autre religion qui tente de faire la synthèse des grandes religions qui l'ont précédé. Celle-ci date du 19ème siècle, a son centre mondial à Haïfa en Israël, et a érigé récemment un temple en forme de lotus à Delhi.

Il y a enfin des chrétiens en Inde, très minoritaires puisqu'ils ne sont que 2%. Mais leur présence est très disparate, en fonction des aires colonisées et des influences de pays chrétiens au cours de l'histoire (voir ci-dessous pour plus de précisions sur les catholiques).

Il faut aussi mentionner l'influence en Inde de "gourous". Sans être forcément des sectes, il existe de nombreux mouvements plus ou moins spirituels autour de leaders qui ont un succès phénoménal. Certains gourous ont des millions d'adeptes autour du monde. Par exemple la fameuse Amma, qui prend les gens dans ses bras. Basée dans le Kérala elle a aussi beaucoup voyagé (notamment en France il y a un ou deux ans) et attiré des foules. Elle est apparemment à la tête d'oeuvres et de moyens colossaux.

une des sources sur les religions en Inde en général : http://fr.wikipedia.org/wiki/Religions_en_Inde


2/ Tolérance, dialogue ou syncrétisme ?


Au vu de cette diversité de religions et spiritualités, on ne peut que s'étonner du peu de problèmes religieux en Inde. Comme bien souvent, les tensions ont plus pour origines des différences socio-économiques ou des problèmes politiques : on nous explique ainsi que les chrétiens persécutés dans certains états l'étaient aussi parce qu'ils s'en sortaient mieux et suscitaient la jalousie. Il y a cependant aussi des fanatiques de tous bords qui cherchent à s'attaquer aux autres religions : ils font parfois malheureusement beaucoup de dégâts, suscitant la peur et la méfiance, alors qu'ils ne représentent qu'une toute petite minorité. (Dans les états où le parti nationaliste hindou BJP est au pouvoir, les fondamentalistes se sentent parfois "soutenus"...)

Ce qui est intéressant, c'est donc qu'il y a en Inde un grand respect pour la chose spirituelle, et une grande tolérance. Quand nous demandons de l'aide pour trouver une église ou une messe les gens nous prennent très au sérieux et nous aident, qu'ils soient évangéliques, hindous ou musulmans. Quand nous avons visité la dargah d'Ajmer - tombeau d'un saint soufi musulman -, c'était le jour de l'anniversaire de ce fameux saint, et donc le jour de plus grande affluence. Nous aurions pu être mal reçus, pointant notre nez le jour le moins pratique et le plus embouteillé. Pourtant on nous a fait passer devant avec le sourire. La plupart des temples sont ainsi ouverts à la visite. Certains fidèles sont parfois contents des visites et n'hésitent pas à s'intéresser aux visiteurs.

En discutant avec certains, les plus ouverts, on sent souvent l'idée intéressante que finalement toutes les religions, bien vécues, ont le même but ; que chaque religion offre, à travers un prisme particulier et ancré dans une culture, un chemin vers le même Dieu, ou si on préfère, le même esprit, la même énergie. Mais ce qui est intéressant c'est qu'on se rapproche non pas en diluant chaque religion dans un magma informe mais au contraire en creusant mieux chaque religion et en gardant sa spécificité. Et en ayant l'intelligence de chercher à saisir l'esprit de la lettre et non seulement la lettre.

Nous avons par exemple eu la chance de discuter avec une famille de sikh éclairée, et nous sommes sentis très proches de leurs conceptions d'égalité entre les hommes, de pacifisme, de prière et de relation constante à Dieu, de vérité à chercher, de différents points de vue sur un même dieu amour, de retrouvailles en dieu après la mort...

Nous avons rencontré dans le Kerala un type qui se dit à la fois catholique et hindou. De famille catholique, son père l'a rejeté quand il a épousé une hindoue (aujourd'hui ce genre de mariage mixte arrive couramment et est plus accepté). Posé, intelligent, cultivé (il écoutait sur youtube du marin marais, un compositeur français de l'époque de Louis XIV), il a dans son bureau des images de shiva et de la vierge marie. Féru de numérologie et d'astrologie, il dit aussi croire à la réincarnation, parler aux esprit et utiliser un pendule. Surtout, il est intéressant car il n'est pas dogmatique. Il grapille ce qui lui parle tout autour de lui, en recherche et fidèle à sa conscience. Pour lui la numérologie ou l'astrologie sont des outils, des indications - pas toujours fiables et à prendre avec recul - parfois utiles. Son but est d'aider ceux qui le souhaitent éveiller quelque chose en eux, et à les laisser suivre leur propre chemin.

