La première
chose que nous retiendrons du Brésil, c'est la gentillesse des
brésiliens et leur accueil chaleureux. Rarement comme au Brésil
nous aurons été autant été invités chez des gens que nous
connaissions à peine, en toute simplicité. Dans l'ensemble les
brésiliens sont souriants, chaleureux, et peu stressés. Même à
Sao Paolo, alors qu'un jour dans le métro à l'heure de pointe les
portes ne s'ouvrent plus pendant quelques stations et que certaines
personnes ont certainement raté leur arrêt, les gens rigolent. Nous
avons de la chance, elles recommencent à s'ouvrir à la station où
nous descendons. Surtout, nous nous disons qu'à Paris l'attitude des
passagers n'aurait pas été la même.
Cultures
La culture
brésilienne est multiple : nourrie de racines indigènes, d'Afrique,
d'Europe, et même d'Asie (il y a par exemple beaucoup de japonais à
Sao Paolo) elle diffère beaucoup selon les régions - avec par exemple des cuisines proche de l'Argentine au sud, de l'Afrique à Bahia, amazonienne au Nord...-, mais est
toujours dynamique et riche. Surtout, les brésiliens se
retrouvent tous pour une chose : la musique (et tout ce qui y est associé :
la danse et la fête). Jamais nous n'avons entendu autant de musique
qu'au Brésil, de tous les styles imaginables (étonnemment d'ailleurs, nous n'avons jamais autant
entendu les Beatles qui y sont encore ultra populaires).
Mixité
Le Brésil, en
général, c'est une grande salade. La cuisine aux influences les
plus diverses reflète bien la société : on prend ce qu'on a, on
mélange des choses très variées et on voit ce que ça donne. On est
pas inquiet, ça ne peut pas être mal. Il y a au Brésil des gens de
toutes les cultures, et de toutes les couleurs. Pourtant le cliché
d'une société harmonieuse sans racisme n'est pas tout à
fait vrai. Comme à beaucoup d'endroits, plus la peau est foncée,
moins on est riche, et moins on est valorisé. On nous raconte ainsi l'histoire de la mère de
Ronaldo – qui a la peau foncée- qui s'est vue dire qu'elle devait
prendre l'ascenseur "de service" et non l'ascenseur "social" (c'est ainsi qu'on appelle l'ascenseur principal au Brésil).
Insécurité
Une autre idée
qui nous a parue exagérée est celle de la dangerosité du pays.
Bien sûr, comme partout, on ne va pas n'importe où à n'importe
quelle heure sans se renseigner. Et le Brésil a des statistiques
particulièrement effrayantes (25 homicides par an pour 100 000 habitants contre 1 en France). Mais tout Rio n'est pas un immense
coupe-gorge comme on pourrait en avoir l'impression quand on entend
parler du Brésil de loin. Tout comme Salvador n'est pas un immense
coupe-gorge comme certains paolistas (habitants de Sao Paolo) ou
cariocas (habitants de Rio) aisés peuvent parfois le sous-entendre.
Comme bien souvent, l'insécurité concerne dans la grande majorité
des cas des zones défavorisées. De la même manière le terme de
“favela” s'applique à un endroit où les logements sont
informels : il y a des favelas dangereuses, d'autres moins, et
certaines pas du tout. Il ne faut pas généraliser et ostraciser, il faut, comme partout, se renseigner. Et comme
nous a dit notre hôtesse à Bélem quand nous lui avons demandé par
quelle rues nous pouvions rentrer la nuit : “Soyez juste attentifs,
et si une rue est vide ou mal éclairée et que vous ne la sentez
pas, contournez-la”.
Eldorado
L'image
d'Eldorado du Brésil ne nous a pas non plus convaincue. Il est vrai que nous avions de grandes attentes, et que nous imaginions un développement impressionnant, efficace et sans entrave. Mais nous avons
senti quelque chose de “bancal” dans la manière dont fonctionne
ce pays, auquel nous ne nous attendions pas. Et ce n'est pas uniquement notre impression mais bien aussi
celle de gens rencontrés, qui y vivent depuis longtemps.
