Sunday, April 24, 2011

Les femmes en Afrique

Après 2 mois et demi dans 3 pays africains, nous avons pu nous rendre compte que la place de la femme n'est pas la même selon les endroits, et que cette distinction se fait moins selon les pays que selon les ethnies. En effet, si la plupart des communautés que nous avons rencontrées sont patriarcales, c'est à dire que le pouvoir est détenu par les hommes, certaines ethnies sont matrilinéales, comme les Chewa du Malawi. C'est à dire que lorsqu'un garçon se marie avec une fille, c'est lui qui quitte sa famille pour aller sur la terre de sa belle-famille. Si il a des enfants et devient veuf, soit il reste dans sa belle-famille et ne peut se remarier, soit il retourne dans sa famille, ou va dans la famille de sa nouvelle femme et ses enfants peuvent choisir de le suivre ou de rester dans "leur famille" (celle de leur mère). Dans tous les cas, si un père frappe ses enfants, le frère de la mère peut intervenir en estimant qu'il va trop loin. Ce système à l'inconvénient de faciliter la fuite aux hommes qui voudraient abandonner femme et enfants, ils n'ont qu'à partir et rentrer chez eux. Dans tous les cas, le pouvoir est généralement quand même détenu par les hommes, même si cela évolue un peu, un des chefs régionaux des Chewas et Ngonis du sud du Malawi est une femme, chose impensable il y a quelques années.

Dans toutes les communautés que nous avons rencontrées, la femme est responsable du rôle traditionnel de gardienne du foyer, devant s'occuper de la préparation du repas, de l'achat des provisions, de l'éducation des enfants en bas âge. Cela s'ajoute au travail aux champs, et, plus rarement, à un emploi payé. En effet, la femme effectuant souvent un travail essentiel pour la survie de la famille, elle est rarement rémunérée en espèces sonnantes et trébuchantes, ce qui la rend très vulnérable en cas de maladie ou d'abandon ou de décès de son mari/compagnon. De plus, les familles sont souvent très nombreuses : le nombre moyen d'enfants par femme au Malawi est de 5 !  Il peut également arriver que si la femme gagne sa vie, elle reverse quand même son salaire à son mari, chef de foyer, qui en dispose à son gré (pas toujours très sagement).
Une conséquence indirecte de cette répartition des revenus dans le couple est que, si une femme soupçonne son compagnon d'infidélité, et qu'il refuse d'effectuer un test de dépistage du VIH,  la femme, n'ayant pas d'économies car elle ne touche pas de salaire, se retrouve face à un choix cornélien : continuer à vivre avec un partenaire potentiellement séropositif qui risque de la contaminer à son tour, ou bien se retrouver à la rue et risquer d'avoir à se prostituer pour survivre (et donc avoir des fortes chances d'être contaminée par le VIH très vite).Dans l'ensemble, les femmes en Afrique sont plus vulnérables face au VIH que les hommes car c'est rarement elles qui décident quand et comment auront lieux les rapports sexuels.

Cependant, dans le monde politique, la situation de la femme est en pleine évolution. En Afrique du Sud par exemple, la mise en place d'un système de quotas dans le parti principal, l'ANC, change la donne: dans les gouvernements locaux, les femmes sont passées de 19% de représentation en 1996 à 40% en 2006, et à l'Assemblée Nationale, elles étaient 27% en 1994 et sont aujourd'hui plus de 43%. Cela à des effets notables, notamment sur la législation concernant les violences faites aux femmes. Cependant on est encore loin du compte dans beaucoup d'autres pays, et les femmes restent beaucoup plus vulnérables à toutes les formes de violences en général que les hommes.

Enfin, si la plus part des africains dans les pays que nous avons rencontré sont chrétiens et donc monogames, dans certaines communautés, comme les Xhosas et les Zulus d'Afrique du Sud, les Yaos du Malawi, et chez les 30% de Tanzaniens qui sont musulmans, la polygamie est autorisée. De la même manière, le président actuel de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma, a 4 femmes (dont une jeunette qu'il a épousé il y a moins de 2 ans). C'est lui aussi qui après avoir couché avec une prostituée sans préservatif a affirmé qu'ayant pris une bonne douche il était protégé. Un tel exemple à ce niveau-là fait des ravages...

2 comments:

  1. J'ai l'impression que la question de la femme sera une éternelle question...

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  2. Oui, une éternelle question comme le sont celles des relations de pouvoirs, de l'altérité, de la place des humains et plein d'autres questions encore. C'est bien de contribuer à avancer dans la réflexion et dans les actions sur ces sujets. Merci Stan & Clem pour cet article super intéressant.

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