Au Loyola College de Chennaï - une des meilleures universités d'Inde, gérée par les Jésuites -, on nous explique qu'il y a des étudiants de toutes les religions et que le but des formations est aussi de faire "d'un hindou un meilleur hindou, d'un musulman un meilleur musulman et d'un chrétien un meilleur chrétien". Nous avons la chance d'y rencontrer un théologien passionné de dialogue interreligieux. Né dans une famille chrétienne il a grandi avec des hindous jusqu'à 10 ans, puis a été formé chez les jésuites, est devenu prêtre et théologien. Nous lui parlons de l'importance des religions et spiritualités en Inde, et lui posons la question de la différence entre religion et superstition. Il nous explique que ce qu'on appelle superstition dépend de nous, que ce qui n'est pas encore appelé superstition le sera peut-être plus tard, et que l'important est de respecter le signe d'une foi, d'un élan spirituel. Pour ce qui est des phénomènes "paranormaux" ou "ésotériques" comme ceux de notre ami du Kérala, il est aussi étonnement ouvert : plutôt que d'en douter il dit "c'est possible". Il explique attacher beaucoup d'importance à l'expérience, et garder en tête qu'on ne maîtrise pas tout et qu'on ne connaît pas toutes les influences. Il précise qu'il n'y a pas une meilleure religion ou spiritualité : chacun, fidèle à ses racines et à sa culture, peut trouver Dieu quel que soit son chemin. Et l'Eglise établit que l'Esprit peut souffler aussi à travers les autres religions, hors de l'église catholique ou hors de la chrétienté.

Cela sonne d'ailleurs un peu comme les affirmations de Gandhi, qui se disait hindou, chrétien et musulman et juif à la fois. Ou comme le dalaï-lama qui a déclaré : "Il ne sert à rien de changer de religion ; toutes les religions ont du bon", et qui a invité en 2006 les chrétiens à pratiquer « sincèrement » leur religion, plutôt que de se convertir à la sienne.

Toujours suivant ce théologien rencontré à Chennaï, l'Esprit de Dieu n'est donc pas obligé de dire la meme chose à tous : il parle à chacun à sa façon, d'une façon appropriée. En conséquence, dit-il : "Si dieu a parlé à un autre, cet autre n'est pas tout à fait étranger à moi" et : "Je dois etre fidèle à la manière dont Dieu m'a approché, mais je peux écouter Dieu à travers l'autre."

Ce qui est donc particulièrement intéressant, c'est l'idée que toutes les religions ont quelque chose à apporter à une recherche commune. Toute l'idée de l'inculturation chez les catholiques et du dialogue interreligieux en général est bien d'avancer grâce aux éclairages et apports des uns des autres. Et de proposer le résultat à la société. Et c'est notamment ce qui est fait chaque année depuis 25 ans par les rencontres dites "d'Assises".
http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Benoit-XVI-renouvelle-l-esprit-d-Assise-_NG_-2011-10-27-728644
http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Marche-interreligieuse-pour-la-paix-sous-les-tours-de-la-Defense-_NG_-2011-10-25-727635
http://rome-vatican.blogs.la-croix.com/jetais-a-assise/2011/10/27/


3/ Les catholiques


Nous avons trouvé des catholiques en Inde à peu près partout où nous sommes passés - bien que parfois très minoritaires et peu visibles comme dans le Rajahstan (apparemment ce sont des capucins français qui ont évangélisé Jodhpur en 1934), à Agra ou à Varanasi. En passant dans la ville de Mysore, nous avons été surpris d'y découvrir l'immense cathédrale sainte Philomène, qui nous rappelle presque une cathédrale française comme Strasbourg. Elle a en effet été construite par un évêque français, un certain René Feuga. A Chennaï nous avons rendu visite à la tombe de St Thomas (l'apôtre, celui qui n'a pas cru sans avoir vu), une cave moderne et sans charme mais qui a le mérite d'être calme. Nous avons aussi régulièrement croisé différentes oeuvres catholiques, dont celles des Missionnaires de la Charité - les soeur de Mère Teresa -, avec qui nous avons passé du temps à Kolkatta.

Nous sommes passés par deux états très catholiques, ceux de Goa et du Kérala :

GOA
Dans l'état de Goa, la situation est très différente du reste de l'Inde : si l'état est peuplé à majorité d'hindous, il y a cette fois-ci 28% de catholiques (et 5% de musulmans). La colonisation portugaise a converti (parfois de force) de nombreux indiens, qui portent aujourd'hui des noms portugais pris au moment de la conversion de leur famille. L'ancienne ville de Goa a été appelée un temps la "Rome de l'Est", à cause de son importance - elle a été une des plus grandes villes du monde-  et de la quantité et de la taille de ses églises. Il ne reste aujourd'hui à cet ancien emplacement que les immense bâtiments religieux magnifiques - cathédrales, églises et couvents -, témoignant de la grandeur de cette ville aujourd'hui recouverte par la végétation.