Le Brésil est tout d'abord un pays très très cher. Les prix sont quasiment les mêmes qu'en Europe, mais pas forcément pour la même qualité. Cela s'explique par un système de taxe vertigineux : il existe des taxes d'importation très importantes qui ferment le pays aux produits étrangers, ou les renchérissent considérablement, mais il existe aussi des taxes à la production énormes. Les prix étant très élevés, les inégalités se font d'autant plus sentir. Il y a au Brésil des gens très très riches – les hélicoptères à Sao Paolo sont une des fiertés de la ville -, et des très très pauvres (le Brésil est 75e en indice de Gini – qui calcule l'écart entre les riches et les pauvres -. La France est 8ème, ce qui n'est pas si mal).
Le Brésil est tout d'abord un pays très très cher. Les prix sont quasiment les mêmes qu'en Europe, mais pas forcément pour la même qualité. Cela s'explique par un système de taxe vertigineux : il existe des taxes d'importation très importantes qui ferment le pays aux produits étrangers, ou les renchérissent considérablement, mais il existe aussi des taxes à la production énormes. Les prix étant très élevés, les inégalités se font d'autant plus sentir. Il y a au Brésil des gens très très riches – les hélicoptères à Sao Paolo sont une des fiertés de la ville -, et des très très pauvres (le Brésil est 75e en indice de Gini – qui calcule l'écart entre les riches et les pauvres -. La France est 8ème, ce qui n'est pas si mal).
On nous explique
que le pays produit en fait peu de choses -il n'y a pas de
constructeur automobile brésilien par exemple, à la différence de
pays comme l'Inde, la Chine ou la Corée- alors que le marché est important (presque 200 millions d'habitants). Le Brésil exporte surtout des matières premières
(minerais, soja et boeuf notamment produits en Amazonie au détriment
de l'environnement) qui sont transformées ailleurs. En échange le
pays achète la plupart des biens élaborés à ses partenaires. Cela
est sans doute tenable tant qu'il y a des ressources -elles sont
énormes, et on a encore découvert récemment du pétrole au large
de Rio-, mais ne stimule pas le pays, la production, la
créativité, et l'emploi privé.
Etat
L'Etat récolte
toutes ces taxes et les réutilise dans ses programmes aux niveaux
fédéraux et régionaux. Mais l'Etat brésilien est un mastodonte
aux politiques coûteuses et qui met des règles et des procédures
partout. Il paraît ainsi que le système fiscal est d'une complexité
étonnante. Le système de retraites brésiliens est aussi le plus
généreux au monde, donnant droit à une retraite conséquente dès
qu'on a atteint un certain âge sans obligation de cotisation, ce qui
sera complètement intenable dès que la population brésilienne commencera à
vieillir (d'après the economist). Malheureusement dans le même temps le système scolaire
est souvent très insuffisant (bien que les enfants aillent désormais à l'école grâce au système de "bolsa familial" que Lula a mis en place : des allocations familiales conditionnées par la scolarisation des enfants). Et la corruption est apparemment très
répandue, notamment aux niveaux les plus locaux.
Le résultat est
que le Brésil parvient à conjuguer procédures et foutoir (le sport
national est de contourner les règles et procédures), inefficacité (emplois d'Etat pantouflards plus ou moins utiles), et corruption. Ainsi de nombreux projets seraient mal calibrés,
avec des surcoûts liés à la corruption, des délais mal tenus,
une qualité rognée – on nous parle des problèmes
que la FIFA a en ce moment avec les chantier brésiliens pour la
coupe du monde...-. On voit aussi au Brésil des choses aberrantes :
par exemple des voitures avec des phares bleus, ou rouges. Ça
n'éclaire rien du tout la nuit mais on nous explique que c'est la
mode... On nous dit aussi qu'il faut se méfier de la police fédérale
: en allant à une plage à Rio les amis qui nous emmènent en voiture nous
expliquent que nous allons passer par un endroit où la police fédérale
fait souvent des barrages et demande des backschichs aux gens au moindre prétexte trouvé. Ces barrages sont notamment fréquents
avant Noël afin de se permettre de plus beaux cadeaux...