Nous rencontrons les jésuites de Panjim - la capitale de cet état -, ouverts, modernes et très sympas. Ce sont des indiens aux noms portugais, d'âges et d'expériences variées, tous très éduqués, parlant plusieurs langues. Parmi les langues non-indiennes parlées par les jésuites autour de la table à laquelle nous sommes assis, il y a l'anglais, le français, l'allemand, l'italien, l'espagnol et le swahili... Nous parlons de relations avec les autres religions, et notamment avec l'hindouïsme : ils nous racontent qu'il y a une "église - temple", qui reprend des éléments hindous dans la présentation et le fonctionnement - pieds nus, fleurs... - pour assurer une sorte de pont entre chrétiens et hindous. Ils nous précisent surtout que si au départ les missionnaires avaient été très stricts dans la différenciation entre catholiques et hindous croyants à Jésus, ce sont aujourd'hui plutôt les fidèles catholiques - et non le clergé - qui ont un peu peur de dresser des ponts...

KERALA
En arrivant à Cochin dans le Kerala - autre région très chrétienne -, l'ambiance est différente : nous passons de nombreuses églises, universités tenues par des religieux, un bâtiment de la société St Vincent de Paul. Mais nous passons aussi une "Jesus driving school", et des magasins "St Mary leather products" et "St Anthony electricals" !

Le Kerala est très chrétien puisqu'il y a 19% de chrétiens (aux côté de 24% de musulmans et d'une majorité d'hindous). Mais les chrétiens du Kerala sont particulièrement intéressants car ils sont très variés. Le Kerala est la région où  St Thomas apôtre est arrivé en 52 après J-C. Il a converti des gens à ce moment-là avant de voyager vers le Tamil Nadu (autre état indien) et d'y être assassiné. D'autres chrétiens de rite byzantins sont venus au 4ème siècle aussi de Terre Sainte en suivant un autre Thomas. Résultat, il y a aujourd'hui parmi ces chrétiens une majorité de catholiques romains (arrivés avec les portugais au 16e siècle), des catholiques syro-malabar (des catholiques datant du passage de st thomas, avec leur rite oriental propre mais adapté, romanisé depuis l'arrivée des portugais), des chrétiens syro-orthodoxes (a priori des chrétiens datant du passage de st thomas ou de la vague arrivée au 4ème siècle, mais orthodoxes et dont le rite n'a évidemment pas été romanisé par les portugais) et des catholiques syro-malankar (des chrétiens de rite byzantin, très proches du rite orthodoxe, qui n'ont rejoint l'église catholique qu'en 1930). Il y a même d'autres variantes, dûes aux différentes influences, aux schismes et recompositions... C'est du coup assez compliqué mais intéressant, et surtout très riche de rites variés.

Finalement nous avons visité des églises syro-orthodoxes et syro-malabares. Nous avons logé dans une maison d'hôte tenue par une famille syro-orthodoxe très pieuse et très profonde, mais très humble et très ouverte. Nous avons assisté à une messe syro-malabare en mayalayam (et en arabe ?) moins évidente à suivre quand on ne comprend pas la langue, et rencontré un prêtre et un séminariste syro-malabar. Tous nous ont semblés relativement proches.

En allant à la messe en Inde, nous avons senti différents styles et attitudes : à certains endroits on se déchausse dans les églises, comme pour les temples hindous. A d'autres, les chants sont très "pop" et le niveau sonore très excessif. A d'autres, le rite traditionnel un peu obscur pour nous semble très important. Si certains semblent un peu identitaires, nous rencontrons aussi des gens à l'ouverture et à la vision qui nous impressionne. Le pays est immense et toutes les régions ne sont pas aussi "avancées". Dans tous les cas il existe des congrégations indiennes, des régions dans lesquelles le catholicisme est très implanté, et partout un dynamisme et une écoute spirituelle très vifs : on sent que l'Inde va peser dans l'Eglise de demain (à l'image de ce qui se passe chez les jésuites : il y a aujourd'hui 4 000 jésuites indiens, sur 20 000 dans le monde).


4/ Quelques citations pour illustrer les fruits du dialogue interreligieux


Jules Monchanin (prêtre catholique), Henri Lesaux (bénédictin breton), Bede Griffith (bénédictin anglais), Raymond Panikkar (prêtre catholique indo-catalan), sont tous des religieux catholiques ayant tenté de mieux comprendre et même de vivre l'hindouisme à partir du milieu du XXème siècle. Voici quelques unes de leurs citations les plus intéressantes :
«Je suis parti chrétien, me suis découvert hindou et retourne bouddhiste sans avoir cessé d’être chrétien.», Raymond Panikkar
«Plus nous osons cheminer sur des sentiers nouveaux, plus nous devons rester enracinés dans notre tradition et ouverts aux autres, à ceux qui nous font savoir que nous ne sommes pas seuls et nous permettent d’acquérir une vision plus ample de la réalité», Raymond Panikkar
"Toute l'histoire de la Chrétienté est une histoire d'enrichissement et de renouveau apporté par des éléments qui venaient en dehors d'elle; si l'Eglise veut vivre, elle ne devrait pas être effrayée d'assimiler des élements qui viennent d'autres traditions religieuses, dont elle ne peut plus ignorer l'existence", Raymond Panikkar
« Il s'agit, non de s'adapter par tactique aux coutumes de l'Inde, mais de s'assimiler par amour ce que l'Inde a d'essentiel dans les modes de son expérience spirituelle, de sa pensée, de sa vie consacrée. La tâche immense qui nous sollicite est de repenser toute l'Inde en chrétien et le christianisme en indien. La greffe de la révélation que les Pères grecs ont faite jadis sur la pensée hellénique, doit être tentée aujourd'hui sur la pensée indienne.", Jules Monchanin
"Ce que l'Inde apporte finalement à la Chrétienté, c'est essentiellement une profonde purification de la notion de Dieu, de nos manières de pensée et des formes auxquelles nous identifions la Chrétienté.", Henri Lesaux
"Pour trouver Dieu en réalité, il faut descendre jusqu'à cette profondeur de soi où l'homme n'est plus qu'image de Dieu ; là même où au jaillissement de soi, il ne se trouve plus que Dieu.", Henri Lesaux
"L'esprit qui nous révèle Dieu est ce murmure indicible en quoi s'achève la parole.", Henri Lesaux
"Le péché n'est pas ce qu'en font les moralistes. L'état de péché c'est d'être distant de Dieu.", Henri Lesaux
« J’ai découvert le Graal. Et cela je le dis, l’écris, à quiconque peut saisir l’image. La quête du Graal n’est au fond que la quête du Soi. Quête unique signifiée sous tous les mythes et symboles(...) Et pour cette quête, on court partout, alors que le Graal est ici, tout près, il n’y a qu’à ouvrir les yeux. », Henri Lesaux
"Le plus gros obstacle dans la vie est la place de notre volonté égoïste; soumettre notre ego est la chose la plus difficile que nous puissions faire, c'est la chose la plus essentielle aussi.", Bede Griffith

Dernières citations de Kabir, un mystique du 15ème siècle, inclassable entre Islam et Hindouïsme, qui célèbre l'Amour dans de nombreux poëmes, et a notamment beaucoup inspiré les gurus fondateurs du sikhisme ainsi que Gandhi :


-  "Aussi longtemps que l'homme réclamera le Moi et le Mien, ses oeuvres seront comme zéro"
-  "Bénarès est à l'est, La Mecque à l'ouest; mais explore ton propre coeur, car il y a là et Rama et Allah."
-  "Je ris quand j'entends dire que le poisson dans l'eau a soif.
    Tu ne vois pas que le réel est dans ta maison
    Et tu erres insousciant de forêt en forêt.
    Chez toi est la vérité !
    Vas où tu veux, à Bénarès ou a Mathura :
    Si tu ne trouves pas ton âme, le monde pour toi est sans réalité"
-  "Ô Seigneur incréé, qui Te servira ?
    Chaque fidèle adore le Dieu qu’il se crée ; chaque jour il en reçoit des faveurs.
    Aucuns ne le cherchent Lui, le Parfait, Brahma, l’indivisible Seigneur.
    Ils croient en dix Avatars; mais un Avatar, 
    endurant les conséquences de ses actes, ne peut être l’Esprit infini.
    L’Un Suprême doit être autre.
    Les Yogi, les Sangasi, les Ascètes se disputent entre eux.
    Kabir dit : « Ô frère, celui qui a vu le rayonnement de son amour, celui-là est sauvé ! »"

Des liens vers leurs biographies :
http://www.raimon-panikkar.org/francese/biografia.html
http://www.bedegriffiths.com/bede-griffiths/
http://www.monasticdialog.com/a.php?id=751
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Monchanin
http://www.fraternet.com/magazine/etre3009.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kab%C3%AEr

1 comment:

  1. Quel travail de recueil de toutes ces informations sur les différentes religions de ce grand pays ! Vraiment très intéressant, merci beaucoup.

    Bisous

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