En bref certaines
régions du Brésil pourraient faire penser, par certains aspects et
dans une certaine mesure, à l'Inde : inefficacité, bazar, règles étranges,
emplois inutiles, corruption, manque de pragmatisme et aberrations très drôles à
constater mais certainement moins drôles à vivre. Mais si nous
appuyons sur ces aspects du Brésil, c'est surtout pour tempérer
l'image d'eldorado que ce pays a aujourd'hui, qui nous semble
exagérée. En réalité, 2 mois pour traverser et comprendre un si grand pays, c'est insuffisant : notre perception est probablement biaisée par le fait que nous nous sommes plus concentrés sur le nord, sans visiter des villes comme Curitiba, Porto Alegre ou Brasilia, plus développées et dans des états plus modernes. Mais dans tous les cas si cette image d'Eldorado peut peut-être s'appliquer à certaines régions, elle
ne s'applique certainement pas à toutes, et pas sans bémol.
Le Brésil est quand même un pays
qui avance (et qui essaie de changer sur certains des aspects mentionnés). Aujourd'hui il est devenu la 6ème puissance mondiale devant le Royaume-Uni, et on nous explique qu'il étend son influence économique et politique sur toute l'Amérique latine, qu'il investit en Afrique, et que c'est pour cela que Djilma, sa présidente, peut élever la voix devant les autres puissances, européennes et américaines.
Consumérisme
D'ailleurs si le
Brésil nous a fait un peu fait penser à l'Inde, il nous a
aussi fait penser à la Chine : c'est le pays après la Chine dans
lequel nous avons vu le plus de grues et de chantiers (mais le Brésil
n'a enregistré une croissance que de 2,7%
en 2011, pour une inflation à 6,9%...). C'est aussi le
pays après la Chine qui nous a plus impressionné par ses centres
commerciaux immenses et clinquants, ses classes moyennes qui accèdent
à un certain confort et se précipitent pour consommer, gâcher, et polluer. Les soirs de week-end à Santarem - une ville au milieu de l'Amazonie -, les jeunes rivalisent en bruit avec les sonos de leur 4x4 rutilants alignés le long de la promenade qui surplombe le fleuve pour faire danser les passants. Au Brésil on nous a aussi commenté que la plupart des gens sont en surpoids, et dans des proportions impressionnantes, à l'exception des classes
aisées qui font attention à leur corps et pas seulement en terme de
chirurgie esthétique.
Mais ce qui nous a le plus étonné c'est que cette consommation brésilienne se fait à crédit : même la nourriture s'achète en plusieurs fois... Après la crise de 2008, cela nous a semblé suspect. Et au moment où tous se préoccupent de plus en plus de l'environnement, le fait de vivre d'une rente de matières premières et agricoles exploitées souvent au détriment de l'amazonie, cela semble anachronique.
Mais ce qui nous a le plus étonné c'est que cette consommation brésilienne se fait à crédit : même la nourriture s'achète en plusieurs fois... Après la crise de 2008, cela nous a semblé suspect. Et au moment où tous se préoccupent de plus en plus de l'environnement, le fait de vivre d'une rente de matières premières et agricoles exploitées souvent au détriment de l'amazonie, cela semble anachronique.
Avec la
perspective de la Coupe du Monde de Football (2014), et des Jeux Olympiques (2016 à Rio), le Brésil
s'emballe. Ces événements seront peut-être un test de maturité, et une présentation du pays sous les projecteurs internationaux, un peu comme
en Chine en 2008 avec les JO de Pékin et en 2010 et l'exposition
universelle de Shanghaï. Mais là aussi des personnes vivant au
Brésil nous ont confié suspecter une bulle dans l'emballement actuel...
Dans tous les cas
nous seront très probablement de retour au Brésil en 2013 pour les
JMJ à Rio. Nous serons alors très heureux d'y retrouver les si gentils
brésiliens, et surtout de vivre un moment très fort, dans un pays
où l'église est belle et engagée. (voir le post sur les religions
au Brésil, à venir)
source : http://www.ambafrance-br.org/IMG/pdf/_France-Bresil-Chiffres-2011_.pdf
source : http://www.ambafrance-br.org/IMG/pdf/_France-Bresil-Chiffres-2011_.pdf
Un grand merci pour toutes ces explications très intéressantes !
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